La grand-messe budgétaire

JJC - chronique d'une chute annoncée

Le premier ministre Jean Charest avait convié hier ses ministres à une grand-messe budgétaire un mois après le dépôt du budget Bachand. Cette réunion exceptionnelle montre à quel point le budget ne passe pas le test de la crédibilité dans l’opinion publique. Les électeurs n’ont pas le goût de passer à la caisse sans la contre-partie mesurable. Il y avait une part de marketing politique dans cet exercice, doublé d’un serrage de vis un peu tardif.
Normalement, la lecture du budget donne les grands paramètres de la prochaine année et le Conseil du trésor s’organise par la suite pour réaliser les objectifs. Pour le moins curieux que le plan de compressions suive le dépôt du budget de plusieurs semaines. La préparation de ce plan aurait dû précéder le budget qui, faut-il le rappeler, a été voté par l’Assemblée nationale au cours des derniers jours! Les ministres auraient eu à plancher sur divers scénarios de réduction de dépenses dans leur secteur, ce qui aurait ajouté du poids au discours gouvernemental.
On peut en conclure que certains éléments budgétaires n’étaient pas, ou peu, attachés. C’est le cas, toujours choquant, des primes et bonis dans le secteur public. Lors de la présentation du budget, on annonçait en grande pompe la suspension de ces privilèges, y compris dans les sociétés d’État.
Or, il ne se passe pas une semaine sans qu’on apprenne que le party continue. Le gouvernement cherche donc après coup comment réaliser son engagement au plan juridique en tenant compte de l’autonomie des sociétés d’État.
La réunion d’hier laisse croire par ailleurs que le message ne s’est pas rendu assez clairement à chacun des ministres du cabinet, d’où la nécessité de resserrer l’étau.
On craint à juste titre que le récurrent « pas dans ma cour » ne vienne saboter l’engagement pris par le gouvernement. Chaque ministre considère évidemment que sa mission est fondamentale, que ce soit en santé, en éducation, en matière de famille, de transport... et que le discours s’applique donc à son voisin. Pour livrer plus de 6 milliards de coupes, il faudra bien que ça saigne quelque part. À l’ordre du jour d’hier, un calendrier strict et une obligation de fournir une liste de compressions dans chaque ministère.
Cette réunion visait donc à faire descendre le message dans la pyramide. Rien de tel incidemment qu’une menace de remaniement ministériel pour préparer les esprits et briser des résistances. Malgré son caractère musclé, le budget du 30 mars ne contenait qu’une seule mesure en vigueur immédiatement, la hausse de taxe sur l’essence, que vous avez sans doute déjà oubliée.
Le reste est à venir, des mesures impopulaires comme la franchise santé que le ministre Bolduc promet maintenant, ah bon, de moduler. Quant au 62 % de l’effort collectif pour retrouver l’équilibre financier il est devenu la mesure avec laquelle ce gouvernement sera jugé.
S’il ne réussit pas rapidement à répondre aux attentes, le premier ministre Charest pensera lui-même à faire sa valise. Il serait plus juste maintenant de parler du budget Charest, tant il s’est lié lui-même à la réalisation de sa part du sacrifice.
Comme Lucien Bouchard avec le déficit zéro.
donald.charette@journaldequebec.com


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