La mairesse de Villeray voulait être traitée comme une reine

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« Elle a mentionné [d’un plaignant] qu’il était “trop québécois” et pas assez “foncé”, “qu’il parlait trop bien français”. »


Insultes, crises de colères, propos racistes, exigence de faire le ménage... ce ne sont que quelques exemples de comportements déplacés qu’aurait eu la mairesse de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, visée par des allégations de harcèlement.


Giuliana Fumagalli a été élue en novembre 2017 sous la bannière de Projet Montréal. Très rapidement, les relations de travail dans son arrondissement se sont dégradées. 


TVA nouvelles et notre Bureau d’enquête ont obtenu les plaintes faites par huit employés auprès du Contrôleur général de la Ville de Montréal, au printemps 2018, à l’endroit de Mme Fumagalli. 


Ceux-ci allèguent tous que la mairesse a rendu le milieu de travail «néfaste» (voir exemples plus bas). 


Selon nos informations, les plaintes ont été jugées fondées par le bureau du Contrôleur. Celui-ci a dévoilé ses conclusions aux plaignants dans les dernières semaines et leur a indiqué les démarches légales qu’ils pouvaient entreprendre. 


Dans la foulée de ces plaintes, l’an dernier, Mme Fumagalli a été exclue du caucus de Projet Montréal, mais siège toujours comme indépendante. 


Consternation


Chez les élus municipaux, les révélations sèment la consternation. «Les preuves démontrent qu’elle n’est pas digne d’être une élue, souligne le chef de l’opposition, Ensemble Montréal, Lionel Perez. Ça a été surprenant d’apprendre qu’elle a tenu des propos racistes. Ça n’a pas de place dans notre société.» 


La conseillère municipale dans Villeray, Rosannie Filato, invite Mme Fumagalli «à se poser des questions sur sa capacité à mobiliser et sur son leadership». 








Qui sont les hommes et les femmes derrière nos politiciens? Emmanuelle présente... un balado animé par Emmanuelle Latraverse.





Vers une suspension?


Mme Filato et les trois autres conseillers municipaux de l’arrondissement ont déposé des plaintes à la Commission municipale du Québec (CMQ). 


«Selon moi, il y a eu un bris de son devoir de confidentialité, de son de devoir de respect. On a un code d’éthique et nous ne sommes pas au-dessus de la loi», juge Rosannie Filato. 


La plainte à la CMQ pourrait mener à une suspension de l’élue d’un maximum de trois mois, comme cela s’est vu récemment avec le maire de Saint-Jean-sur-Richelieu, Alain Laplante. 


«Il faut qu’on réfléchisse si on devrait permettre à la CMQ d’aller plus loin qu’une suspension et enlever la personne de son poste dans des cas extrêmes», juge Lionel Perez.  


Un accompagnateur bien payé


À l’automne dernier, après avoir rencontré des témoins, le Contrôleur général a demandé que Mme Fumagalli soit flanquée d’un accompagnateur pour la «coacher dans ses nouvelles fonctions». 


Selon des documents obtenus par TVA Nouvelles et notre Bureau d’enquête, le spécialiste était payé 105$ de l’heure aux frais de la Ville. 


Son contrat pouvait aller jusqu’à 40 000$, mais celui-ci n’est resté en poste qu’un mois. Son remplaçant était payé de son côté 5000$ par mois en plus d’un 5000$ à la signature du contrat. L’opposition décrie cette utilisation de fonds publics.  


«La mairesse Plante avait promis qu’il y aurait un accompagnement. On apprend que ça a coûté des dizaines de milliers de dollars pour permettre à une élue de faire sa job. C’est la solution de Mme Plante, ce n’est pas une façon de gérer», juge Lionel Perez. 





Quelques exemples de comportements déplacés qu’auraient eu la mairesse:


Handicap


Mme Fumagalli aurait déclaré à propos d’une employée du bureau : «elle est handicapée, elle n’est capable de rien faire».  


Colères


«Au début de février 2018, [Giuliana Fumagalli] est en colère et hurle dans son bureau de manière incontrôlée.» 


«Après ses crises elle dit souvent que c’est parce qu’elle est Italienne.»  


Racisme


«Elle a mentionné [d’un plaignant] qu’il était “trop québécois” et pas assez “foncé”, “qu’il parlait trop bien français”.» 


«Elle a mentionné à plusieurs reprises qu’elle ne voulait embaucher que des personnes “colorées”.» 


Comme une reine


«Elle criait après la plaignante qu’elle devait s’assurer qu’elle soit traitée comme une reine [...] qu’elle devait s’assurer qu’elle ait accès à un stationnement, à un crochet pour son manteau de fourrure, de la nourriture. Elle devait également être informée si du vin serait servi.»  


Le ménage


«Elle demandait [à un plaignant] de s’occuper de la cuisine, de faire la vaisselle, du café, de faire le ménage de la cuisine.»