Nier l'impasse du souverainisme n'est pas une solution

La marche vers l'indépendance du Québec est inéluctable

L'establishment du PQ est dépassé par le mouvement citoyen indépendantiste

Tribune libre

Dans un article publié aujourd'hui Monsieur Marcel Haché se fait l'écho du discours journalistique sur les chicanes entre souverainiste et semble rêver de l'absence de débats et d'une unanimité à retrouver autour d'un chef éclairé. Est-ce cela le terrain de la politique démocratique ? Monsieur Haché qualifiait cette semaine de "fondamentaliste" un partisan de l'indépendance du Québec ce qui est malvenu à cause de la connotation religieuse de ce mot.
Il y a dans cette ligne de défense du mouvement péquiste une tendance au repli défensif au lieu de l'ouverture aux autres que requiert l'exercice de la politique. Quand on veut gagner. Dans les pays totalitaires les gens se taisent et obéissent. Pourtant, des gens sont prêts à donner leur vie pour avoir une vie politique démocratique où il y a des débats. Ce qui est qualifié de "chicanes" n'est en fait que l'exercice du droit à la libre expression des idées. Le problème réside dans le fait que les leaders aux idées arrêtées sont incapables d'être attentifs à l'expression des signaux et de proposer des changements qui sauraient réunir au lieu de maintenir la division. Il ne suffit pas d'un vote de confiance ahurissant ou d'un droit d'alternance pour être un leader, encore faut-il en avoir le talent ce qui est rare.
Prétendre qu'il suffit de réduire à des "chicanes" l'expression des préoccupations dissidentes pour ne pas avoir à y répondre: c'est une stratégie bien pauvre et qui isole le PQ qui n'est pas en mesure à cause de cet enfermement de profiter des gains que le contexte politique actuel pourrait lui permettre. C'est faire fausse route que de penser ainsi et rallier les troupes. C'est ce que Gilles Duceppe a maladroitement tenté hier. La vérité est que le PQ est en train de couler parce que les indépendantistes se sont enfin rendus compte de l'imposture qui leur avait fait croire depuis la création de ce parti qu'il était destiné à donner aux Québécois le pays qu'ils réclament. Claude Morin l'a exprimé clairement. Il n'en est rien. Dans les faits, le PQ a exploité le rêve légitime d'indépendance politique des Québécois, le droit légitime d'exister en tant que pays, mais n'a servi qu'à mettre provisoirement le pouvoir politique provincial entre les mains de souverainistes dont on ne peut douter de la sincérité mais qui ont géré et tenté d'aménager notre dépendance tout en parlant d'indépendance. Cela ne pouvait conduire qu'à nos échecs répétés. Poursuivant sa logique le PQ voudrait par alternance remettre cela pour un nouveau mandat.
À QUOI SERT UNE CHANSON SI ELLE EST DÉSARMÉE
“A quoi sert une chanson si elle est désarmée ?
Me disaient des chiliens, bras ouverts, poings serrés.
Comme une langue ancienne qu'on voudrait massacrer
Je veux être utile à vivre et à rêver.”
(Étienne Roda-Gil pour Julien Clerc)
À l'inverse de la gouvernance souverainiste du tandem Larose-Marois de même que la sauvegarde et le développement de l'identité québécoise de Claude Morin, formules destinées toutes deux à prolonger notre agonie, ce que les indépendantistes proposent c'est de réaliser l'indépendance d'abord et avant tout afin de mettre fin à ce que Marcel Rioux qualifiait de "gestion de la dépendance" en rapatriant le plein contrôle sur l'ensemble des pouvoirs du Québec exercé présentement par un état qui n'est pas le nôtre, héritier direct du conquérant britannique et sur lequel nous n'avons plus aucun contrôle alors que lu a le plein contrôle sur nous, même celui de désavouer nos lois. La démarche menant directement à l'indépendance propose la rédaction d'un texte de loi constitutionnelle contenant la déclaration d'indépendance, la réforme démocratique incluant un nouveau partage du pouvoir entre élus et citoyens, l'affirmation de la notion de bien public par opposition au détournement de l'état au service des intérêts privés, les garanties linguistiques, environnementales etc. Le processus d'accès à l'indépendance doit inclure des états généraux avec des assemblées dans chaque comté du Québec, afin de permettre à tous les Québécois de participer à l'élaboration du contenu de cette constitution, (tout cela pourrait être entrepris même avant les élections si le PQ avait daigné prendre acte de la proposition citoyenne), une constituante avec des délégués représentants tous les comtés au prorata de leur population, un vote de l'assemblée nationale et une consultation démocratique nationale afin de ratifier le projet de pays. Voilà un projet indépendantiste mobilisateur qui nous mènera à la mise au monde d'un pays avec ou sans le PQ.
Ce n'est pas le projet d'indépendance que n'ont cessé de rejeter les Québécois mais bien son appropriation par un seul parti politique dans un système de bipartisme parlementaire britannique destiné à diviser plutôt qu'à unir la société au profit du pouvoir souverain.
S'il y a présentement expression de dissidence c'est parce que les indépendantistes comprennent que le projet de pays n'est pas sur la table pour la prochaine très "provinciale" élection. Ils comprennent aussi que le PQ se concentre sur son objectif de remplacer les libéraux au pouvoir de la province En l'absence de l'option indépendantiste (le subterfuge souverainiste ayant été mise au jour) sur la scène électorale, le cynisme ne va qu'augmenter. Si le PQ continue à décrier et chercher à disqualifier les indépendantistes au lieu de réviser son programme, les indépendantistes devront trouver d'autres voies démocratiques pour faire valoir leur point de vue.
Je l'ai déjà écrit, le désir d'indépendance et de libération est un sentiment irréversible beaucoup plus fort que l'esprit partisan des partis politiques. Monsieur Haché écrit "L'impasse. Quelle impasse ?" : L'impasse se trouve là Monsieur Haché. Se fermer les yeux et les oreilles n'y changera rien. Un nouveau mouvement citoyen s'est mis en mouvement dans le monde au printemps dernier. Il est fini le temps où le Québec de la grande noirceur se trouvait à l'abri des mouvements qui agitent le monde. Ce mouvement est déjà à l'oeuvre ici et la charge des dromadaires de la place Tahir n'effraie plus personne.
VIVE LE QUÉBEC LIBRE !


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 septembre 2011

    L'indépendance du Québec n'appartient à aucun Parti politique. Ce serait comme de dire que mon esprit appartient à mon ordinateur. Que ce soit conscient ou non, nous aspirons tous à l'Indépendance au Québec, comme ailleurs. Mais tout le monde n'est pas sociable et amical. Certains préfère l'individualisme et le contrôle sur leur semblables.
    Attribuer ouvertement l'idée d'indépendance à un Parti politique est une erreur car c'est un non sens que de laisser quelqu'un d'autre concrétiser sa propre indépendance, et un parti n'est pas un individu ou une Nation. Un Parti politique n'est qu'un instrument, celui-ci doit être au service de la Nation. Cependant, au Québec les partis sont au service de l'État canadian, tout comme les médias télévisuels et la presse.
    C'est pourquoi, comme je l'ai écrit dans un autre commentaire, nous assitons présentement au Québec à une vaste fumisterie médiatique qui consiste à faire croire à la Nation québécoise que certains de nos politiciens sont à leur services et que ceux-ci vont agir pour la «souveraineté». Tout cela pour imposer le capitalisme canadian et l'anglais.
    Vous remarquerez cependant que ces gens là ne parlent pas de l'indépendance du Québec. Non, leur conception de la souveraineté est toujours vague et ne passe pas par l'indépendance, un mot qu'ils ont bani de leurs cerveaux.
    Ce sont de tristes et pitoyables bouffons au service de leurs maîtres capitalistes canadians. Ils élaborent de grandes théories à mille détours pour parvenir à une sois-disant souveraineté qu'ils ne font que retarder le plus possible. Ils n'en n'ont rien à foutre des besoins de la Nation québécoise, les leurs ($$$) passent en premier.
    Un parti existe pourtant, le PI, qui tente de percer et qui propose de parler de l'indépendance et de la réaliser mais on fait tout pour le taire, l'occulter et, probablement aussi, en espérant décourager ses militants et aussi les québécois indépendantistes. À moins que le PI soit aussi une farce?
    Cependant, les québécois ne croit plus les politiciens qui parle vaguement, comme ils le font tous. À force de nous mentir ouvertement ainsi, la réaction de la Nation se fera sentir sans passer par les partis politiques. Et croire que la Nation québécoise est peureuse, est colonisée, est leurrée ou dors d'un profond sommeil est une grave erreur.
    Ça s'en vient. Cela a commencé à se concrétiser le 2 mai dernier et les politiciens paniquent!
    [Réjean Pelletier]

  • Marcel Haché Répondre

    19 septembre 2011

    J’ai souhaité il y a deux ans que votre point de vue s’installe au P.Q. Que par une approche graduelle—très graduelle et très prudente—le P.Q. finisse par renouer avec son passé courageux, et s’achemine en position de force (l’Opposition Officielle étant mieux placée pour profiter de la règle de l’alternance) vers une élection référendaire. J’étais et je reste opposé à la méthode du référendum qui m’apparaît depuis très longtemps une très mauvaise idée en faveur de l’indépendance. Il n’y a donc rien ou presque que vous écrivez avec lequel je serais en désaccord.
    Il y a quand même un petit désaccord entre nous deux, et c’est votre insistance à déclasser et déconsidérer le P.Q. comme véhicule politique, ainsi que votre rejet sans appel de la « gouvernance souverainiste». Cela peut paraître être un grand fossé entre nous deux. Il n’en est rien pourtant.
    Je me rallie à l’idée de la « gouvernance souverainiste » parce que c’est une méthode politique. Ce n’est pas un programme. C’est une méthode. Une méthode plus révélatrice de ce qu’elle ne dit pas (à l’ennemi) que ce qu’elle affirme (à ses amis). Vous devinez que je ne suis pas partisan de tout mettre dans le « programme » et encore moins de tout « mettre sur la table », ce qui m’apparaît particulièrement suicidaire à deux ans seulement des élections. Et puis d’ailleurs, les fédéralistes, en position de force toujours plus grande que celle des indépendantistes, n’ont jamais agi autrement qu’avec des programmes minimalistes, pendant que les indépendantistes se constituaient des programmes et des feuilles de route contraignants à souhait. À ce jeu, nous n’avons pas été très winner, disons.
    Il faut prendre le Pouvoir. Bientôt. Il n’y a maintenant que le P.Q. qui puisse le prendre. Ce parti ne va pas « renoncer », realpolitik oblige, sous prétexte qu’il aurait d’autres chances pour lui dans le futur. Le temps qui « presse », ce n’est pas au peuple québécois qu’il est compté, c’est à nous, les indépendantistes, c’est notre idéal qui risque d’être mis à mal par une e nième défaite électorale du P.Q.
    Cela ne m’apparaît pas très pertinent à deux ans des élections de distinguer parmi les souverainistes et les indépendantistes ceux qui seraient les « vrais » et les autres, les « faux », ceux-là qui seraient les révolutionnaires de ceux-là qui seraient les chameaux. Cela équivaut à inviter tricky Charest sur la patinoire souverainiste.
    Il y a deux ans, le P.Q. aurait peut-être pu mettre en branle une stratégie d’élection référendaire, quitte à mettre les freins en cours de route. Et le 2 Mai dernier aurait été un formidable avertissement…Nous assistons plutôt au spectacle d’indépendantistes qui, plutôt que de mettre le pied sur le frein, appuie à fond sur l’accélérateur… Des braves ? Par si sûr…


  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    19 septembre 2011

    Monsieur Mcnichols Tétreault,
    Votre façon d’interpréter ce qui n’est pas reflété dans les textes qui ne font pas l’affaire des anti-PQ, fait perdre les raisonnements tel celui que vous avez émis concernant l’article de M. Claude Morin, publié le 14 septembre 2011 dans Le Devoir. Ce même raisonnement, vous l’utilisez dans cet autre article en faisant référence au « printemps arabe » comme un souhait politique d’action prérévolutionnaire pour libérer le Québec.
    Monsieur Mcnichols Tétreault, le « printemps arabe » se convertira bientôt en un cauchemar de proportion telle que les « Frères musulmans » et les ayatollahs sont capables de réaliser. Ces « printemps arabes » ne seront pas de LIBERATION sinon de SERVITUDE théocratique.
    Nous n’avons pas besoin de révolution fratricide au Québec, sinon de chasser du POUVOIR le PLQ de Jean Charest. Ainsi, comme le dit si bien la cheffe du PQ, Mme Marois, en signalant ce dernier : il « … protège le Parti libéral, et en protégeant le Parti libéral, M. Charest protège la mafia, il protège le crime organisé… ».
    En définitive, la DÉMOCRATIE au Québec ne doit jamais être une démocratie socialo-communiste ni une démocratie à la manière totalitaire des régimes théocratiques. M. Mcnichols Tétreault, l’exemple de ‘’libération’’ sociale des « printemps arabes » réservez-le pour vos élucubrations politiques et vos pensées antisystème.
    JLPM