La loi 101 a la cote

Loi 101 - 30e anniversaire - Adoption de la loi 101


Caroline Touzin - L’adoption de la loi 101 a eu un impact positif sur la société, selon une grande majorité de Québécois. Même les anglophones et les allophones sont d’accord jusqu’à un certain point, indique un sondage SOM-La Presse.
Les jeunes et les gens les plus instruits voient des impacts «très positifs» à cette loi adoptée dans la controverse il y a 30 ans. «C’est formidable que les jeunes disent cela. L’inverse m’aurait beaucoup inquiétée», lance Louise Beaudoin, ancienne ministre responsable de la Charte de la langue française. Mme Beaudoin est aujourd’hui responsable des questions de francophonie au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal.
«Les jeunes de 18 à 24 ans sont souvent ceux qui donnent les réponses les plus jovialistes, peut-être parce qu’ils n’ont pas connu autre chose. Ils ont baigné dans cette loi depuis leur naissance», analyse pour sa part Guy Larocque de la maison SOM.
Six Québécois sur dix estiment que cette loi doit être maintenue telle quelle. Les autres voudraient l’assouplir (18,4 %) ou carrément la remplacer (18,4 %). Ici, la différence d’opinion entre les francophones et les autres (anglophones et allophones) est importante. Une majorité d’anglophones et d’allophones ne veulent pas la maintenir telle quelle.
Près de 80 % des francophones trouvent que l’adoption de la Charte de la langue française a eu un impact positif. C’est aussi le cas de 56,6 % des non-francophones. Un «important consensus social se dégage autour de cette loi», estime la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine St-Pierre, sans toutefois vouloir commenter le sondage. «La Charte est un outil puissant de notre identité québécoise. Nous devons développer tous les outils nécessaires pour la faire appliquer», ajoute-t-elle.
Les Québécois y voient des impacts positifs à la fois sur la langue de travail, la langue d’affichage, la langue d’enseignement et l’image du Québec. Les allophones et les anglophones sont moins enthousiastes que les francophones. Quatre sur dix croient que l’impact a été négatif spécifiquement sur la langue d’enseignement et l’image du Québec.
Des Montréalais positifs
Un peu plus de 13 % des francophones disent parler anglais tous les jours ou presque au travail. Mais chez les non-francophones, cette proportion grimpe à 60 %. Les gens bardés de diplômes avec un revenu élevé sont ceux qui parlent le plus souvent anglais au travail.
«Ce n’est pas étonnant dans un contexte de mondialisation, estime Louise Beaudoin. Mais s’il y a un domaine dans lequel la loi 101 doit être amendée et resserrée, c’est celui du travail.» Si le français n’est pas la langue de la prospérité au Québec, elle ne pourra pas demeurer la langue publique commune longtemps, affirme la politicienne devenue chercheuse.
Les jeunes parlent plus anglais que leurs aînés dans leurs loisirs et leur vie sociale, révèle aussi le sondage. «Il faut y voir l’influence de la culture américaine», croit M. Larocque de SOM.
Les Québécois sont assez partagés sur l’impact de la loi 101 sur l’immigration. La moitié pense que les immigrants choisissent davantage de vivre en français dans la province depuis l’adoption de la loi. Chez les anglophones et les allophones, on en est davantage convaincus (62,5 %). Les Montréalais sont plus positifs que les gens de la région de Québec. «À Montréal, on connaît plus le sujet de la francisation des immigrants, on est donc plus porté à répondre "oui" qu’à Québec», ajoute M. Larocque de SOM.
Malgré ses impacts en général positifs, la loi 101 n’a rien changé dans leur quotidien, répondent une majorité de Québécois. Encore une fois, la majorité fond chez les anglophones et les allophones (68,2 % contre 83,5 % chez les francophones). «Le changement n’est pas individuel. Il est collectif.
C’est pour cela que les gens ne voient pas nécessairement de changements dans leur quotidien», affirme Louise Beaudoin.
Le sondage a été mené par téléphone auprès de 1002 Québécois du 8 au 21 août derniers. La marge d’erreur est de 4,4 points de pourcentage, 19 fois sur 20.


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