Mon pays ce n'est pas un pays
C'est l'envers d'un pays
Qui n'était ni pays, ni patrie [...]
Gilles Vigneault, Mon Pays (1965)
.
Réf. : En guise de complément au texte de M. Luc-Normand Tellier, paru dans Le Devoir du 27 Juin 2013
.
L'opinion la plus généralement «accréditée», et au reste soigneusement distillée, dans les Kanadians Médias, au sujet du Québec, participe tout à la fois, je pense, dans des proportions variables, et selon les cas et/ou les événements ponctuels:
a) de l'Ignorance. Volontaire ou en conséquence de l'incompétence. Le plus souvent les deux réunies. À commencer par l'inaptitude et/ou le refus ferme de maîtriser ou de comprendre la langue du peuple que pourtant l'on prétend être habilité à «analyser»;
b) d'un phénoménal préjugé idéologique à l'égard des francophones (préjugé communément appelé: Xénophobie); et enfin,
c) d'une extraordinaire, pour ne pas dire sidérante, Malhonnêteté intellectuelle.
Pour ma part, il y a longtemps que je ne m'en formalise plus. Ou si peu. À la vérité, la Kanadian Press aura plutôt joué un rôle important, and so very positive, dans ma propre évolution citoyenne vers la conviction que l'Indépendance du Québec du Rest of Kanada est à la fois nécessaire et inéluctable. C'est une question de psychologie élémentaire: un individu sain d'esprit ne s'acharne pas à imposer son existence à qui le déteste copieusement. Voilà tout.
Qu'un soi-disant grand pays -- moderne, informé, pacifique, instruit, libre et «ouvert» (si du moins on se fie à la réputation qu'il s'est acquise progressivement sur la scène internationale, au fil des générations depuis 1867) -- puisse, systématiquement et en permanence, et ce à la faveur de décennies qui s'enchaînent inexorablement, régurgiter ainsi, et sans retenue, sur un autre peuple, constitue à mes yeux l'indice indiscutable que la nation du Québec n'a aucunement sa place au sein de ce marché de dupes que constitue le Kanada pour les Québécois, ainsi que pour l'ensemble des «Parlants français» de ce pays de papier.
Le Kanada ne connaît pas le Québec. «Mieux» encore: il ne veut absolument pas le connaître. Mais fort de cette ignorance chérie comme une névrose qui conforte avec bonheur la paresse intellectuelle de qui en est affecté, du Calgary Sun au National Post, au Toronto Sun et au Globe and Mail, en passant par ses innombrables Herald, son Citizen in Ottawa et autres (québécoises pour le coup!) Suburban (Beryl Wajsman au premier chef) ou The Gazette, on ne se lasse jamais, chez ces gens-là, de dégobiller tout le fiel possible sur un Peuple qui ne les intéresse -- aveuglement volontaire et mauvaise foi jalousement entretenus en guise de carburant -- que pour mieux le discréditer, l'avilir, le décrier et, enfin, le diffamer.
À la vérité, le Kanada est en guerre perpétuelle contre le Québec. Or il n'y a que les Québécois qui n'en savent rien. Et ça, madame, il faut bien en convenir, c'est d'un pacifisme rare. À faire rougir tous les Danemark, les Norvège et les Suisse de la Planète réunis...
En conséquence, si ces gens-là (ah! je pense à la brillante chanson de Jacques Brel...) nous haïssent à ce point, la question de M. Tellier se pose avec haute pertinence, en effet: «Pourquoi souhaitez-vous que nous restions dans ce pays ?»
Pour ma part j'enchaînerais celle-ci illico avec une autre interrogation, non moins "métaphysique". Et, il me semble, plus cruciale encore. À savoir:
Pourquoi Nous, Québécois, nous entêtons-nous à demeurer dans ce pays qui, très manifestement, aujourd'hui comme hier, et certainement moins encore que demain, est l'envers radical du pays que Nous sommes d'ores et déjà, depuis toujours, indubitablement ?
Là-dessus, je vous souhaite Happy Birthday Kanadians, on the next 1st of July.
Nous, ce jour-là, voyez-vous, ce n'est pas exactement la fête: On déménage!
C'est en quelque sorte notre répétition théâtrale annuelle.
Avant le vrai et définitif.
Déménagement.
A First of July. For sure.
Reste seulement à déterminer l'année.
.
Jean-Luc Gouin,
Vieux-Québec en Capitale nationale, samedi le 29 Juin 2013
La fabuleuse « kanadian » bêtise
Essai d'explication
Tribune libre
Jean-Luc Gouin94 articles
Chambrelan du verbe et indocile citoyen de la Cité (les dossiers de la Francité et de la « Question » nationale du Québec l’occupent – et le préoccupent – tout particulièrement), mais &eac...
Cliquer ici pour plus d'information
Chambrelan du verbe et indocile citoyen de la Cité (les dossiers de la Francité et de la « Question » nationale du Québec l’occupent – et le préoccupent – tout particulièrement), mais également docteur en philosophie diplômé de l'Université Laval et spécialiste nord-américain du penseur allemand Hegel, JLG a publié ouvrages et maint article portant pour la plupart sur celui-ci.
Hegel. De la Logophonie comme chant du signe, son dernier opus, fruit de trente ans de recherche, a été publié simultanément, en 2018, et aux PUL, à Québec, et chez Hermann à Paris.
Textes « citoyens » choisis de Jean-Luc GOUIN ( 1995-2018 )
( parmi quelques centaines, qui hélas ne vieillissent pas )
•• Les Bilinguistes. Grands sorciers des langues phagocytaires
•• Débat sur la langue dans le quotidien Le Devoir (Été de 1998)
- Le Délanguissement. Perdre ses mots, avoir tout faux
- Le Pittbull de Pittsburg et les dames de Montréal (Réponse à mes « détracteurs » )
- L’ensemble du débat accessible à la page suivante: https://vigile.quebec/archives/pol/ 101 jlg/index-langue.html
•• Qui sort, digne ! Franchir le miroir de notre schizophrénie collective
•• Le Franc Pays. Québécois ou Québec coi ? (+ de 20 ans plus tard, rien n’a changé...)
•• Le Lys dans le lisier (Ou pourquoi l’Indépendance du Québec, en quelques mots)
•• Aux larmes citoyens ! (anthropoème en hommage à Gaston Miron)
- Feu Claude Jutra. Un lynchage en règle sans règles aucunes
- Le Quadricéphale. Un animal rare. Hommage à Sylvain Lelièvre (1943-2002)
- La « québécoise » METRO et la Langue française (Délinquance : un cas de figure)
- A (2009) - https://vigile.quebec/articles/chaine-alimentaire-ou-chaine-de-l-asservissement-volontaire-20950
- B (2016) - https://vigile.quebec/articles/la-chaine-metro-metonymie-de-nos-chaines
- La Bibliothèque de Québec. L’histoire d’une Trahison (De l’Englissement programmé)
- A (2015) - www.soreltracy.com/liter/ 2015 /aout/ 18 a.htm ( A Quebec Public Library )
- B (2016) - https://vigile.quebec/articles/le-poing-sur-la-langue ( Le Poing sur la Langue )
- Je suis un terroriste ! (Lettre d’anté-tombe à Paul Rose (1943-2013) )
- Le statut de la Liberté
- Jean-François Lisée : L’homme de la dernière chance ? (Chefferie du PQ – O ct. 2016)
•• Philippe Couillard : Le Philippe Pétain de notre temps (Lettre à mon premier sous - ministre)
- Ma Langue à couper
- Colonne vertébrale ou Mort cérébrale (La prestation scénique SLĀV à Montréal)
- Quelques recensions (O CTOBRE , Gilles Vigneault, Gérald Godin...)
•• Autres espaces de réflexion (Société, Culture, Politique... dont : Ouvrez le Feu ! , Liquider pour argent liquide , Halloween. Plaie ou plaisir de l’enfance ? , Interdit de ne pas fumer ! ...)
•• De l’humain travesti en divin (modeste contribution au projet d’une Charte de la laïcité)
•• Précis sur la malhonnêteté intellectuelle (aussi nommée mauvaise foi)
•• L’Homme Prométhée (une forme de « CQFD » irrésistible aux textes qui précèdent...?)
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
1 juillet 2013Merci à vous, monsieur (?...) « Nicodème », pour votre mot aimable.
Je reconnais bien là, M. « Ougho », votre plume tout à la fois réfléchie, énergique, informée et, il faut bien le dire, intelligente.
Je n'ignore pas la conjoncture dont vous m'entretenez. Et je ne sais que trop que le « Nous » dont je parle - et vous aussi, bien sûr - a des allures trop souvent approximatives, sinon déliquescentes. Évanescentes, pour le moins.
Tout joue contre ce Nous. Contre Nous. Certes. Et d'abord depuis "son" intérieur même -- nous sommes, à vrai dire, le seul véritable ennemi létal de notre propre Nous -- de « Je » dispersés dans le plus parfait... désordre. Voire, décimés en permanence.
Raison de plus pour ne pas baisser les bras.
Jamais.
Car la Cause est noble : l'Humanité a besoin de la saveur québécoise.
Ainsi que de la langue de haute culture qui nous tricote depuis le fond des âges.
Citoyennement vôtre, compagnons de la Dignité !
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
30 juin 2013"Pourquoi Nous, Québécois, nous entêtons-nous à demeurer dans ce pays qui, très manifestement, aujourd’hui comme hier, et certainement moins encore que demain, est l’envers radical du pays que Nous sommes d’ores et déjà, depuis toujours, indubitablement ?"
La question est tellement lancinante que la réponse coule, tragique:
Le Nous que vous évoquez n'existe plus pour voter majoritairement.
Suffit de décortiquer ce Nous: Les Québécois sont gangrenés au Nord, à l'Est, au Sud et surtout à l'Ouest par l'influence "mondialisante" de la majorité mondiale anglaise au complexe de supériorité. Et cette gangrène gagne majoritairement ceux que le Kanada invite sur notre territoire. Plus encore, cette gangrène atteint aussi le
coeur même de notre relève, la jeunesse qui a tenté le plus grand effort d'identité le printemps passé, réclamant plus de justice pour son avenir collectif: on l'a bafouée avant et après. Pas prête de s'impliquer aux urnes. Et notre "gray power", de plus en plus important en nombre, stressé par les menaces de rapt des banques sur leurs avoirs, rentre discrètement dans ses terres.
Et encore une fois, quelle couche du Nous est absente de ce forum, sur Vigile? La part importante des parlant français qu'on a abandonnée dans l'analphabétisme fonctionnel, à peine capable de lire les grands titres des "grands médias" orientés contre nous...
Cercle vicieux: pas assez nombreux pour élire un gouvernement indépendantiste ou gouvernement pas assez indépendantiste pour enseigner vigoureusement dans nos écoles?
Nicodème Camarda Répondre
30 juin 2013J'admire. Merci Jean-Luc! Cela se lit tout seul et sa coule. Je m'étonne qu'il n'y ait aucun remerciement et aucun commentaire après 293 lectures.. Je tenais à briser ce silence.