Moi aussi, si j’étais candidat libéral dans la partielle de Chicoutimi, je serais avare de commentaires sur la frappe de l’UPAC.

Parce qu’après tout, les enquêtes de corruption et de fraude ne sont pas terminées. Il y a encore plusieurs dizaines de dossiers ouverts. Et la distance n’est pas aussi grande qu’on veut nous le faire croire entre le gouvernement Couillard et les libéraux du «bon vieux temps» d’il y a cinq ans.

Plusieurs ministres actuels, incluant le premier ministre, étaient actifs à l’époque du régime de Jean Charest. Je ne dis pas qu’ils étaient tous croches, mais, à tout le moins, ils étaient tous proches. Même si on travaille fort à creuser un Grand Canyon entre les deux administrations, à grands coups de phrases vides pour les uns, de silences «malaisants» pour les autres.

LES GENTILS BANDITS

La vedette de la vague d’arrestations de cette semaine est sans contredit Nathalie Normandeau. Elle plaidera non coupable et elle compte se défendre bec et ongles. C’est son droit et si nos enfants sont chanceux, ils vivront assez vieux pour se rendre à la fin des procédures judiciaires.

Si Mme Normandeau ne semble plus avoir d’amis dans l’escouade des libéraux actifs, il en est tout autrement dans les médias et dans la population. Ses collègues de la radio, habituellement rapides à dénoncer les gens arrêtés, font maintenant appel aux bons sentiments et plaident l’innocence avant la condamnation.

Dans la rue, nombreux sont les gérants d’estrade qui évaluent que Nathalie Normandeau n’était qu’un pion sur l’échiquier de la corruption. Ou une ministre naïve qui ne faisait que suivre le système. Je me questionne sur cette réaction, alors que nous semblons avoir tellement soif de justice.

Est-ce que c’est parce que c’est une femme, qui, en plus, est jolie et aimable? Est-ce que c’est son rôle public dans les médias? Est-ce qu’en 2016 on pense encore que tous les bandits ressemblent à Joe Dalton ou à Davey Hilton? Sommes-nous prêts à douter de quatre ans et demi d’enquête de l’UPAC à cause d’un charmant sourire?

Ça me rappelle le vent de sympathie auquel avait eu droit Lino Zambito lors de sa comparution devant la commission Charbonneau. Avec quelques blagues, une bouille sympathique et une bonne performance à la table papale de Guy A du dimanche soir, on lui aurait donné le ciel en l’appelant «champion». Sommes-nous si faciles à berner? Peut-être méritons-nous le triste titre de province la plus corrompue d’un océan à l’autre...

BRAS DE FER AU SOMMET ?

Arrêter sept personnes en vue de l’univers politique le jour même du dépôt d’un budget suscite plusieurs questions. Le fait que toutes les personnes arrêtées ne soient plus actives à l’As­semblée nationale aussi. À se demander quel peut bien être le message que les enquêteurs de l’UPAC ont voulu passer au gouvernement, si message il y a.

Comme contribuable, je suis soulagé qu’on arrête des acteurs politiques. J’espère que ce n’est pas fini et que certaines personnes dorment mal. D’ici là, gardons-nous de juger trop rapidement dans un sens ou dans l’autre et préparons le pop-corn. En espérant que le show en Cour soit à la hauteur des arres­tations.