L'union n'est pas possible

Excusez-moi, mais, ce n'est pas d'union dont nous avons besoin, mais de vision, et puis, derrière cette vision, de mobilisation

Chronique de Nic Payne


L'union. L'union par-ci, l'union par-là, encore et toujours l'union.
On nous parle beaucoup de ça ces temps-ci, de l'indispensable union des
indépendantistes, qu'on appelle de tous ses voeux pour contrer la division
dans laquelle nous serions en train de nous disperser presque sans raison.
Bien que je comprenne l'intention sincère derrière ces appels, je pense
qu'on prend le problème par le mauvais bout. On s'attaque à la conséquence,
sans égard à la cause.
Excusez-moi, mais, ce n'est pas d'union dont nous avons besoin, mais de
vision, et puis, derrière cette vision, de mobilisation.
Unir, c'est bien joli, mais autour de quoi ?
Cela n'est pas anodin : Les auteurs -- nombreux -- de ces pressants appels
à l'union, sont souvent motivés par le brûlant désir d'aider le Parti
Québécois, dont ils tolèrent très mal toute perspective d'affaiblissement.
En fait, leur plaidoyer pour l'union est surtout une critique de la
dissidence. Rentrer au bercail, comme ils disent, ça veut surtout dire
rentrer dans le rang, accepter la " gouvernance souverainiste " et ne plus
regimber.
Or, on ne peut pas censurer les gens comme ça, au nom d'une union dont on
décrète unilatéralement qu'elle doit se faire sur une chose avec laquelle
ils sont en désaccord, ou en laquelle ils n'ont pas d'intérêt suffisant.
Rappelons que la très vaste majorité des observateurs s'entend pour dire
que la proposition péquiste actuelle, qui consiste à exercer le pouvoir
provincial pour tenter de créer un contexte favorable à l'indépendance, est
assimilable à de l'affirmation nationale, de l'autonomisme, du
condition-gagnantisme amélioré, du souverainisme de gouvernance, etc.
Appelez-ça comme vous voudrez. Le fait est que, malgré toutes ses possibles
vertus, cette proposition ne répond tout simplement pas aux attentes
d'indépendantistes qui pensent qu'on a déjà vu à l'usage les limites d'une
telle démarche, et qu'on pourrait, et devrait, être plus engageant et
engagé, alors que l'idée d'un Québec souverain continue de recueillir un
assentiment plus que respectable dans la population.
Bref, c'est simple : Aux conditions du PQ, l'union n'est pas possible.
Plusieurs des bébites qui mangent de la politique, comme beaucoup d'entre
nous qui fréquentons Vigile, vont continuer d'explorer de nouveaux chemins,
de la même façon que le Québécois moins politisé, depuis de nombreuses
années déjà, même quand il est favorable à l'indépendance, vote ADQ, QS,
Vert et parfois même Libéral ! Et il faut maintenant ajouter à cette liste
François Legault et sa " coalition ".
C'est dans la mobilisation que les indépendantistes peuvent s'unir, et
pour cela, il faut que des voix fortes s'élèvent dans la société civile qui
ne soient conditionnées par la crainte de déranger une quelconque cohésion
partisane, et qu'une force indépendantiste crédible parvienne à émerger sur
l'échiquier politique.
Comme, à ce jour, le PQ refuse catégoriquement de jouer ce rôle, et alors
que les sondages nous montrent, parallèlement à sa récente chute, un
effritement de l'appui indépendantiste, l'urgence de nous organiser
efficacement hors de ses rangs s'impose.
Nic Payne
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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11 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 août 2011

    Bien le bonjour monsieur Payne,
    Les boîtes de sondage Léger marketing et Crop ne sont pas des partis politiques.
    Voulez-vous bien me dire quel parti politique a jamais proposé ou a été en mesure de proposer l'indépendance politique du Québec sans partenariat ou association ?
    Est-ce que cette avenue est politiquement viable ?
    Yvonnick Roy

  • Nic Payne Répondre

    29 août 2011


    M.Roy,

    Vous errez. Depuis 2006, les sondeurs posent la question sans notion de partenariat ou d'association. Léger parle de Québec souverain, CROP parle de Québec, pays souverain.
    À ces questions, les Québécois répondent OUI à des taux oscillant entre 40% et près de 50%.
    NP

  • Archives de Vigile Répondre

    29 août 2011

    Rebonjour monsieur Payne,
    L'indépendance n'a jamais été proposée; la souveraineté-association le fut, avec les résultats que vous connaissez.
    Dans les années 60, l'adhésion à l'indépendance n'a jamais dépassée 32 % ; la souveraineté-association a connu des taux avoisinant parfois 50 %. À ne pas confondre.
    Enfin, on peut vouloir fortement une chose, mais en ce qui a trait à l'avenir politique du Québec, il faudra tenir compte de l'opinion et des sentiments des autres canadiens, et cela n'est pas acquis.
    Yvonnick Roy
    Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    29 août 2011

    Depuis des lunes, bien des gens réclament des états généraux. Mme Marois et le PQ s'y opposaient.
    Mme Marois vient d'inviter Gérald Larose et le Conseil sur la souveraineté de mettre sur pied de tels états généraux.
    Alors, ce sera un forum où tout le monde pourra faire valoir ses idées. Il s'agit juste d'y participer. Ou allons-nous refuser de le faire parce qu'enfin le PQ a accepté de se rallier?

  • Archives de Vigile Répondre

    28 août 2011

    Comme le dirait mon fils, qui possède un flair extraordinaire pour sentir où souffle le vent parmi «le monde ordinaire», le PQ, c'est fini; les gens sont passés à autre chose. Ils veulent du changement, mais pas celui que leur propose ce parti.
    Or, comment devons-nous réagir, nous les indépendantistes récalcitrants? Après avoir retourné cette question dans tous les sens, j'en viens à souhaiter la même chose que vous, monsieur Payne, ainsi que de nombreux chroniqueurs et commentateurs sur ce site: la création d'un nouveau parti indépendantiste mené par des hommes et des femmes convaincus de la nécessité de leur projet de pays, qui soumettent celui-ci sans équivoque, à l'aide d'un programme stimulant et adapté aux réalités actuelles.
    Autrement dit, offrons à nos concitoyens la chance de se donner leur pays en même temps que toutes les valeurs auxquelles ils aspirent: plus de démocratie, moins de corruption, moins de pollution, plus de contrôle sur nos ressources, plus grand poids sur la scène internationale, etc. La liste est longue et très stimulante si elle est bien articulée et proclamée tous azimuts.
    S'il faut reprendre les labours, reprenons-les. La récolte viendra plus vite qu'on le pense si nous nous y prenons bien.

  • Nic Payne Répondre

    28 août 2011


    M. Roy,

    Votre position est claire, et elle vous permet probablement, en toute logique, un certain appui à la proposition péquiste.
    Il serait intéressant de savoir, cependant, sur quoi vous fondez votre affirmation. Avez-vous une boule de cristal ?
    Quant à moi, voici, entre autres raisons, pourquoi je ne suis pas d'accord avec vous :
    1) De puis 1995, l'indépendance n'a pas été proposée une seule fois aux Québécois, autrement que par la bande, tantôt liée à d'importantes mesures de réduction du déficit, tantôt par un parti de gouvernement sur la pente descendante du pouvoir, tantôt par un nouveau chef en mauvaise posture après seulement quatre années dans l'opposition, tantôt par une nouvelle chef qui s'en distance nettement.
    2) Malgré tout cela, cette idée s'est maintenue jusqu'ici à des taux d'appui plus que respectables d'entre quarante et cinquante pourcent, taux qui enchanteraient les tenants de la plupart des courants politiques actuels au Québec.
    3) Les mentalités évoluent, au Québec comme ailleurs. Nous ne sommes plus en 1960, ni en 1995. Notez seulement que notre premier ministre libéral est allé affirmer en pleine télé française, il y a déja quelques années, que le Québec a parfaitement les moyens de son indépendance. Voyez aussi les sondages qui montrent clairement une cristallisation de l'identité nationale québécoise, historiquement inégalée.
    4) Quand un important parti politique, qui se dit dépositaire de l'idée la " pleine souveraineté ", renonce à la proposer directement, pensez-vous que cela confère à cette idée une aura de grande faisabilité ? Il me semble que poser la question, c'est y répondre.
    Bref, je pense que l'indépendance mérite d'être mise sur la table, promue et défendue adéquatement. Il faut cependant s'autoriser à bien évaluer les moyens démocratiques à notre disposition pour le faire. Devenu un parti de pouvoir, avec une histoire et une culture bien campées, et tous les stigmates bien normaux qui en découlent, le PQ est-il l'organisme le mieux placé pour nous permettre d'atteindre l'objectif ? Quelle que soit la réponse à cette question, la voie classique pouvoir provincial-référendum est-elle encore à privilégier ?
    Pour bien évaluer ces questions, il est souhaitable, je pense, de s'éloigner un peu du péquisme exclusif.
    Merci de votre commentaire,
    NP

  • Archives de Vigile Répondre

    28 août 2011

    Monsieur Payne,
    Ce « vieux » débat a eu lieu dans les années 60 entre Pierre Bourgault et René Lévesque. La coalition autour de la souveraineté-association avec l'assentiment des indépendantistes, Bourgault en tête, n'a pas produit les effets escomptés, parce que l'électorat québécois n'a pas majoritairement cautionné le projet péquiste.
    Je ne crois pas possible aujourd'hui d'aller au-delà de ce qui fut honnêtement et ouvertement proposé au cours des 45 dernières années.
    Yvonnick Roy
    Québec

  • Nic Payne Répondre

    25 août 2011

    M.Bousquet,

    Je ne traite personne de quoi que ce soit. Je dis bien que la proposition péquiste peut avoir des vertus. On a le droit, par contre, de ne pas y adhérer.
    NP

  • Archives de Vigile Répondre

    25 août 2011

    Maintenant que vous avez ici, réglé le problème ainsi hors du PQ, l'indépendance devrait arriver facilement. Bravo ! Fallait juste y penser.
    Il ne reste plus qu’à trouver, à la suggestion de Me Cloutier, un leader crédible et 125 candidats pour convaincre une solide majorité de Québécois que la séparation « sortir le Canada du Québec » c’est diguidou pour nous à la place du « pouvoir provincial qui mènerait à l’affirmation nationale, l’autonomisme, le condition-gagnantisme amélioré, le souverainisme de gouvernance, etc »….Wash ! Wash ! Wash ! Une affaire de moumoune constitutionnelle.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 août 2011

    Encore une fois, M. Payne, votre lucidité éclaire le débat et arrive presque, malgré tout, à concilier l’inconciliable. Effectivement, les péquistes doivent à partir de maintenant se faire à l’idée qu’ils n’auront plus le monopole du vote nationaliste. Expurgé des indépendantistes qui bientôt se doteront d’une puissante organisation hors du PQ, ce sera à chacun de ceux et celles qui resteront fidèle à cette formation de choisir leur camp. Resteront-ils souverainistes ou continueront-ils le glissement vers le fédéralisme. Ce qui est certain, cependant, c’est qu’ils auront une plus grande liberté pour définir le cadre de leur projet politique dans l’harmonie. La bataille idéologique se fera sur la place publique et le peuple en sera le témoin. Ce sera à lui d’évaluer le discours et de choisir le ou les Partis qui serviront le mieux ses intérêts. Voilà la beauté de la chose !

  • Pierre Cloutier Répondre

    25 août 2011

    [1] Tout à fait exact. Limpide.
    [2] Un leader crédible, convaincu et convainquant. 125 candidats et candidates convaincus et convaincants.
    [3] Un projet de pays simple, sous la forme d'un projet de constitution transitoire d'un État souverain en attendant une constituante citoyenne.
    [4] C'est cela mettre le Cap sur l'indépendance. Le reste c'est sujet de la parlotte.
    Pierre Cloutier