La lucidité d’assumer son histoire

Manifeste en marge du Moulin à Paroles

Tribune libre

Le Moulin à Paroles redonne la dignité à une citoyenneté oubliée. En effet, donner lecture à des passages obligés de notre histoire inculque un certain sens de la noblesse de la tâche qui nous attend comme peuple. Artistiquement, spirituellement et dans la réalité des faits présentés, nous sommes à même de nourrir une certaine démarche collective.
Dans la réalité politique présente, la colonie artistique se prête au jeu d’initier le mouvement même de notre conscience nationale. En choisissant des acteurs collectifs de tous horizons, les 3 B – pour Batlam, Biz et Brigitte – nous font l’honneur d’une démarche inclusive dans son principe même. Comme toute démarche de libération suppose sa part d’exclus et d’auto-exclus, le récent spectacle se poursuit.
La violence même de la quête québécoise, que ce soit en littérature, en art, en politique et dans les recoins sombres de notre psyché collective, suppose un témoignage atavique de notre être collectif. Assumer une identité est un parcours du combattant. Entre les Hubert Aquin et Nelly Arcan de ce monde, des visions s’affrontent de façon multipolaire dans l’appréhension d’une réalité et de notre constitution.
Politiquement, la réalité est bien pauvre pour le moment… en apparence. L’iceberg de nos aspirations s’immerge dans l’océan de quelque contrée aux contours encore nébuleux. Au sud de nos frontières, un premier président noir essaie de refaire une santé à la démocratie américaine. Devant l’audace et l’espérance, nous nous surprenons à rêver d’un meilleur sort.
Un beau jour de juillet 1967, le monde se tut un bref instant, et exulta. La commémoration des récents événements pouvait commencer, parfois avec un air interdit, d’autres fois dans l’allégresse et le plus souvent avec l’intime conviction que quelque chose de majeur venait de se produire. Dire qu’un certain maire avait été tenté d’interdire. Le caractère interdit du micro de ces aspirations fit émerger un acteur sourd aux lendemains de la Nuit des longs couteaux, du nom de Raymond Dewar.
Depuis lors, désormais décédé de façon prématurée, le Canada français renoue peu à peu avec son américanité. Alors qu’un monument national d’aspect hideux à l’Assemblée Nationale fait honneur à René Lévesque, et qu’un autre monument national dédié à la nation amérindienne l’entoure, nous pouvons témoigner d’un certain profil national dont la face est actuellement déformée.
Sur la route des existences environnantes, Roland Major témoigne d’une figure inachevée, partielle des enjeux internationaux de la question Sourde Québécoise. C’est donc un travail à suivre dans l’éducation de notre histoire collective. Nous devons nous réapproprier peu à peu le sens d’une certaine Option Sourde actuellement in-existante.


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