Comme on s’y attendait, c’est la droite qui a largement remporté le second tour des élections départementales françaises. Alors que la gauche perd la moitié des départements qu’elle avait elle-même pris à la droite cinq ans plus tôt, la coalition réunissant la droite (UMP) et les centristes (UDI) remporte au moins 25 départements supplémentaires. La gauche enregistre son plus mauvais résultat à une départementale depuis son record historique en 1992. Symbole de cette dégelée, même le département du président François Hollande, la Corrèze, passe à droite. Même chose pour les Deux-Sèvres, ancienne circonscription de l’ex-candidate socialiste à la présidence Ségolène Royal.
Ce second tour de l’élection départementale vient confirmer la fin du bipartisme et la consolidation en France d’un régime à trois partis. Le premier ministre, Manuel Valls, qui a orienté toute sa campagne contre le Front national, y voit même « un bouleversement durable de notre paysage politique, dont tout le monde devra tirer des leçons ». Selon le premier ministre, « les scores trop élevés de l’extrême droite restent un défi pour tous les républicains ».
Pas de triomphalisme
À droite, malgré la joie évidente, il n’y avait pas de triomphalisme. « L’alternance est en marche, rien ne l’arrêtera », a déclaré le président de l’UMP, Nicolas Sarkozy. « À travers leur vote, les Français ont massivement rejeté la politique de François Hollande et de son gouvernement, dit-il. Le désaveu est sans appel. Jamais une majorité n’avait perdu autant de départements. Jamais un pouvoir en place n’avait suscité une telle défiance. »
Nicolas Sarkozy sait cependant que, sans les centristes, c’est le Front national qui sortirait de cette élection avec le titre de premier parti de France. L’UDI pourrait doubler le nombre de ses conseillers généraux. S’il doit sa victoire à cette alliance, Nicolas Sarkozy la doit aussi au report vers l’UMP (au second tour) d’un grand nombre d’électeurs du FN, comme dans les Côtes-d’Armor. Pour le président de l’UMP, cette victoire vient valider son retour en politique et sa stratégie qui devrait mener, le 30 mai prochain, à une refondation de l’UMP qui sera dotée d’un nouveau nom et de nouveaux statuts.
Le FN s’implante partout
Le parti qui progresse demeure néanmoins le Front national. Cette élection confirme que son implantation s’étend dorénavant sur l’ensemble du territoire. Le FN passe d’un seul conseiller départemental à une centaine, dans une élection qui lui est traditionnellement très défavorable. Dimanche, les représentants du parti cachaient pourtant mal leur déception de n’avoir pu conquérir la direction d’un seul département, faute d’allié électoral. Dans l’Aisne, que le FN espérait conquérir, le parti est arrivé troisième. Dans le Vaucluse, les majorités se sont jouées dans un mouchoir de poche, mais le FN ne pourra pas diriger le département.
Cela n’a pas empêché Marine Le Pen de claironner que « libre et indépendant, le FN s’oppose à l’“UMPS”, dont chacun a pu constater qu’elle est d’une réalité indiscutable ». Selon la présidente, « les dirigeants nationaux avaient un objectif commun : battre le FN, quitte à se soutenir l’un l’autre avant le second tour ». Soucieuse de s’implanter localement, Marine Le Pen fixe comme objectifs prioritaires à ses élus de « stabiliser et réduire les impôts » et d’« interdire le voile [islamique] à la crèche ». Détail significatif, la présidente du FN fut la seule à conclure son intervention comme le faisaient traditionnellement tous les chefs de partis en lançant « vive la République et vive la France ».
Même si la gauche résiste dans une trentaine de départements, le premier ministre, Manuel Valls, cachait mal sa déception. Selon lui, c’est la division à gauche qui a ouvert la voie à cette victoire. « La gauche, trop dispersée, trop divisée au premier tour, connaît un net recul malgré un bon bilan des exécutifs départementaux », dit-il. Depuis des semaines, le premier ministre avait orienté toute sa campagne contre le Front national.
À Bordeaux, l’ancien premier ministre Alain Juppé, qui ne cache pas ses ambitions présidentielles, dit voir dans la victoire de la droite celle « de la stratégie d’alliance » avec le centre qu’il promeut depuis des mois, à l’encontre de Nicolas Sarkozy.
Égalité des sexes
Cette élection départementale, où moins de la moitié des électeurs se sont déplacés, est la première où, pour cause d’égalité des sexes, les électeurs devaient voter pour un binôme constitué d’un homme et d’une femme. Ce nouveau mode de scrutin pourrait cependant compliquer les résultats finaux. Rien n’assure en effet que, lorsque viendra le moment d’élire le président du département, chaque élément du binôme votera de la même façon.
À droite comme au FN, on a déjà commencé à préparer les élections régionales qui se tiendront en décembre prochain. Une élection qui pourrait favoriser le FN puisqu’il s’agit cette fois d’un scrutin proportionnel.
ÉLECTIONS DÉPARTEMENTALES
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