La colère des peuples se fait entendre un peu partout

Québécois, nous avons nous aussi nos Ben Ali et Hosni Moubarak

Tribune libre

Une colère contre les pouvoirs en place est en train d’enflammer le Maghreb et le Moyen-Orient. Hier la Tunisie, aujourd’hui l’Égypte, demain le Yémen, la Syrie, la Jordanie, la Lybie, l’Algérie et peut-être le Maroc, etc. L’arme la plus efficace contre les gouvernements autoritaires et dictatoriaux, ce n’est plus la police ou l’armée, c’est l’Internet. Hosni Moubarak a fait couper la téléphonie mobile et les accès à Internet et hier, il a fait taire la chaîne de télévision d’Al Jazzera.
Les soulèvements populaires en Tunisie, en Égypte, au Yémen, en Côte d’Ivoire et même au Sud-Soudan ne se limitent pas à un phénomène local et isolé, mais sont symptomatiques d’un malaise mondialisé dans tous les pays. Ce qui s’est passé en Tunisie n’est pas uniquement lié au cas Ben Ali ou en Égypte au cas Hosni Moubarak. Absolument pas! C’est une crise de tous les pays. Les pays d’Europe sont en pleine crise pour sauver ce qui reste de l’Euro. Ils n’arrivent plus à contrôler leur destin et leur économie. Toute l’économie mondiale est contrôlée par les deux grandes nébuleuses financières de la City de Londres et Wall Street de New-York. Nous avons affaire à une lame de fond traversant tous les pays et échappant au contrôle des gouvernements ou des forces sociales. L’on ne pourra stabiliser la situation que si l’on permet aux nations (comme la Chine, l’Inde, la Russie et le Brésil) de reprendre le contrôle au niveau économique et social.
Ici, nous avons nos Ben Ali et Hosni Moubarak qui n’écoutent pas le peuple. Hier, une grande manifestation contre Stephen Harper s’est tenue à Hamilton. Plus de 10 000 manifestants sont venus appuyer les 900 travailleurs mis en lock-out par la U.S. Steel. Et personne ne les a écoutés. Et au Québec, plus de 250 000 personnes ont signé une pétition demandant le départ immédiat de Jean Charest, une initiative parrainée par le député de Québec solidaire, Amir Khadir. Et le 12 février 2011, les signataires projettent une manif devant l'Assemblée nationale et aux abords du palais de glace de Bonhomme Carnaval. Et qu’a été la réaction de l’opposition officielle du PQ? «S'il y a une manif le 12 pour la démission de Jean Charest, nous, on n'y sera pas, a tranché, mardi, le porte-parole des élus péquistes, Éric Gamache. Le 12, c'est le Carnaval. Pour ce jour-là, notre appui va au Carnaval.» Une fois de plus, les élus, quelque soit leur allégeance, n’écoutent pas le peuple. Ces antidémocrates préfèrent danser et chanter comme la Cigale, ayant chanté tout l'été, se trouva fort dépourvue
quand la bise fut venue.
Marius MORIN

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Citoyen du Québec, Laval, Formation universitaire, Retraité toujours
interpellé par l'actualité socio-politique

Laval





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 janvier 2011

    Merci, M. Morin pour cet autre texte qui nous interpelle quant à la lecture à donner à ces évènements où des peuples se lèvent et font entendre leur voix. Les problèmes qui émergent de ces braises ne sont surtout pas liés à la présence d'un ou de 20 partis politiques comme ce fut le cas dernièrement en Haïti, pas plus qu'au vote qu'on autorise dans nos démocraties, mais à la grande tricherie de ceux qui en contrôlent les ficelles et qui en décident les orientations fondamentales. En ce sens, le Québec, le Canada, les États-Unis, comme c'est le cas pour la majorité des pays, vivent également cette dichotomie entre les peuples et ces tireurs de ficelles qui décident du destin de ces mêmes peuples. Voilà le niveau de conscience à laquelle certains peuples sont parvenus et au sujet de laquelle M.Morin attire notre attention. Que nos dirigeants politiques réalisent que la force des peuples conscients aura raison des opportunistes et des profiteurs jusqu'à maintenant protéger par les fonctions officielles. La tricherie, le mensonge, le vol des richesses d'un pays ne peuvent plus passer inaperçus.

  • Marcel Haché Répondre

    30 janvier 2011

    Ce serait abusif de comparer l’électorat québécois ou même canadien aux mouvements ras-le-bol de partout dans le monde. Cependant, je crois avec vous que bien des peuples et bien des nations en ont plus qu’assez, et qu’un grand besoin de démocratie s’exprime de plus en plus radicalement ,ici comme ailleurs.
    Nous pouvons voter au Québec. Le radicalisme, ce n’est pas seulement la rue. Nous pouvons voter radicalement. Il n’y a pas ici une dictature politique avec parti unique.
    Je ne me souviens pas que les Québécois aient un jour voté avec leurs pieds. Tous les partis politiques québécois, à commencer évidemment pas les libéraux, qui sont les plus vulnérables et les plus….méritants à cet égard, ils sont tous susceptibles que cela leur arrive un jour.
    Et ça va finir par arriver, ici comme ailleurs.