La chute du bon soldat

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La politique? Une jungle peuplée de cannibales!






C’est fou comme ça peut être ingrat, la politique.




Un jour, tout le monde veut être ton ami et le lendemain, c’est à peine si tu peux trouver quelqu’un pour aller prendre un café.




Regardez ce qui arrive à Bernard Drainville, par exemple.




LE SALAIRE DE LA PEUR




En avril 2014, le PQ a déci­dé de miser sur la question identitaire pour écraser le PLQ.




L’idée était simple: les libéraux sont crédibles quand ils parlent d’économie. C’est leur principale force.




Mais amenez-les sur le terrain identitaire, et ils s’écrasent. Quand il est question de langue, de «valeurs» ou d’accommodements raisonnables, Philippe Couillard est aussi à l’aise qu’une morue sur un 10-vitesses.




Donc, 19 ans après la malheureuse sortie de Jacques Parizeau sur l’argent et le vote ethnique, qui était au discours identitaire ce que Tchernobyl était à l’énergie nucléaire (c’est-à-dire une catastrophe), l’entourage de Pauline Marois a décidé de faire un ADQ de lui-même et de reprendre haut et fort le flambeau.




Pour cela, il fallait un porteur de drapeau fiable et crédible.




Un homme s’est tout de suite présenté: l’ex-journaliste Bernard Drainville qui, par sa formation, était capable de «parler au vrai monde» et de vulgariser des concepts complexes.




Pauline Marois est donc allée le voir et lui a demandé si elle pouvait lui refi­ler ce dossier potentiellement explo­sif.






Comme c’est le cas après une déconfiture, il faut trouver un bouc émissaire.










«Bernard, je vous remets un chargement de nitroglycérine. Êtes-vous capa­ble de le mener à bon port sans qu’il fasse exploser le parti?»




– Oui», de répondre le ministre, en bon soldat.




Et sans hésiter, il est parti au volant de son jeep, les bouteilles de dynamite liquide dans son coffre.




LE BOUC ÉMISSAIRE




Comme Yves Montand dans Le salaire de la peur, le député de Marie-Victorin a traversé monts et vallées sans que sa charge explose.




Le parcours – extrêmement sinueux – était pourtant semé d’embûches. Il aurait pu y laisser sa peau à maintes reprises.




Mais Drainville n’a jamais regardé en arrière et il a fait ce que son parti lui demandait. Les attaques de racis­me, d’intolérance et d’islamophobie avaient beau siffler au-dessus de sa tête, il n’a jamais ralenti la course ni courbé l’échine.




C’est ce qu’on appelle du courage. Et de la loyauté.




Malheureusement, pour toutes sortes de raisons, dont la personnalité de Mme Marois elle-même, le PQ n’a pas gagné ses élections.




Comme c’est le cas après une déconfiture, il faut trouver un bouc émissaire pour sauver la face et expliquer sa piètre performance.




Qui le PQ a-t-il choisi? Le lieutenant Drainville.




«La victoire a plusieurs pères, mais la défaite est orpheline», dit le proverbe.




Si la charte des valeurs avait donné la victoire au PQ, tout le monde au parti se serait pété les bretelles en criant.




Mais ce ne fut pas le cas. Alors on pointa Bernard Drainville du doigt et on dit que sa charte était la principale cause de la déroute péquiste.




Même si c’était faux.




LA JUNGLE




Résultat: le député de Marie-Victorin est radioactif. Faute d’appuis néces­saires, il ne pourra même pas se présenter à la course au leadership de son parti.




La politique vous intéresse?




Pensez-y deux fois. C’est une jungle peuplée de cannibales.




 



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