La monnaie mondiale

Les compétences sont devenues la monnaie mondiale des économies du xxie siècle, a résumé son secrétaire général, Angel Gurría.

Conflit étudiant vu de l'étranger


Éric Desrosiers - Il n’y a pas qu’au Québec qu’on parle d’éducation ces jours-ci. La question de la formation initiale et du perfectionnement des compétences est de plus en plus au coeur des stratégies de développement économique et social.
Les ministres des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’étaient donné rendez-vous, la semaine dernière, à Paris, pour leur réunion annuelle. Le club des pays les plus développés en a profité pour dévoiler une multitude d’études et de rapports sur toutes sortes d’enjeux tout aussi importants que diversifiés. Parmi eux se trouvait une Stratégie sur les compétences censée stimuler la croissance et la création d’emplois.
L’influent forum a admis que le moment n’était peut-être pas le mieux choisi pour lancer une telle initiative « de grande ampleur » alors que les gouvernements sont confrontés à des choix déchirants pour rétablir l’équilibre des finances publiques. Toutefois, a-t-il dit, les dépenses en éducation et dans les compétences « doivent être considérées comme un investissement pour l’avenir et doivent être à ce titre prioritaires ».
On a rappelé qu’un jeune sur cinq, en moyenne, n’allait pas au bout de ses études secondaires dans les pays de l’OCDE et qu’un tiers des adultes ne disposait pas du niveau de compétence minimal nécessaire pour pouvoir éventuellement parfaire leur formation afin de trouver un emploi de qualité. Or, ces individus au niveau de compétence très faible ont 1,8 fois plus de risque d’être au chômage, 1,4 fois plus de risques de souffrir de problèmes de santé, 1,5 fois plus de risques d’avoir un plus faible niveau de confiance que les autres et presque autant de risques d’avoir aussi une plus faible compréhension des grands enjeux auxquels fait face leur pays.
Les problèmes de formation conduisent notamment à une inadéquation entre les besoins des entreprises et ce que peuvent offrir les travailleurs. « Même au plus fort de la crise économique en 2010, plus de 40 % des employeurs en Australie, au Japon, au Mexique et en Suisse indiquaient avoir des difficultés pour trouver des personnes possédant les compétences appropriées. » C’est encore le cas aujourd’hui dans au moins 11 pays de l’OCDE dont certains, comme les États-Unis et la Grèce, comptent pourtant un grand nombre de chômeurs. Au Canada, cette proportion d’employeurs frustrés est de presque 30 %.

Stratégie d’ensemble
Pour aider les gouvernements à avoir un meilleur portrait de la situation, l’OCDE a commencé par annoncer le lancement d’une nouvelle enquête internationale qui s’ajoutera à toutes celles qu’elle réalise déjà notamment sur les performances des élèves du secondaire en mathématique et en lecture, mais qui mesurera, cette fois, les compétences des adultes.
Auprès des autres, l’OCDE en appelle encore une fois à l’adoption de politiques de formation tout au long de la vie, de la garderie à toute la durée de la vie professionnelle, en passant par la scolarité obligatoire. On met aussi les gouvernements en garde contre leur fâcheuse tendance, en période de resserrement budgétaire, à réduire en premier leurs investissements dans le capital humain. On les encourage plutôt à mettre en place des incitatifs fiscaux et réglementaires pour amener, de gré ou de force, les entreprises à se doter de programmes de formation continue de leur personnel, particulièrement dans les PME. On rapporte, à ce chapitre, que de tous les obstacles à la formation cités par les individus, les plus importants sont le manque de flexibilité du temps de travail, l’absence de programmes d’études personnalisés et la difficulté d’accès à des informations et des conseils utiles.
L’OCDE voudrait également que l’on apprenne à associer plus étroitement les employeurs et les syndicats à l’élaboration et à la fourniture des programmes d’enseignement et de formation. On y voit une façon d’assurer un meilleur amarrage entre les besoins du marché et la formation des travailleurs, mais aussi une meilleure prise en compte des besoins et des aspirations des travailleurs eux-mêmes.
On se garde bien toutefois de plaider pour une formation initiale qui se voudrait trop appliquée. « Dans la plupart des pays, les emplois sont passés de la ferme à l’usine et, de plus en plus, de l’usine au bureau, dit l’OCDE. Cette évolution se traduit par un déclin de la demande de compétences techniques et manuelles, et par un essor de la demande de compétences intellectuelles et interpersonnelles, ainsi que d’une plus grande qualification de façon générale. Alors que les économies continuent à évoluer, le type de compétences requises sera nécessairement amené à changer lui aussi. »
« Les compétences sont devenues la monnaie mondiale des économies du xxie siècle, a résumé son secrétaire général, Angel Gurría. Lorsque l’investissement dans les compétences est insuffisant, les individus restent en marge de la société, les avancées technologiques ne se traduisent pas en croissance économique et les pays perdent leur compétitivité dans une société mondiale de plus


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