La Grande Paix de Montréal 4 août 1701

Traité unique dans l'Histoire de l'Amérique du Nord

Chronique de Marie-Hélène Morot-Sir

Lorsque en novembre 1698 Louis de Buade comte de Frontenac décède, il préparait cette paix depuis plus de deux ans déjà, aidé par beaucoup de personnes qui œuvraient dans les tribus tels par exemple Pierre Le Moyne de Maricourt, frère de Pierre Le Moyne d'Iberville, ou encore le père Bruyas auprès des Onnaontagués, et tant d'autres encore… mais n'oublions pas aussi le grand chef Wendat Kondiaronk qui a fait des efforts inouïs, parcourant avec enthousiasme d'immenses territoires, pour aller expliquer au plus grand nombre possible de tribus, cette grande idée séduisante des Français, cette paix exceptionnelle qu'ils proposent. Cette paix est cependant bien mal vue, bien mal acceptée par les Anglais qui n'en supporteront tellement pas l'idée qu'ils tenteront tout jusqu'au bout pour l'empêcher !..
Le gouverneur Louis Hector de Callière ancien gouverneur de Montréal, succède alors à Frontenac, c'est lui qui va mener à son terme cette grande aventure .
Les Nations, cet été-là, arrivent de toutes les régions pour être à ce grand rendez-vous donné par les Français, toutes veulent participer à cette grande paix, tant l'espoir qu'elle génère est immense.

Trente neuf tribus sont représentées, plus de mille deux cents délégués sont là, les ennemis d'hier les plus virulents sont assis les uns à côté des autres dans cette grande plaine de Montréal, aménagée tout exprès par la Gouverneur pour cette exceptionnelle et grandiose cérémonie...
Les Amérindiens sont plus nombreux tout autour de Montréal que les habitants eux-mêmes à cette époque !
Il est à souligner ce fait surprenant, nulle part ailleurs en Amérique du Nord n'a existé ce genre de manifestation, dont le seul objectif a été de rassembler des peuples autochtones avec un peuple étranger , nouvel arrivant sur leur sol, comme cela s'est fait en Nouvelle France par les Français. Et surtout avec cette idée assez géniale, de demander à ces peuples de faire avant tout la paix entre eux, c'est le premier point très important, si ce n'est le plus important , avant même de la faire avec les Français .
A la suite de ce premier engagement, tous se mettent d'accord, si un différend survenait entre eux, de venir immédiatement rencontrer Onontio, pour le régler rapidement, afin qu'il puisse procéder à une médiation. Cette promesse acceptée par tous est réellement inimaginable, en effet elle engage une vraie relation cordiale et affective avec les Français et en même temps elle abolit implicitement la précédente alliance, que certaines tribus Odinossonis pouvaient avoir eue avec les colons hollandais, comme cette très ancienne « chaîne de convenant » tacitement prorogée par les Anglais, lorsqu'ils s'empareront de la Nouvelle Amsterdam en 1664.
Cette entente, avec toutes ces nations, entente aussi profonde qu'affective, cette grande paix de Montréal du 4 août 1701 va être ratifiée officiellement, solennellement signée par les trente neufs nations présentes, en apposant leurs signatures sur le document officiel,, chacune de ces signatures représente le pictogramme de leurs tribus, ce seing, ce paraphe tribal est un engagement fort, non seulement pour eux mais pour leurs descendants et le contrat sera strictement respecté .
Ce document dûment paraphé est enregistré dans les archives de France, il sera d'une importance capitale pour les cinquante prochaines années.
Cette paix mettra fin à cent ans de conflits avec les Odinossonis, qui avaient débuté le jour même de l'alliance des Français, signée avec tous les Attichawata à Tadoussac en mai 1603 ..mais qui hélas, les avaient laissé de côté !
Ce traité de Montréal n'a jamais été invalidé, c'est pourquoi au point de vu diplomatique, il est toujours reconnu par les grandes communautés Amérindiennes qui l'ont signé et par la France..
Le Gouverneur Callière adresse le 6 août 1701, c'est à dire seulement quelques jours après, le document officiel de ce traité, au ministre de la marine en France. Il se trouve encore de nos jours dans les archives françaises, et est toujours consultable. Une lettre l'accompagne, une lettre où est suggérée aux autorités de l'époque, la conduite qu'il serait intéressant de tenir par la France dont voici un extrait :

« Il serait à présent facile puisque la paix a été conclue avec toutes les tribus, y compris avec les Odinossonis, de ruiner les divers établissements anglais de Nouvelle Angleterre. Les Canadiens sont des combattants bien meilleurs que les Anglais car il n'y a pas de troupes réglées dans la Nouvelle Angleterre, alors que la Nouvelle France possède vingt huit compagnies d'infanterie, et les miliciens canadiens savent se battre à la manière Amérindienne, de telles sortes qu'ils effraient par leurs attaques surprenantes et soudaines les habitants des colonies anglaises, appuyés par leurs allié amérindiens.. La plupart des établissements anglais tels Rensselaerswyck, Orange Manatte ou Boston sont mal protégés .. »

Suit alors des explications précises concernant la manière de procéder, réalisable rapidement cela d'autant plus facilement que les Anglais paraissent plus que suffoqués de cette grande paix, réalisée à leur nez par les Français, malgré pourtant tous leurs efforts pour l'empêcher de s'accomplir ,y compris par les moyens les plus troublants ...
Pourtant une fois encore il n'y aura aucune réponse du ministre en place, et encore moins de la cour !
Cette chance était immense, démesurée, si elle avait été saisie par les dirigeants du moment, elle aurait en effet changé le sens de l'Histoire, elle aurait certes changé le destin de la Nouvelle France et de la France elle-même, mais aussi celui du monde ! la Nouvelle France se serait étendue sur tout le continent et en effet aujourd'hui, c'est la langue française qui prédominerait sur ce continent Nord Américain.
La Nouvelle France avait alors des milliers d'hommes prêts à se lever pour elle, tous ces milliers d'Amérindiens décidés à se battre à ses côtés,
cela était facilement envisageable non seulement de se rendre maître de toutes les colonies de la Nouvelle Angleterre mais aussi en même temps d'écarter l'Espagnol du golfe du Mexique .. La France avait un ascendant incroyable comme l'écrit Francis Parkman en 1869 : « Etonnant qu'une poignée de Français ait eu autant d'emprise sur autant de Sauvages* ! »
La Paix de Montréal a été un message monumental lancé aux Anglais qui l'ont reçu cinq sur cinq. Ils ont si bien senti le vent du boulet les effleurer, qu'ils ont, à partir de cet instant, mis en place tous les éléments qui leur permettront cinquante ans plus tard de se saisir de cette Nouvelle France tant convoitée, en constatant que les autorités françaises en France, ne comprenaient pas et même sous-estimaient l'enjeu qu'elles détenaient !
Les responsables français qui gouvernaient et qui avaient en mains les rênes du pouvoir ont pu, sans doute plus tard, se reprocher d'avoir lassé de côté ces opportunités-là alors que tous ceux qui étaient sur le terrain, tous les gouverneurs les uns après les autres, y compris même d'autres personnes tel le père Paul Le Jeune, voyaient parfaitement comment procéder et l'avaient préconisé depuis bien longtemps.. mais particulièrement au moment de la grande Paix de Montréal toutes ces possibilités étaient incroyablement faciles à mettre en œuvre.
Est-ce pour ces regrets inexprimés, sous-tendant l'incurie et l'incompétence de ces gouvernants qui n'ont jamais eu la vision supérieure nécessaire à tout grands hommes d'Etat, y compris le roi, est-ce pour cela que nous observons depuis toutes ces années un relatif oubli dans lequel cette épopée française américaine a sombré et que bien peu remettent en avant ?
Le Passé est le Passé, pourtant nous ne pouvons-nous empêcher de nous interroger et de nous demander ce qu'il est advenu, depuis toutes ces années, et ce qu'il adviendra désormais dans l'Avenir, pour tous les descendants de ces Français et de ces Amérindiens, ceux là même dont les ancêtres s'étaient jurés une amitié éternelle, ceux là même dont les racines sont ancrées si profondément dans la Grande Paix de Montréal ?
Auteur : marie-hélène morot-sir

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Marie-Hélène Morot-Sir151 articles

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Auteur de livres historiques : 1608-2008 Quatre cents hivers, autant d’étés ; Le lys, la rose et la feuille d’érable ; Au cœur de la Nouvelle France - tome I - De Champlain à la grand paix de Montréal ; Au cœur de la Nouvelle France - tome II - Des bords du Saint Laurent au golfe du Mexique ; Au cœur de la Nouvelle France - tome III - Les Amérindiens, ce peuple libre autrefois, qu'est-il devenu? ; Le Canada de A à Z au temps de la Nouvelle France ; De lettres en lettres, année 1912 ; De lettres en lettres, année 1925 ; Un vent étranger souffla sur le Nistakinan août 2018. "Les Femmes à l'ombre del'Histoire" janvier 2020   lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=evnVbdtlyYA

 

 

 





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17 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 août 2010

    Pour voir les pictogrammes consulter ce lien internet et cliquer sur l'image:
    http://cacouna.net/paixmtl1701.htm
    Voici la description.
    Description: Pictogrammes des nations signataires :
    1. Ouentsiouan représente la nation iroquoise des Onontagués et signe un échassier. 2. Pour les Tsonnontouan, c'est Tourengouenon qui appose la signature de la tortue. 3. Pour les Onneeiouts, la signature représente une fourche au milieu de laquelle se trouve une pierre. 4. Chez les Goyogouins (« peuple de la grande pipe », le dessin d'une pipe va de soi! 5. La marque de Kondiaronk, dit le Rat (un rat musqué), figure sur le traité de 1701. Un autre chef huron a pu apposer cette marque au nom de ce grand chef, mort deux jours avant la signature du traité. 6. L'ours, la signature du chef Kinongé, dit le Brochet, pour les Outaouais du Sable. 7. La marque des Abénaquis de l'Acadie, par le chef Mescouadoué. 8. L'ours, la marque des Outaouais Sinagos. 9. Pour les Gens du Sault, l'ours également, signature apposée par Haronhiateka. 10. La signature du chef des Gens de la Montagne est un chevreuil. 11. Le chef Kileouiskingié signe d'un poisson pour les Outaouais Kiskarons. 12. La fourche représente le lieu où vivent les Outaouais de la Fourche, à la confluence de trois rivières. 13. Représentés par Onanguicé, chef pouteouatami, les Mississagués (nation ojibwée) signent d'un oiseau-tonnerre. 14. Les Amikoués apposent la marque du castor. 15. Pour les Sauteux (Ojibwés), le chef Ouabangué appose la marque d'une grue. 16. Chez les Algonquins, on trouve deux signatures : un échassier ou une grue et, à côté, un être humain. 17. Une perche surmontée d'un scalp sert de signature pour le village des Pangichéas (Piankashaws). 18. La marque de Chichicatalo, chef très respecté chez les Miamis, regroupe deux symboles, dont une grue. 19. La marque du chef Outilirine pourrait représenter les Cris. En langue Crie, le suffixe -irin signie « homme ». 20. Représentés par Onanguicé, les Koueras Koueatenons (groupe illinois) signent d'un arc et d'une flèche. 21. La marque du village des Peorias (nation illinoise) est une tortue à longue queue. 22. L'emblème des Tapouaroas (groupe illinois). 23. L'emblème des Monisgouenars (nation illinoise), établi à la rivière des Moines. 24. Le village des Marouas (groupe illinois), signe d'une grenouille. 25. Pour les Pouteouatamis, la marque d'un chicot et trois racines. 26. Pour les Kaskaskias (nation illinoise), une plume encochée. 27. La marque du village des Ouiatanons (nation miamie) est une carrière. 28. L'esturgeon est la marque des Sakis (Sauks). 29. Chez les Outagamis, ou Renards, la signature est celle du... renard. 30. L'oiseau-tonnerre représente le symbole clanique des Puants. 31. La marque des Malominis (Folles Avoines) est celle d'un oiseau-tonnerre tenant une tige de folle avoine. 32. Le chevalier de Callière, Brochart de Champigny, et autres. (Notes tirées de : Alain Beaulieu et Roland Viau, La Grande Paix, Chronique d'une saga diplomatique, Montréal, Éditions Libre Expression, 2001, pp. 109-111.)
    Soldat Sanspareil
    2ème bataillon du régiment de la Sarre
    Vive le Roy!
    http://www.regimentdelasarre.ca
    http://www.tagtele.com/videos/voir/46581
    http://www.ameriquebec.net/actualites/2009/08/03-rapatriement-des-armoiries-royales-de-france.qc
    François Mitterrand
    Un peuple qui n'enseigne pas son histoire est un peuple qui perd son identité

  • Archives de Vigile Répondre

    7 août 2010

    Pour en savoir plus consulter le lien suivant:
    http://www.histoirequebec.qc.ca/publicat/vol7num2/v7n2_6tr.htm
    Soldat Sanspareil
    2ème bataillon du régiment de la Sarre
    Vive le Roy!
    http://www.regimentdelasarre.ca
    http://www.tagtele.com/videos/voir/46581
    http://www.ameriquebec.net/actualites/2009/08/03-rapatriement-des-armoiries-royales-de-france.qc
    François Mitterrand
    Un peuple qui n'enseigne pas son histoire est un peuple qui perd son identité

  • Archives de Vigile Répondre

    7 août 2010

    La situation n'a pas changé depuis la Nouvelle-France. Les Indiens d'Amérique continuent d'être instrumentalisés par l'Anglais autrefois et aujourd'hui par l'Anglo-américain.
    J'espère que cet incident d'hier à Oka et Kanesatake trouvera une solution honorable pour tous. Même pour ce Blanc qui désire tout simplement faire monter les enchères sur ses terrains et qui n'hésite pas à jeter de l'huile sur le feu. Nous sommes bien à l'ère du veau d'or.
    Et le fédéral, fiduciaire des Indiens, ne fait rien pour mettre fin à ces escarmouches. Ce dossier aurait dû être réglé depuis au moins dix ans. Mais le fédéral, qu'en a-t-il à faire de NOUS ? Il continue de diviser pour régner. Et il colportera aux quatre vents que le Québec est bien difficile à gouverner.

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    6 août 2010

    Monsieur Boivin, votre réflexion est tout à fait intéressante et comme toujours vous nous apportez de précieux renseignements que je n'avais pas développés afin de ne pas écrire un texte trop long .
    Merci de la description de la cérémonie des obsèques de ce grand Kondiaronk. Ce jour-là tous l'entouraient et tous se sont jurés une paix éternelle au-dessus de son cercueil. C'est effectivement particulièrement émouvant que ce grand chef Wendat soit enterré à Montréal en plein au centre de cette Nouvelle France pour laquelle il s'était tant donné, si loin de sa Huronnie natale, et qu'une petite partie de son peuple rescapé ait replanté ses racines à Québec . Sans aucun doute l'esprit de Kondiaronk veille sur la Nouvelle France, il veille sur votre Québec .
    Ces Wendat ne se sont pas enfuis, ils ont tentés d'échapper à un terrible génocide, en venant demander au père Ragueneau en juillet 1650, de les conduire à Québec pour être à l'abri des canons des Français, où en effet ils ont été installés sur l'île d'Orléans et protégés.Il faudra attendre 1673 pour que le père Chaumonot les emmènent à Lorette, et 1674 la construction de N.D de Lorette.
    Quelques-uns avaient pu aller se réfugier à la mission française de Michillimakinac sur le lac des Illinois appelé plus tard Michigan, très loin là aussi de leur Huronnie.. D'autres encore ont pu être accueillis dans certaines tribus Odinossonis compatissantes, et moins acharnées à leur perte que d'autres...Sur le territoire des états-unis d'aujourd'hui .
    Au sujet de la confédération des Cinq Nations, on ne pourra parler de la confédération des Six Nations qu'à partir de 1718, lorsque les Tuscaroras ( peuple du chanvre) remonteront de Caroline du Nord, chassés par les Anglais, car à ce moment-là ils rejoindront leur famille Odinossonis ..
    Oui, en effet vous nous le rappelez, ce cher Kondiaronk avait en effet joué un tour à sa façon au gouverneur Brisay de Denonville ..Ce dernier avait convoqué à Québec quelques chefs Odinossonis en vue de tenter une nouvelle fois de faire la paix, mais avait oublié d'en faire part à ce grand allié Wendat .. tout à fait par hasard en circulant sur le lac Ontario avec un petit groupe de guerriers, Kondiaronk, durant l'été 1688 l'apprend.. Craignant que ce ne soit au désavantage de son peuple Wendat, Kondiaronk aussitôt monte un stratagème pour faire échouer cette rencontre à laquelle il n'était pas convié, il attend alors au passage les Odinossonis qui partent pour ce rendez-vous avec le gouverneur, il procède si bien qu'ils retournent immédiatement chez eux et ...le gouverneur les attend encore ! .. Kondiaronk n'était pas quelqu'un qu'on pouvait traiter sans égard, aussi fut-il très satisfait du bon tour qu'il avait joué au Gouverneur Denonville en disant alors :" j'ai tué la Paix on va voir comment Onontio va s'en sortir !"
    Dans les années suivantes il se rattrapera, il se donnera corps et âme auprès de Frontenac lorsqu'il sera de retour en Nouvelle France, puis de Louis Hector de Callière pour amener le plus possible de tribus à cette grande paix voulue par les Français, comme nous l'avons vu.
    Quant à votre deuxième remarque, monsieur Boivin, il est vrai que depuis la grande alliance de Tadoussac de 1603 avec Champlain, voulue par le roi Henri IV, en s'alliant avec tous les Attichawata, les Français ont endossé en même temps l'inimitié des ennemis héréditaires de ces derniers, à savoir les Cinq nations Odinossonis..cela a déclenché cent ans de conflits, entrecoupés de périodes de paix 1646 , 1673.. mêlées d'ententes profondes avec certaines de ces tribus, comme par exemple avec les Onnaontagués selon les périodes, et plus particulièrement avec un de leur grand chef Garakontié..
    Au moment où Louis de Buade comte de Frontenac, est rappelé en France à cause de conflits internes, il avait apaisé bien des différents, grâce entre autres à son grand Parlement à Cataracoui en 1673, mais les deux gouverneurs qui ont suivi ont exacerbé les tensions, rappelons-nous de Lebfèvre de la Barre et de l'anse à la famine en 1684 où il finit par monnayer une paix embarassée avec les Tsonnontouans, qui ont eu vite fait de tenir cet Onontio en piètre estime.. Puis arrive Brisay de Denonville qui, pour tenter de retrouver un peu du prestige perdu par ce prédécesseur malhabile, poursuit les Odinossonis jusque dans leurs villages, qu'il fait brûler, ainsi que toutes leurs récoltes..
    Puis il y a eu cet épisode terrible,des Odinossonis arrêtés d'une manière hypocrite et traîtreuse par ce gouverneur, Denonville, puisqu'on les avait fait venir pour une simple discussion .. mais ils se retrouvent emprisonnés et envoyés en France sur les galères royales de la méditerranée à la poursuite des pirates.. Cela ne permettait plus ces rapports d'estime favorisés par Frontenac, plus personne ne respectait de tels Onontio !
    La riposte ne s'est pas fait attendre, elle a été terrible lors de cette épouvantable nuit de Lachine du 4 au 5 août 1689 !
    Frontenac venait tout juste d'avoir été renommé, il naviguait alors sur les mers, il revenait enfin ! Le roi et les dirigeants en France avaient compris que nul n'était plus capable que lui pour instaurer des rapports de paix avec les Odinossonis .. Pourtant Frontenac devra sévir après cet horrible massacre de Lachine d'où les expéditions de Corlaer, Shenectaby, Salmon Falls et Casco...
    Frontenac avait en effet ramené avec lui tous les Odissonis prisonniers en France, en tous les cas ceux encore en vie, comme Ourehouaré, un Goyougoin, qui s'était particulièrement attaché à lui, si bien qu'il est resté à ses côtés jusqu'à sa mort, vivant auprès de lui au château Saint Louis, allant inlassablement chez les Goyougoin dans sa tribu convaincre les siens de rester en paix avec les Français, mais aussi dans les autres cantons Odinossonis, .. Lorsque Frontenac quittera cette terre où il a tant donné de lui-même en novembre 1698, Ourehouaré en mourra de chagrin, dès le mois suivant en décembre 1698...
    La grande Paix de Montréal a servi évidemment aussi à détourner autant que faire se peut, les Odinossonis des Anglais, mais à cette poque précisément ces tribus étaient fatiguées de leur situation, un coup avec les Français un autre avec les Anglais .. Les Odinossonis voulaient rester maîtres de leurs territoires, ils n'étaient ni pour les Anglais ni pour les Français, ils étaient pour les Odinossonis et penchaient donc des uns aux autres selon les circonstances.. Cette paix les arrangeait donc parfaitement .

  • Gaston Boivin Répondre

    5 août 2010

    Merci madame Morot-Cyr pour ce rappel historique si bien présenté.
    Permettez-moi deux remarques concernant cet évènement:
    D'abord un rappel et une anecdote: Suite à l'accord sommaire intervenu à Montréal en août 1700 en conséquence de négociations préléminaires (début septembre et début août de la même année) avec des représentants des 6 nations iroquoises( 19 chefs iroquois) et de plusieurs autres tribus, les participants se donnèrent rendez-vous au mois d'août 1701: À l'ouverture de cette nouvelle scéance, lors du discours du grand chef huron Kondiaronk, surnommé "Le Rat" par les Français, ce dernier fut soudainement pris d'un malaise et, après une pause pour récupérer un peu de vigueur, il reprit son allocution, qu'en raison de sa grande faiblesse, il a réussi à terminer qu'avec beucoup de difficulté, étant par la suite transporté à l'Hôtel-Dieu où il décéda dans la nuit. On lui fit le 3 août 1701 de grandes funérailles à lesquelles assistèrent plusieurs citoyens de Montréal, son cercueil étant porté par 6 chefs de guerre, le cortège funèbre comprenant 60 soldats sous les armes, 16 guerriers hurons, vêtus de longues robes de castor, le visage peint en noir et le fusil sous le bras; la cérémonie eut lieu en l'église paroissiale où le défunt fut inhumé, son épitaphe étant la suivante: "Cy git Le Rat, chef des Hurons" ( le tout presque textuellement rapporté par Jacques Lacoursière, à la page 185 du tome 1 de son "Histoire populaire du Québec). Ce chef huron Kondiaronk n'était pas n'importe qui et avait valeur de symbole dans l'histoire des relations entre les Français et les Indiens de la Nouvelle-France: D'abord c'était un survivant à la traitrise iroquoise à l'égard du peuple huron qui fut presque totalement anéanti en conséquence de celle-ci. Contrairement aux survivants hurons qui s'enfuiyèrent alors,en 1649, sous la conduite du père Raguenaud, vers la région de Québec pour s'installer d'abord à l'île d'Orléans, les ancêtres de Kondiaronk( et peut-être lui-même enfant s'il était alors né) se réfugièrent dans la région du Michigan, à Michilmachenic, à côté d'un village algonguin. Il a combattu avec assiduité et ardeur les Anglais et les Iroquois avec les français et les Canadiens dans plusieurs batailles et ceux-ci le considéraient comme le plus brave de tous les indiens. L'on dit qu'il favorisa grandement par ses actions et paroles l'avènement de cette grande paix, quoique certains sont d'opinion que vers 1688-1689 ses intrigues ont risqué de tout faire échouer (cette opinion aurait-elle un rapport avec son surnom "Le Rat"?); Lors des négociations préléminaires de 1700 qui conduisirent à un accord sommaire, après que le gouverneur Callière, en réponse aux discours des chefs iroquois, eut déclaré qu'"il se saisit de leurs haches de guerre et de celles de ses alliés pour les mettre avec les siennes et tous les autres instruments de guerre, dans une fosse qu'il fait profonde, sur laquelle il met un gros rocher et y fait passer une rivière, afin qu'on ne les puisse plus trouver pour s'en servir les uns contre les autres.............", Kondiaronk prend la parole à son tour et déclare; "J'ai toujours obéi à Onontio; il prend les haches de toutes les nations. Pour moi, je jette les miennes à ses pieds; qui serait assez hardi pour aller contre sa volonté, lui qui est ici notre père? Je ne doute point que les gens d'en haut ne suivent ce qu'il souhaite. C'est à vous autres, nations iroquoises, à en faire de même aussi." En d'autres temps, au sujet de la paix et de la guerre il démontra ses qualités de tribun dans ce discours où il déclara: "Vois-tu, mon frère, disait-il, nos chiens s'accordent parfaitement bien avec ceux des Iroqupois et ceux des Iroquois avec ceux des français. Je ne sais point que les animaux de la même espèce se fassent la guerre à l'exemple des hommes qui paraissent moins naturels en cela que les bêtes. Pour moi, je crois que si les animaux pouvaient penser, raisonner et se communiquer leurs sentiments, il leur serait facile de tout détruire le genre humain. Car, enfin, si les ours et les loups étaient capables de former une république, qui les empêcherait de s'attrouper dix ou douze mille et de venir fondre sur nous? Aurions-nous, en ce cas-là, de quoi nous défendre? Rien ne leur serait plus aisé que d'escalader nos villages pendant la nuit, renverser nos cabanes et nous dévorer. Pourrions-nous entreprendre une chasse sans courir le danger d'être déchirés? Nous serions réduits à vivre de glands et de racines, privés d'armes et de vêtements et toujours en risque de tomber entre les pattes de ces animaux féroces. Ne serions-nous pas obligés de céder à leur force et à leur adresse? Concluons-donc, mon cher frère, que la raison des hommes est le plus grand instrument de leur malheur et que, s'ils n'avaient point la faculté de penser, de raisonner et de parler, ils ne se feraient pas la guerre, sans aucun égard à l'humanité et à la bonne foi.
    Par ailleurs, et il s'agit là de ma seconde remarque, mon opinion est que, par cette grande paix, les Français cherchaient avant tout à neutaliser les Iroquois de sorte qu'ils ne puissent plus favoriser et aider les Anglais à chasser les Français de la Nouvelle-France, et, qu'en ce qui concerne les Iroquois, de plus en plus craintifs des Français qui avaient pris ces dernières années de nouvelles mesures à leur égard (1-Denoville avait reçu, en 1687, l'ordre de Versailles de s'emparer le plus possible de guerriers Iroquois afin de les envoyer aux galères du roi, ordre qu'en août 1687, il avait mis à exécution en envoyant en France, à cette fin 36 prisonniers Iroquois, dont 13 survécurent aux Galères du roi et que Frontenac, à son retour en Nouvelle-France en 1689, ramena avec lui pour mieux favoriser la reprise des négociations de paix avec les Iroquois. 2- Depuis le massacre de Lachine en 1689 par les iroquois, les gouverneurs avaient mis plus de pression tant sur les Iroquois que sur les Anglais, les attaques, au coeur même des villages Iroquois étant plus fréquents et les raids ravageurs et sanglants sur les villages des colons anglais par les Canadiens et leurs alliées indiens étant maintenant une nouvelle donnée : pensons à ceux, en 1690, de Schenectady (Corlaer, près d'Albany), de Salmon Falls( près de Portsmouth) et de Casco (Falmouth, Portland, Maine)), de sorte qu'ils étaient de plus en plus disposés à négocier avec les Français pour s'éviter des maux pires, cherchant avant tout à négocier une espèce de neutralité, qui ne metterait pas en péril leurs relations amicales avec les Anglais, ce que les Anglais, en 1713, ont cherché à remettre en cause en tentant d'amoindrir la portée de cette neutralité décrétée par La Grande Paix de Montréal, en faisant inclure dans le traité D'Utrecht, à sa clause 15, que la France reconnaissait que les Iroquois étaient des sujets britanniques (pas certains qu'ils aient consulté à ce propos les Iroquois!):
    "Les habitants du Canada et autres sujets de la France, y lit-on, ne molesteront point à l'avenir les Cinq-Nations ou Cantons des Indiens soumis à la Grande-Bretagne, ni les autres nations d'Amérique amies de cette couronne; pareillement les sujets de Grande-bretagne se comporteront pacifiquement envers les Amérindiens sujets ou amis de la France."

  • Archives de Vigile Répondre

    5 août 2010

    M. Perez,
    Je suis assez surprise de ne pas vous avoir bien compris... bien que tout soit possible en ce bas monde.
    Mais malgré tout, je me demande si vous ne devriez pas abandonner ce langage hermétique, et qui se veut de temps en temps savant, ce qui m'oblige parfois à relire « lentement » vos écrits.
    Dans ce cas, il se peut fort bien que j'y perde le fil et que la folle du logis me joue des tours.

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    5 août 2010

    Mme Vallée,
    L’Histoire est l’Histoire, et si nous ne voulons pas la « tuer » il faut se rappeler : pour ne pas oublier le passé il faut le mettre devant soi, tel qu’il fut.
    Concernant cette partie de votre commentaire :

    « Je sais que madame Morot-Sir est assez grande pour se défendre seule, mais vous me permettrez, M. Perez, en tant que lectrice de Vigile depuis ses débuts, de vous signaler que cet article ne vise pas à faire la promotion des armées (voir votre dernier article sur Vigile et la réplique de M. Sauvé)

    (…)
    Je me demande si vous connaissez bien tout ce que sous-tend d’émotions, de rêves perdus, de problèmes identitaires, toute l’Histoire de la Nouvelle-France qu’on a de cesse de jeter dans le fleuve de l’oubli.»
    Il convient, Mme Vallée, de rappeler une fois de plus la citation de Pascal : « Quand on lit trop vite ou trop lentement l’on ne comprend rien. »
    Pour éviter de mal interpréter ce que j’ai rapporté concernant ce qu’affirme Mme Morot-Sir :
    « … l’incurie et l’incompétence de ces gouvernants qui n’ont jamais eu la vision supérieure nécessaire à tout grands hommes d’Etat, y compris le roi, est-ce pour cela que nous observons depuis toutes ces années un relatif oubli dans lequel cette épopée française américaine a sombré et que bien peu remettent en avant ? »
    Voici la précision que j’ai apportée :
    « Pourtant, Mme Morot-Sir, « Le Passé est le Passé » et il faut le rappeler tel qu’il fut concernant les conséquences historiques et le résultat de la mainmise anglaise sur la Nouvelle France que vous décrivez, lesquelles n’étaient pas dues à « … l’incurie et l’incompétence… », sinon à la supériorité des forces armées anglaises, surtout navales, si nous voulons rendre hommage à la vérité pour éviter de tomber dans les clichés qui ne font que tuer l’Histoire du Québec et celle de la France.

    Avec ce passage extrait de mon article L’Histoire écrite par les vaincus*Québec/Gibraltar** : deux colonies assurant l’équilibre du pouvoir oligarchique, l’on peut mettre un peu plus d’équanimité quand on écrit sur l’histoire de ce passé tristement malheureux pour nous tous. »
    Jean-Louis Pérez

  • Archives de Vigile Répondre

    5 août 2010

    @ Mme Morot-Sir
    Oui et bravo : nous sommes effectivement des métissés d'un pays de souches normandes-françaises-amérindiennes-irlandaises-écossaises de langue française.
    En 1871, "Foutriquet" Thiers ce n'était pas la France mais...tout de même une bonne partie de la France :
    « Il est élu « chef du pouvoir exécutif de la République française » — c’est-à-dire à la fois chef de l’État et du gouvernement — le 17 février 1871 par l’Assemblée nationale, réfugiée à Bordeaux »
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Adolphe_Thiers

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    5 août 2010

    Chère Madame Marie Mance Vallée c'est très émouvant de vous lire, cela me touche beaucoup parce que vous m'avez devinée je vous aime, vous ce peuple si digne, auquel on a si souvent voulu faire baisser la tête, alors que l'Histoire recèle tant de raisons pour que vous soyez fiers de ce que vous êtes , fiers de vos ancêtres Français et Amérindiens, fiers de ce nouveau peuple franco amérindien merveilleux qui est né alors, dans la fraternité et l'amour mélés ! Tristement deux cent cinquante années durant on a voulu l'anihiler ..Je n'ai pas besoin d'être assez grande pour me défendre comme vous dites, car l'Histoire est écrite et elle fait foi, ma réponse précédente avait été envoyée avant que je ne vous lise ..Prenez soin de vous, votre beau Québec a besoin de vous ..
    Merci aussi Monsieur Parent de vos remarques si encourageantes tant il est vrai que le besoin de connaître son Passé est nécessaire à tous les êtres humains sur cette planéte : " Un peuple sans Histoire (ou qui ne connaît pas la sienne ) est comme le vent sur l'herbe aux bisons " nous dit ce magnifique proverbe Amérindien.. Vous aussi cher Monsieur Parent merci d'être là.

  • Archives de Vigile Répondre

    5 août 2010

    Mme. Morot-Sir,
    Peu importe ce qui est écrit et exprimé, il se trouvera toujours quelqu’un pour tenter de diminuer la portée du texte ou même d’en changer l’orientation et le sens. Vos interventions historiques, comme le mentionnait Mme. Marie-France Vallée, ne sont jamais empreintes de jugements, de bellicisme. Le problème au Québec est que notre Histoire ne nous a pas été très bien enseignée et, en fait, l’est de moins en moins voilée par l’obscurantisme de nos politiciens qui voudraient pouvoir s’en servir à des fins bêtement électoralistes.
    Vous êtes une grande amie du Québec et vos interventions nous en apportent à chaque texte une preuve irréfutable. Merci de nous apporter vos lumières. Vous n’avez pas cet arbre qui cache la forêt.
    Ivan Parent

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    5 août 2010

    Merci vraiment de tous vos commentaires très intéressants
    A Monsieur Perez,
    Ce que vous nous rappelez avec une parfaite exactitude, s'est passé dans les années suivant cette paix de Montréal .. Absolument en accord avec vous, Gibraltar 1704 .. la guerre de succession d'Espagne. le traité d'Utrecht de 1713.. ainsi qu'en ce qui concerne l'état important des forces navales anglaises, mais ceci bien après 1701...
    Cependant la période qui nous préoccupe se situe au contraire dans les années qui précédent la grande paix de Montréal et non après..
    A Monsieur Hastings
    La "France" peut-elle être qualifiée d'orgueilleuse, ou d'autre chose d'ailleurs. ?. Intéressante controverse ! Par contre, il est certain que les personnes qui la gouvernent, ou les gens qui habitent sur son territoire, peuvent l'avoir été ou l'être à nouveau à certains moments ..
    Vous citez la Commune de Paris, ce n'est pas la France mais bien Adolphe Thiers qui a fait tirer sur les communards, au moment où il voulait faire récupérer les canons qu'ils avaient cachés, pour qu'ils ne tombent pas dans les mains de l'ennemi prussien ..
    Pourquoi les communards se sont-ils ainsi révoltés ?
    Napoléon III avait déclaré cette guerre à la Prusse sous un mauvais prétexte, ( monté en épingle il faut bien le dire par Bismarch cf.le télégramme d'Ems) puis cette guerre mal commencée, avec de méchants moyens, il s'est effectivement retrouvé vaincu et prisonnier à Sedan. Il a accepté des conditions humiliantes pour le pays....
    Les citoyens n'avaient pas voulu faire cette guerre, et ils ne trouvaient pas juste de subir ces humiliations.. Les Parisiens n'ont pas accepté que l'armée prussienne investisse Paris,d'où leur révolte, la déclaration de république et tout ce qui en a suivi ..
    Les Prussiens ont même accepté de libérer des prisonniers français sur la demande de Thiers pour qu'ils viennent renforcer l'armée des Versaillais contre les communards de Paris ...

  • Archives de Vigile Répondre

    5 août 2010

    Je sais que madame Morot-Sir est assez grande pour se défendre seule, mais vous me permettrez, M. Perez, en tant que lectrice de Vigile depuis ses débuts, de vous signaler que cet article ne vise pas à faire la promotion des armées (voir votre dernier article sur Vigile et la réplique de M. Sauvé) et comme le dit si bien ce colonel «tsébin, nous sommes pour la paix », mais plutôt de nous rendre une fierté perdue depuis 250 ans. Et nous faire comprendre que nous devons renouer les alliances perdues avec nos frères indiens et métis (métis dans le sens canadien du terme, art. 35 de la constitution canadienne, soit des unions entre Européens et Indiens d'Amérique).
    Et je n'ai jamais senti chez madame Morot-Sir le désir de faire l'étalage de ses connaissances militaires ou autres, au contraire. Ces textes sont toujours d'une grande sensibilité, d'un grand respect pour NOUS. Voilà ce que nous voulons lire...
    Je me demande si vous connaissez bien tout ce que sous-tend d'émotions, de rêves perdus, de problèmes identitaires, toute l'Histoire de la Nouvelle-France qu'on a de cesse de jeter dans le fleuve de l'oubli.
    Pour ceux dont les ancêtres sont ici depuis des temps immémoriaux, madame Morot-Sir est un baume sur des plaies qui n'en finissent plus de guérir.
    Et n'oublions jamais que « faire le deuil, c'est prendre le chemin de l'oubli » et c'est bien ce que nos ennemis rêvent le plus pour nous : le néant identitaire.
    Je lui dis encore merci !

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    4 août 2010

    Mme Morot-Sir,
    Vous écrivez : « La Paix de Montréal a été un message monumental lancé aux Anglais qui l’ont reçu cinq sur cinq. Ils ont si bien senti le vent du boulet les effleurer, qu’ils ont, à partir de cet instant, mis en place tous les éléments qui leur permettront cinquante ans plus tard de se saisir de cette Nouvelle France tant convoitée, en constatant que les autorités françaises en France, ne comprenaient pas et même sous-estimaient l’enjeu qu’elles détenaient !
    (…)
    Est-ce pour ces regrets inexprimés, sous-tendant l’incurie et l’incompétence de ces gouvernants qui n’ont jamais eu la vision supérieure nécessaire à tout grands hommes d’Etat, y compris le roi, est-ce pour cela que nous observons depuis toutes ces années un relatif oubli dans lequel cette épopée française américaine a sombré et que bien peu remettent en avant ? ».
    Pourtant, Mme Morot-Sir, « Le Passé est le Passé » et il faut le rappeler tel qu’il fut concernant les conséquences historiques et le résultat de la mainmise anglaise sur la Nouvelle France que vous décrivez, lesquelles n’étaient pas dues à « … l’incurie et l’incompétence… », sinon à la supériorité des forces armées anglaises, surtout navales, si nous voulons rendre hommage à la vérité pour éviter de tomber dans les clichés qui ne font que tuer l’Histoire du Québec et celle de la France.
    Avec ce passage extrait de mon article L’Histoire écrite par les vaincus*Québec/Gibraltar** : deux colonies assurant l’équilibre du pouvoir oligarchique, l’on peut mettre un peu plus d’équanimité quand on écrit sur l’histoire de ce passé tristement malheureux pour nous tous :
    Dans cette période de conflits paneuropéens, les Anglais ont envahi le cap de Gibraltar (Andalousie), territoire d’outre-mer sous la mainmise du Royaume-Uni depuis 1707. La guerre de Succession d’Espagne, 1701 à 1714, opposant l’Espagne et la France, avait fait que cette enclave stratégique de premier ordre tombe facilement sous contrôle britannique et qu’elle le soit encore aujourd’hui en raison du pouvoir centraliste espagnol corrompu étant sous la tutelle de la monarchie des Bourbon. Gibraltar, colonie considérée illégale par l’ONU, est située au sud de l’Espagne, seul territoire colonial existant aujourd’hui en Europe, tout comme le Québec est la seule colonie en Amérique du Nord. La géopolitique et le trafic illégal ont fait de Gibraltar, comme toujours il a été, une enclave stratégique de grande importance pour les pouvoirs oligarchiques. Cette colonie est située en bordure du détroit de Gibraltar reliant la Méditerranée à l’océan Atlantique où confluait 70% du commerce maritime asio-africano-européen. C’est dans ce contexte d’échanges et de relations multilatérales imposées que le contrôle de ce territoire andalou fut pris par les Anglais en connivence avec des caciques et laquais andalous faisant partie du pouvoir centraliste espagnol à Madrid et les forces anglo-néerlandaises de l’amiral George Rooke le 21 juillet 1704, qui devient gouverneur de Gibraltar. La « légitimité » « juridique » et « politique » de cette colonie est confirmée et « reconnue » par l’Espagne des Bourbon, en raison de ces traîtres pro-royalistes espagnols qui avaient approuvé l’infâme accord dénommé Traité d’Utrecht de 1713. En plus de Gibraltar, la Grande-Bretagne reçut par cet accord, Terre-Neuve, l’Acadie et Minorque.
    Toutefois, c’est à partir du contrôle de l’enclave géostratégique de Gibraltar (Calpé en latin, dans la mythologie grecque ce rocher fait partie de l’une des Colonnes d’Hercule. L’autre étant Ceuta ou Mons Abyla au nord du Maroc. L’empereur Charles V les avait incluses dans son blason d’armes comme symbole héraldique de puissance dans l’Empire Espagnol) que furent possibles la conquête du Bas Canada et la soumission des Canadiens français, effectuées par les forces navales britanniques étant sous les ordres du premier ministre et ministre de la Guerre, William Pitt (leader du nationalisme anglais face aux Bourbon français et espagnols qui conduisit la Grande Bretagne à la victoire de la guerre de Sept Ans). Il convient de souligner que la marine française ne pouvait s’aventurer à faire face à ce bouclier maritime anglais qui s’étendait du sud de l’Angleterre jusqu’à Gibraltar (incluant les côtes maritimes du Portugal protégées par les anglais), ni compter sur leur propre force navale ou celle de l’Armada, laquelle avait été détruite par la marine anglaise lors de la bataille de Trafalgar en 1805. En définitive, les forces navales françaises restaient pratiquement neutralisées, ne pouvant aller défendre leurs colonies en raison du contrôle exercé par les britanniques dans cet espace maritime de capitale importance pour l’expansionnisme impérialiste anglo-saxon.
    Jean-Louis Pérez

  • Archives de Vigile Répondre

    4 août 2010

    Vous avez un talent incroyable pour nous raconter notre histoire et souligner au fluo certains de ses aspects grandioses.
    Il vous faudrait écrire un livre sur l'épopée française en Amérique. Nous pourrions l'utiliser dans nos écoles.
    P. Lavallée

  • Archives de Vigile Répondre

    4 août 2010

    « Est-ce pour ces regrets inexprimés, sous-tendant l’incurie et l’incompétence de ces gouvernants qui n’ont jamais eu la vision supérieure nécessaire à tout grands hommes d’Etat, y compris le roi, est-ce pour cela que nous observons depuis toutes ces années un relatif oubli dans lequel cette épopée française américaine a sombré et que bien peu remettent en avant ? »
    C'est tout à fait celà.
    On ne parle pas de ses erreurs fondamentales. Ça n'existe pas les conneries pour la trop orgueilleuse France, souvent gouvernée par des connnards d'ancien puis de nouveau régimes. En voici un très bon exemple : le massacre des communards par les versaillais en 1871 :
    « La répression contre les communards fut impitoyable : il
    y eut beaucoup d'exécutions sans jugement, par exemple d'ouvriers dont les mains portaient ou semblaient porter des traces de poudre révélant l'emploi récent d'armes à feu. Le total serait de 20 000 ouvriers fusillés sans jugement. Les tribunaux de leur côté prononcèrent 10 137 condamnations : 93 à mort, 251 aux travaux forcés, 4586 à la déportation (en particulier en Nouvelle-Calédonie), le reste à des peines de prison variables. Seuls 23 condamnés à mort furent exécutés. Les lois d'amnistie n'interviendront qu'en 1880...»
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Commune_de_Paris_(1871)

  • Archives de Vigile Répondre

    4 août 2010

    Comme vous nous aimez madame Morot-Sir !...
    Merci de nous rappeler tous ces événements que nous sommes souvent portés à oublier !

  • Michel Laurence Répondre

    4 août 2010

    @Marie-Hélène Morot-Sir
    Merci, grâce à vous, une lumière de plus vient de s'allumer.