La langue française a-t-elle encore la cote ?

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Les ravages de l'américanisme

Parler français ou parler anglais ? Telle est la question. Si l’anglais est depuis des décennies, le totem autour duquel tous se prosternent d’admiration, nos chères élites feraient bien de méditer la mésaventure de Didier Deschamps en conférence de presse. Encouragé à ne pas s’exprimer en anglais pour la presse étrangère, le sélectionneur de l’équipe de France de football a vu ses propos, tenus en français donc, être totalement tronqués par une traduction très approximative. En effet, alors qu’il expliquait que le drone ayant survolé le terrain d’entrainement n’était pas de son ressort mais de celui des instances compétentes, le traducteur a affirmé qu’il avait « demandé l’ouverture d’une enquête auprès de la FIFA » !
Le temps du français triomphant appartient au passé. C’est en tout cas ce qu’il ressort de l’anecdote peu flatteuse pour les services de traductions mis en place par la FIFA. Notre sélectionneur national s’exprime au sujet d’une histoire de drone qui aurait survolé un terrain d’entraînement pour conclure que tout cela n’est pas important. Une mauvaise traduction plus tard et la presse anglaise s’en prend à Didier Deschamps pour des propos qu’il n’a jamais tenus. Même les traducteurs ne font guère plus attention au français et trompent le public en raison d’une maîtrise imparfaite de la langue. Le français ne fait plus recette outre-Manche… sauf quand on regarde la réalité des chiffres.
Aujourd’hui le français est attaqué dans ses fondamentaux. Trop ringard, trop nul, pas assez parlé à travers le monde. Toutes les excuses sont bonnes pour justifier un emploi de plus en plus minimaliste de notre propre langue. Le français est notre force. Les grincheux ont beau soutenir le contraire, le français est une langue bel et bien vivante qui bénéficie des efforts de tous ceux qui l’aiment, la préservent et l’enrichissent. L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) donne le la au bouillonnement linguistique et culturel français. Les initiatives sont nombreuses, mais souvent trop peu relayées. Pourquoi ? La culture ça ne permet pas de mettre de la nourriture sur la table diront certains. Ce qui compte c’est le « business », les affaires, l’argent, le « cash ».
Contrairement à des idées bien ancrées, la faute à des stéréotypes véhiculés dans la masse grotesque de programmes venus des Etats-Unis, le français est aussi une langue de travail international. Une récente étude britannique le montre. Sur 300 entreprises interrogées, 50 % jugent le français utile pour mener à bien leurs affaires. L’allemand (49 %), l’espagnol (44 %), le mandarin (31 %) et l’arabe (23 %) suivent avec plus ou moins de succès.
La francophonie n’est pas ringarde, elle est même utile et tend à le devenir de plus en plus avec une communauté francophone qui s’élargit. Aujourd’hui plus de 220 millions de locuteurs. Bien plus demain avec une croissance démographique favorable. Le prochain rapport de l’OIF sur la place du français dans le monde, qui sera publié en octobre prochain par son Observatoire de la langue française, devrait confirmer cette tendance positive.
Un peu de fierté n’a jamais fait de mal, surtout quand elle est bien placée. Il faudra peut-être commencer par exiger de nos élites qu’elles cessent de baragouiner un mauvais anglais dans les couloirs de la Commission et du Parlement européen. Cela incitera nos interlocuteurs à parler français, à aimer cette langue et à éviter in fine des erreurs de traductions grossières dont la dernière victime n’est autre que Didier Deschamps.


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