La culture est «notre marque de commerce»

François Macerola juge insignifiantes les récentes déclarations de Sun Media sur l'inutilité du financement public du film Monsieur Lazhar

Québec c. Canada — le Québec entravé


Frédérique Doyon - «Partout où on est reçus [à l’étranger], on nous parle de culture avant toute chose, pas de bois d’œuvre ou de mines», a dit François Macerola, hier à Montréal.
Du gaspillage, les investissements en culture? François Macerola, président et chef de la direction de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC), juge «insignifiantes» les récentes déclarations de [Sun Media sur l'inutilité du financement public->45708] du film Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau, en nomination dimanche dernier aux Oscar.
«Il faut les éduquer, ces gens-là», a-t-il déclaré en marge d'une conférence donnée hier sous l'égide du Conseil des relations internationales de Montréal. Il n'y voit pas le symptôme d'un mouvement plus global dans la population, mais plutôt «le fait de quelques individus» qui profitent du contexte politique et économique ambiant.
Sa conférence défendait justement le contraire de cette vision, montrant à quel point la culture fait la «marque» du Québec, tant sur le plan identitaire qu'économique. Il y soulignait que ce secteur représente 4,1 % du PIB — soit 10 milliards de dollars — contre seulement 1,6 % pour les mines, «censées être un trésor national».
Il a aussi insisté sur le rôle capital du rayonnement international de cette culture pour qu'elle passe du trait identitaire au levier économique. Rayonnement qui, à son tour, favorise la diffusion locale, comme le succès des films Incendies et Monsieur Lazhar à l'étranger a fait bondir les recettes en salles et en vente d'exemplaires. Ce qu'il appelle affectueusement le «cercle vertueux de la culture».
Mieux répondre aux besoins du milieu
La SODEC investit 5 millions de dollars par année dans le rayonnement et l'exportation des oeuvres. M. Macerola a d'ailleurs annoncé hier la refonte du programme Sodexport, vieux de 15 ans, pour maximiser son impact et «mieux répondre aux besoins du milieu». Si on comptabilise l'apport des autres programmes de la SODEC à cet essor international, «il y a peut-être près de 125 à 135 millions qui s'ajoutent à ces 5 millions», estime M. Macerola.
«Partout où on est reçus [à l'étranger], on nous parle de culture avant toute chose, pas de bois d'oeuvre ou de mines», a répété celui qui a aussi présidé aux destinées de l'Office national du film, de Téléfilm Canada et occupé des postes clés au Cirque du Soleil et chez Lavalin. «C'est notre marque de commerce.»
Le grand défi de la SODEC, outre l'essentiel virage numérique de la culture, consiste à consolider ce positionnement avantageux. Un défi qui engage aussi le gouvernement du Québec.
Il a été peu question du nouveau Fonds capital culture Québec de 100 millions, créé en novembre dernier pour aider les exportations, et qui laisse certains sceptiques. Questionné à ce sujet, le président s'est empressé d'en renvoyer la responsabilité au directeur du Fonds, André Provencher. Pour ensuite assurer laconiquement qu'il «répondra aux besoins», non des petites entreprises, mais des plus grands joueurs culturels.


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