La dette comme arme terroriste

Le Québec d'aujourd'hui n'est pas la Grèce. Mais si nous suivons les recommandations syndicales, cela pourrait arriver plus vite qu'on pense.

Crise mondiale — crise financière


Les centrales syndicales accusent le gouvernement Charest de gonfler le problème de la dette pour «terroriser la population» et faire accepter les compressions budgétaires qu'il juge nécessaires. S'appuyant sur une étude de l'économiste Louis Gill, les syndicats estiment que la dette du gouvernement québécois se compare favorablement à celle des États des autres pays développés. Selon M. Gill, il n'y a aucune raison pour que les contribuables «se privent» de milliards de dollars afin de rembourser la dette publique.
Les syndicats ne sont pas non plus inquiets du fardeau d'endettement que nous lèguerons à nos descendants: «Le meilleur legs à laisser aux générations futures et la meilleure dotation à offrir à la génération actuelle, écrit M. Gill, consistent dans les investissements dans la santé, l'éducation et les infrastructures sociales.» Autrement dit, au diable la dette, dépensons!
Nous laisserons aux spécialistes le débat sur le concept de dette (dette brute? dette nette?) qu'il faut employer et sur la meilleure méthode de comparaison entre l'endettement de différents États. Le Québec est-il aussi endetté que la pauvre Grèce? Se situe-t-il plutôt au même niveau que la moyenne des pays de l'OCDE? Au lieu de prendre parti pour une thèse ou pour l'autre, voyons comme les agences de notation ont tranché la question: la cote de crédit attribuée au gouvernement du Québec est meilleure que celle de la Grèce et de l'Islande, mais similaire à celle d'autres pays très endettés comme le Japon, l'Italie et le Portugal.
Par ailleurs, si on se limite à comparer les états facilement comparables, on constate que le Québec est, de loin, la province canadienne la plus endettée: notre dette est équivalente à 50% du PIB, contre 30% pour l'Ontario.
En somme, au-delà des aspects techniques de la chose, il est clair que le Québec est profondément dans le rouge. Cela signifie que si une crise économique nous frappait de plein fouet, comme la dernière crise a frappé nos voisins ontariens, les finances publiques québécoises seraient vulnérables.
Par ailleurs, la dette nous coûte très cher, même en cette période de taux d'intérêt très bas. L'an dernier, le service de la dette a accaparé 6,2 milliards. Selon les projections du ministère des Finances, cette somme pourrait grimper à 9,8 milliards en 2013-2014; dix milliards qui ne seront pas disponibles pour financer les services gouvernementaux ou pour réduire le fardeau fiscal de la classe moyenne. De plus, notre expérience passée et celle des pays européens aujourd'hui montrent que les États qui ne se soucient pas de leur endettement se retrouvent au bout de quelques années plongés dans un cercle vicieux dont il leur sera très difficile de sortir. Enfin, n'oublions pas que le Québec sera touché plus durement par le vieillissement de la population et qu'il offre des services publics plus généreux (donc plus coûteux) que les autres provinces et états du continent. Tous les ingrédients sont donc en place pour une tempête parfaite.
C'est pourquoi le gouvernement fait bien d'agir maintenant pour éviter l'emballement déficitaire et veiller à réduire la dette à long terme, de façon à ce que ce fardeau devienne graduellement comparable à celui des autres provinces. Le Québec d'aujourd'hui n'est pas la Grèce. Mais si nous suivons les recommandations syndicales, cela pourrait arriver plus vite qu'on pense.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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