La culture n'est pas un luxe

Harper et la culture



En restant muet et impassible devant les milliers de voix qui se sont élevées en réaction aux suppressions d'une quinzaine de programmes consacrés à la culture, pour un total de près de 45 millions de dollars; en ne proposant rien pour remplacer ces programmes essentiels à la diffusion et à la survie de notre culture; en appuyant, par son silence, ceux qui souhaitent ramener certaines formes de censure de l'État, M. Stephen Harper anéantit des années de travail acharné de la part des artistes, agents et représentants culturels du Québec et du Canada qui ont permis de faire rayonner les cultures québécoise et canadienne à l'étranger!
Depuis 25 ans, la Conférence internationale des arts de la scène, organisme à but non lucratif, contribue à assurer la rentabilité et la viabilité des compagnies artistiques québécoises et canadiennes en arts de la scène, en les soutenant dans leurs stratégies de développement à l'international. Nous nous faisons aujourd'hui l'écho de la profonde inquiétude qui anime le milieu quant à l'avenir de la culture et à la survie de nos compagnies artistiques si le parti conservateur devait être réélu le 14 octobre prochain.
La vision sclérosante de M. Harper aurait pour conséquence la disparition de talents que bon nombre de pays nous envient. Rappelons que l'étroitesse de notre marché intérieur ne nous permet pas de soutenir adéquatement nos créations et qu'en ce sens, l'exportation est une question de survie pour bien des compagnies artistiques de chez nous.
Les programmes PromArt, du ministère des Affaires étrangères, et Routes commerciales de Patrimoine canadien que le gouvernement Harper a décidé d'éliminer (parmi tant d'autres) sont pourtant nécessaires à la diffusion des spectacles à l'étranger. Le Québec est particulièrement touché par ces compressions, étant la province canadienne la plus dynamique en termes d'exportation des arts de la scène.
Retour sur l'investissement
D'après les données publiées par le Conseil des arts et des lettres du Québec, pour 1 $ investi dans une tournée hors Québec en 2002-2003 par les deux ordres du gouvernement (à proportions environ égales du Québec et du Canada), 2,36 $ sont retournés aux compagnies québécoises sous forme de revenus d'activités (Constats du CALQ n° 9, Mai 2004).
Cela représente un retour de 136 % sur la somme investie par les autorités publiques. Mentionnons qu'une partie de ces revenus reviennent d'ailleurs directement à l'État sous forme d'impôts (sur les salaires des artistes, travailleurs culturels, techniciens et impôts des autres fournisseurs gravitant autour de cette industrie). Les investissements publics en culture ne sont donc pas un luxe, mais une absolue nécessité pour nos organismes artistiques. De plus, ces investissements permettent de prolonger la durée de vie des spectacles, et ainsi d'optimiser les investissements en création et production, de pérenniser les entreprises culturelles, d'assurer un travail et des revenus aux artistes et travailleurs culturels.
Sans ces investissements, bon nombre de tournées à l'étranger et d'ententes de coopération internationale devront être annulées dans les mois à venir. La viabilité de nos compagnies artistiques s'en trouvera affaiblie, sans parler de leur image à l'étranger. Plusieurs institutions culturelles sont ainsi vouées à disparaître, emportant avec elles ce qui fait l'une de nos forces et de nos particularités: notre créativité.
Ainsi, à l'heure où tous les citoyens s'apprêtent à prendre une décision importante le 14 octobre prochain, n'oublions pas de parler de l'avenir de notre culture, fondement de notre identité, qui est aujourd'hui menacée.
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Alain Paré, John Lambert, Barbara Scales, Paul Tanguay, Pierre Leclerc, Patrick Darby et George Skalkogiannis, Membres du conseil d'administration de la Conférence internationale des arts de la scène (CINARS)


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