Une commission d'enquête à huis clos

La farce d'un maître patelin

Il ne faudrait pas prendre les magouilleurs pour des caves!

Tribune libre 2011


Le grand patron de l'Unité anti-collusion, Jacques Duchesneau, a suggéré la tenue d'une commission présidée par trois juges qui recueilleraient des témoignages à huis clos. Selon lui, un tel scénario n'exclut pas pour autant une enquête publique en bonne et due forme mais aurait l'avantage d'inciter des témoins réticents à se mettre à table à l'abri des médias.
Pourquoi pas ? Quelle idée lumineuse! Les fripouilles, enfermées derrière des portes closes, vont tout à coup devenir de gentils garçons et vont cracher le morceau aux gentils juges qui, eux, vont s’empresser de divulguer les révélations des convertis lors d’une enquête publique subséquente! Vous y croyez, vous? Il ne faudrait pas prendre les magouilleurs pour des caves!
À moins de faire preuve de naïveté, ce dont je doute de la part d’un fin limier comme Jacques Duchesneau, la patron de l’UAC essaie de nous passer un sapin. En termes plus clairs, il désire gagner du temps pour son grand ami Jean Charest qui, pendant que nos « amis », aux dires de Duchesneau, se
« mettront à table à l’abri des médias », en profitera probablement pour déclencher des élections sous le couvert d’une probité protégée par les travaux d’une commission d’enquête « sérieuse » présidée par trois juges.
Et, pour ajouter l’odieux à l’insolence, pendant que ces messieurs discutent
« sérieusement » sur la pertinence de tenir une commission d’enquête à huis clos, nos fripouilles ont tout le loisir de faire le ménage dans leurs papiers et d’arriver « blancs comme neige » à la barre des témoins, après avoir camouflé des coûts de corruption de l’ordre de 4,5 milliards par année, ce qui représente 570$ par Québécois.
Mais là où le bât blesse outrageusement, c’est que la population du Québec, celle-là même qui continue de payer des taxes qui profitent à ces renégats, se voit prise en otage dans les filets d’un système corrompu qui l’extirpe de ses droits fondamentaux de justice et de redditions de comptes de la part de ses dirigeants auxquelles elle aurait droit par le biais d’une commission d’enquête publique.
En réalité, la suggestion de Jacques Duchesneau revêt toutes les apparences de la farce d’un maître patelin (1) en train d’enrober dans du velours un cadeau de grec!
(1) Adjectif : doucereux, hypocrite, enjôleur.

Henri Marineau
Québec


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Henri Marineau2020 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    28 septembre 2011

    Moreau prend le mors aux dents, il y a un duchesnon manquant dans toute cette histoire.
    Pont Mercier : Pierre Moreau demande à François Rebello de s’excuser.
    http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2011/09/28/003-allegations_favoritisme-moreau_demande-excuses_rebello.shtml

  • Archives de Vigile Répondre

    28 septembre 2011

    Monsieur Marineau
    Votre titre nous fait connaître un classique, comme Lucien nous avait fait connaître le roi Pétaud.
    Et je me permets de pousser un peu plus loin l'information, grâce à mon vieux dico Quillet du collège:
    La farce de maître Patelin ou Pathelin: Farce anonyme française du XVième siècle, où Guillaume, marchand de drap, reconnaissant un débiteur dans l'avocat du berger contre lequel il plaide, embrouille si bien les deux affaires devant le juge que celui-ci dit: "Revenons à nos moutons", phrase devenue proverbiale pour signifier: revenons au vrai sujet du discours.
    Et pendant qu'on y est: Le "cadeau de grec" n'ayant rien à voir avec la crise de l'Euro bien sûr :-) mais faisant allusion au cheval de Troie laissé mystérieusement aux portes de la ville durant la nuit, et qui se déversa de ses fantassins une fois introduit en leur enceinte par les Troyens... s'imbrique-t-il bien dans cette fable, surtout enrobé de velours?
    Juste pour s'amuser.