Serge Ménard (Archives La Presse)
Isabelle Rodrigue - Le député du Bloc québécois et ancien ministre québécois de la Sécurité publique, Serge Ménard, a de la difficulté à croire que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) n'aurait pas été au courant du passé de l'ex-conjointe du ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier.
M. Ménard, qui était ministre de la sécurité publique lorsque les forces policières ont commencé à s'attaquer aux gangs de motards, est convaincu que l'ex-petite amie de M. Bernier est connue des policiers et donc fichée à cause de ses liens avec des membres des Hells Angels.
L'ancienne copine du ministre, Julie Couillard, a eu deux conjoints motards, liés aux Hells Angels, dans les années 90.
Elle n'a jamais été accusée de quoi que ce soit, mais cet aspect ne pèserait pas dans la balance. Les policiers ne s'intéressent pas seulement aux individus qui sont accusés, mais à tous ceux sur qui pèsent des soupçons, explique M. Ménard.
«En cette matière, vous ne vous basez pas sur des condamnations criminelles, vous vous basez sur des soupçons, sur des relations, sur «est-ce que c'est une personne fiable ou pas"», a expliqué l'ancien ministre péquiste.
«Je ne crois pas que la GRC ne le savait pas, a-t-il poursuivi. Ou alors ils sont carrément incompétents. Certainement que son nom était fiché, ayant eu des relations aussi intimes avec des membres du crime organisé. Certainement que son nom apparaissait dans des dossiers.»
En ce sens, il est persuadé que la GRC avait le devoir d'aviser le ministre des risques qu'il courait.
Parce que, de l'avis de Serge Ménard, il s'agit bien d'une question de sécurité nationale. Et en ne révélant pas le passé de son ex-copine, M. Bernier courait le risque d'être la cible de chantage.
«Les Hells Angels cherchaient à avoir toutes sortes de moyens de faire chanter des personnages publics. Et dans des cas comme ça, la meilleure solution c'est qu'on soit informé et qu'on déclare la chose», a résumé Serge Ménard.
Depuis que l'affaire a été rendue publique dans les médias, le ministre Bernier se montre avare de commentaires. Il n'a jamais répondu aux questions des partis d'opposition qui voulaient savoir quand il avait été mis au courant du passé de son ex-petite amie, soutenant qu'il s'agissait d'un sujet relevant de sa vie privée.
La semaine dernière, le Globe and Mail rapportait que, selon des sources du gouvernement, le ministre aurait eu vent des détails il y a quelque temps quand des médias ont commencé à poser des questions sur les liens passés de Mme Couillard.
Aux Communes, lundi, le gouvernement a une fois de plus minimisé l'affaire, réduisant les questions à du potinage.
«Peut-être que demain il sera influencé par Allô Police ou Echo Vedettes, je ne sais trop, mais encore une fois, il s'agit d'une chose strictement privée qui regarde l'individu en question et nous n'avons pas d'autre commentaire à formuler», a lâché le ministre des Transports, Lawrence Cannon, en réponse à une question de Gilles Duceppe, chef du Bloc.
Pourtant, les experts en sécurité s'entendent pour affirmer que les questions sont légitimes puisqu'il s'agit à leur avis d'une affaire de sécurité publique étant donné que le ministre Bernier a accès à des documents et des renseignements secrets.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé