La démocratie et la dictature des médias

5c145249161356000da6c6a794fa9326

«Une démocratie qui met toujours en place une même clique, est-elle vraiment une démocratie?»

L’autre jour, la une d’un quotidien montréalais présentait cette manchette : « Une campagne sans éclat ». La photo, qui accompagnait l’article, montrait Denis Coderre, Richard Bergeron et Marcel Côté.
Ces jours-ci, le Directeur général des élections du Québec bombarde les ondes des médias de publicité pour que les gens aillent voter en plus grand nombre. Rappelons qu’en 2009 seulement 39 % des Montréalais se sont prévalus de leur droit de vote et, chez les jeunes, le pourcentage était de 12 %. Ces chiffres alarmants révèlent à quel point le cynisme de la population envers les politiques est profond.
Est-ce que cette campagne faite à coups de millions de dollars va renverser la vapeur ? Bien sûr que non. En réalité, elle ne fait qu’enrichir une des plus grosses agences publicitaires de Montréal.
En 2009, il y avait Bergeron, Harel et Tremblay. Quatre ans plus tard, Bergeron est toujours là, Harel aussi, mais cette fois associée à Côté, son alter ego fédéraliste et Coderre a pris la place de Tremblay à la tête d’Union Montréal 2.0.
Non au changement
Malgré le Printemps érable et les scandales de corruption, l’establishment, contrairement aux Montréalais, ne veut pas de changement.
Pendant cette campagne électorale, une seule nouvelle personnalité s’est illustrée et il s’agit de Mélanie Joly. Elle projette une image jeune, dynamique, mais défend les valeurs du Parti libéral du Canada dont en tout premier lieu le multiculturalisme si cher aux Libéraux. En outre, elle entend contester la Charte des valeurs devant les tribunaux (si Charte il y a…) et envisage de donner l’amnistie aux entreprises qui ont escroqué la Ville de Montréal. Ces valeurs incarnent-elles vraiment un renouveau ?

Si au fédéral et au provincial, la logique du système uninominal à un tour oblige un candidat à obtenir la majorité en chambre pour devenir premier ministre, il en va tout autrement aux élections municipales où l’électeur vote directement pour le candidat à la mairie. Le calcul des médias qui préfèrent n’inviter que les chefs de partis perd alors tout son sens, d’autant plus que la notion même de parti municipal est de plus en plus contestée… Ce calcul est préjudiciable. Il revient à privilégier indûment certains candidats au détriment des autres moins connus. De là le cercle vicieux dans lequel Montréal et plusieurs municipalités québécoises s’embourbent. Si on ne fait jamais de place aux nouvelles figures, comment renouveler la classe politique ?
Ce qui m’amène à cette décision de l’Institut du Nouveau Monde qui m’a tellement irrité, il y a quelques semaines. J’estime que le Directeur général des élections aurait dû se lever pour exiger que l’Institut invite tous les candidats lors du premier débat de la précampagne électorale. Non seulement il ne l’a pas fait, mais il a continué à soutenir financièrement cet organisme qui fait preuve de partialité.
Silence radio sur Intégrité Montréal
Quel dommage ! Car je suis convaincu que Montréal aurait beaucoup gagné si les médias avaient donné plus de visibilité à des candidats comme Michel Benoit et Irois Léger, qui se sont retiré de la course. M. Benoit a une longue feuille de route de la politique municipale et c’est un expert des questions budgétaires. Quant à M. Léger, il a des qualités de rassembleur et d’orateur qui aurait certainement séduit bon nombre d’électeurs désabusés si on lui avait donné un peu plus de visibilité.
De mon côté, pour me prêter au jeu des médias mais surtout parce que j'avais reçu le soutien d'un grand nombre de Montréalais, j’ai recruté 24 candidats et fondé un parti. Mais on continue de m’ignorer.
Ironiquement, mon parti, Intégrité Montréal, est le seul parti municipal qui n’est pas associé, d'une façon ou de l'autre au Parti libéral du Canada. Et aussi le seul à s'être prononcé en faveur de la Charte et à défendre le français.
Par ailleurs, je répète depuis des années que Montréal se fait voler à coups de milliards par des entrepreneurs véreux. N’est-ce pas la une nette ligne de démarcation entre Intégrité Montréal et les autres partis?
Des coups d'épée dans l'eau
Je ne suis pas entouré d’une équipe composée de dizaines de professionnels des communications et de publicitaires comme le sont mes adversaires et la caisse de mon parti est presque vide. Je continue à me battre mais mes initiatives sont comme des coups d’épée dans l’eau. Par exemple, j’estime avoir présenté un programme étoffé en matière de transport… Mais un seul journaliste en a parlé. J’incarne le changement et j’en paie le prix.
Si voter pouvait changer le système, ce serait illégal, dit le vieil adage. Dans les médias sociaux, je lis de plus en plus de commentaires de gens qui reprochent aux médias traditionnels d’influencer leur vote. L’establishment vante la démocratie tant que celle-ci ne donne pas vraiment le pouvoir au peuple. Mais une démocratie qui met toujours en place une même clique, est-elle vraiment une démocratie?
Quand Alexis de Tocqueville a étudié la démocratie américaine au XIXe siècle, il n'a pas manqué de noter que l'un des fondements de cette démocratie était la liberté de presse. C'est cette liberté que j'invoque aujourd'hui pour permettre à la démocratie montréalaise de renaître de ses cendres. C'est elle qui ramènera les électeurs aux urnes le 3 novembre en reflétant la diversité des candidatures et le pluralisme des électeurs. Une majorité d'électeurs est désabusée. Qu'on lui tende un autre miroir que le vieux miroir usé des 20 dernières années et elle se reconnaîtra peut-être enfin. Alors elle ira voter. Alors la démocratie montréalaise sera un fait avéré.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé