La population québécoise n’a pas à rougir devant la campagne de presse hostile menée à l’encontre de la loi 96, a fait valoir le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette.
« On n’a pas à être gênés d’adopter des lois [pour] protéger le français », a-t-il dit en marge d’un congrès national de la Coalition avenir Québec, organisé sous le thème de la fierté samedi.
L’élu caquiste réagissait à la publication d’éditoriaux et de chroniques dans la presse internationale égratignant la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français (loi 96) — qui recevra la sanction royale du lieutenant-gouverneur J. Michel Doyon mercredi — à commencer par ceux reposant sur des « prémisses » qui « ne sont pas exactes ».
Simon Jolin-Barrette a dit trouver « inacceptable » de voir des éditorialistes et des chroniqueurs de médias comme The Washington Post qualifier au passage le gouvernement québécois de raciste et de xénophobe. « On a fait des rectificatifs. On va continuer à en faire », a-t-il fait remarquer dans une mêlée de presse.
Le ministre n’écarte pas la possibilité de déployer une campagne d’information sur la réforme linguistique afin de sauvegarder la réputation du Québec à l’étranger. « C’est une avenue qui pourrait être envisagée », a-t-il mentionné.
« Le Québec est le seul État francophone en Amérique du Nord. La situation du français sera toujours vulnérable et nous devons à ce titre-là adopter des lois pour protéger et assurer la pérennité du français », a insisté l’auteur de la loi 96, Simon Jolin-Barrette. « On n’a pas à être jugés par quiconque pour préserver les spécificités de la nation québécoise. On va continuer de le faire », a-t-il ajouté avant de faire son entrée dans la salle principale du Centrexpo Cogeco, à Drummondville.
Plus tard, le ministre André Lamontagne a soutenu que la CAQ n’hésite pas à poser des « gestes forts » comme la loi 96 ou la Loi sur la laïcité de l’État québécois (loi 21) pour protéger la spécificité québécoise. « Il y en a pour qui ça ne fait pas leur affaire qu’on exprime notre différence… parce que c’est une différence qui peut déranger », a-t-il affirmé, tout en arpentant la scène. « J’ai des petites nouvelles pour vous autres, ce n’est pas parce qu’on dérange qu’on va renoncer et qu’on va renoncer à être qui nous sommes. Au contraire, ça doit nous motiver. Il faut qu’on accepte que des fois on va déplaire à certains. »
Un musée pour faire mentir Lord Durham
À près de quatre mois des élections générales, quelque 1500 membres de la CAQ y débattaient samedi de 23 oppositions à l’attention du gouvernement de François Legault.
Ils l’ont notamment invité à mettre sur pied un musée de l’Histoire nationale du Québec. L’enseignant en histoire Samuel Massicotte y voit notamment une occasion de donner tort à Lord Durham, selon qui les descendants des Français formaient un « peuple sans histoire et sans littérature ». « Ça fait plus de 400 ans que nos ancêtres ont foulé cette terre pour la coloniser, pour la développer. On survit encore malgré certaines tentatives d’un autre palier de gouvernement de nier notre langue, de nier nos droits. On continue de s’accrocher. En créant un musée de l’Histoire nationale, on montre qu’on est un peuple fier », a souligné le président régional Saguenay-Lac-Saint-Jean de la Commission Relève de la Coalition avenir Québec.
Un référendum proposé, puis écarté
Les membres de la CAQ ont aussi demandé à l’équipe de François Legault « de réitérer sa demande au fédéral de transférer l’ensemble des pouvoirs en immigration le plus rapidement possible au gouvernement du Québec », et ce, « afin de préserver la vitalité du français et le poids démographique des francophones ».
Des militants ont proposé au gouvernement québécois de tenir un « référendum sectoriel » afin d’établir un rapport de force plus favorable à sa demande d’obtenir la maîtrise du programme de regroupement familial, mais en vain. « Nous avons à maintes reprises répété cette demande. Le Canada dit “non” chaque fois depuis le gouvernement de Robert Bourassa. Pourtant, chaque fois on prend notre trou. On cède pour un autre ; parfois pour un autre six ans. Ça suffit le niaisage ! » a fait valoir Kevin Serafini, militant de Terrebonne.
À ses yeux, un transfert des pouvoirs d’Ottawa à Québec en matière d’immigration devra être non seulement la question à l’urne le 3 octobre prochain, mais aussi l’objet d’une consultation populaire. « La première initiative de la prochaine législature devra être l’organisation d’un référendum sur l’immigration », a-t-il soutenu. « Bravo ! » a lancé une sympathisante caquiste. L’état-major de la CAQ a toutefois jugé sa proposition d’amendement non recevable.
La militante Isabelle Vaillancourt a suggéré de mettre en branle « des référendums populaires » et des « manifestations » afin d’accroître la pression du gouvernement québécois sur le gouvernement fédéral. L’état-major de la CAQ a aussi jugé sa proposition d’amendement non recevable. « On va laisser la négociation entre le Québec et le fédéral entre les mains des ministres concernés », a indiqué la députée Joëlle Boutin.
Le gouvernement caquiste « n’acceptera jamais un “non” d’Ottawa », a précisé André Lamontagne durant l’après-midi.
Par ailleurs, les caquistes ont suggéré samedi de créer un cours obligatoire d’histoire et de culture du Québec au programme collégial, de concevoir un « catalogue de grandes œuvres artistiques québécoises » destinées au premier chef aux enseignants et de mettre sur pied un concours pour désigner la capitale touristique et culturelle québécoise de l’année.
Les détracteurs de la CAQ s’expliquent mal pourquoi le parti de François Legault a choisi de tenir son dernier grand rassemblement de la législature sous le thème de la fierté alors que le coût de la vie monte en flèche, la crise climatique fait rage, le réseau de la santé peine à se relever de la pandémie de COVID-19…
« La prospérité et la fierté, ça va ensemble. […] Ça rejoint la priorité des Québécois », a fait valoir le chef caquiste, François Legault, dont le 65e anniversaire de naissance a été souligné par Ginette Reno samedi. « Je vous donne le go de vous amuser, de faire tout ce que vous avez envie de faire », a déclaré la chanteuse par écrans interposés.
Le premier ministre était presque ému aux larmes, soulignant qu’il n’y a pas plus Québécois que Ginette Reno. « Ouais, je vieillis », a-t-il lâché.