Chocs mondiaux

L'OCDE sonne l'alarme

Les nations doivent se préparer à des crises majeures sur plusieurs fronts

Comme si la cupidité des élites néolibérales était un simple facteur parmi d'autres...



Les banals feux de friches qui ont détruit un cinquième des récoltes de blé de la Russie en 2010 ont entraîné une envolée du coût des produits alimentaires. C'était la goutte qui a fait déborder le vase de populations fatiguées de leurs régimes politiques et déclencher le vaste mouvement de protestations qui secoue depuis des mois plusieurs pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord.
_ Photo : Agence Reuters

Éric Desrosiers - Les banals feux de friches qui ont détruit un cinquième des récoltes de blé de la Russie en 2010 ont entraîné une envolée du coût des produits alimentaires. C'était la goutte qui a fait déborder le vase de populations fatiguées de leurs régimes politiques et déclencher le vaste mouvement de protestations qui secoue depuis des mois plusieurs pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord.
Le monde subira de plus en plus de chocs majeurs ayant des conséquences graves sur l'économie et la société, comme les pandémies et la dernière crise financière, prévient l'OCDE. On devra apprendre à mieux les prévenir, mais aussi à y faire face.
L'économie mondiale et les sociétés en général sont plus étroitement intégrées que jamais, observe l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un nouveau rapport dévoilé hier et intitulé: Les Futurs Chocs mondiaux. Cela a permis de développer des échanges de biens, de personnes et d'idées dont on ne voudrait plus se passer maintenant, mais cela a aussi amené une multiplication des risques de crises planétaires souvent causées par un enchaînement d'événements aux causes et aux conséquences tout aussi malheureuses qu'imprévisibles.
Les exemples récents de problèmes locaux qui sont rapidement devenus mondiaux abondent. On n'a qu'à penser aux attaques terroristes du 11 septembre 2001, à l'ouragan Katrina, à la crise financière, à la pandémie de grippe H1N1, et au récent tremblement de terre au Japon, dit le rapport qui se penche plus particulièrement sur les cas de «cinq risques majeurs potentiels pour les années à venir»: une pandémie, une cyberattaque visant une infrastructure critique, une crise financière, un conflit socioéconomique et une tempête géomagnétique.
D'un feu de friches à la révolution
Les événements prennent souvent un tour inattendu, observe-t-on. On cite notamment l'exemple de ces banals feux de friches qui ont détruit un cinquième des récoltes de blé de la Russie en 2010. La réaction de Moscou avait alors été de bloquer ses exportations pour prévenir une pénurie alimentaire dans le pays. Cet événement était toutefois tombé en même temps que d'autres pays producteurs étaient victimes d'inondations et dans un contexte où l'augmentation de la demande des économies émergentes exerçait déjà une pression à la hausse sur les prix. L'envolée du coût des produits alimentaires qui s'est ensuivie allait être la goutte qui a fait déborder le vase de populatioLes banals feux de friches qui ont détruit un cinquième des récoltes de blé de la Russie en 2010 ont entraîné une envolée du coût des produits alimentaires. C'était la goutte qui a fait déborder le vase de populations fatiguées de leurs régimes politiques et déclencher le vaste mouvement de protestations qui secoue depuis des mois plusieurs pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord.ns fatiguées de leurs régimes politiques et déclencher le vaste mouvement de protestations qui secoue depuis des mois plusieurs pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord.
«La conscience des gouvernements et du secteur privé de l'importance de la gestion du risque a crû de manière spectaculaire ces dernières années», écrit en introduction Michael Oborne, président du comité d'experts internationaux qui a produit le rapport de 137 pages. Il y a «un sentiment d'urgence palpable» à apprendre à mieux comprendre les «faiblesses structurelles» et les «moteurs de vulnérabilité» susceptibles de répercuter aux quatre coins de la planète le prochain désastre naturel, défaillance technique ou attaque malveillante. «Dans la foulée de la crise financière de 2008, les dirigeants mondiaux réalisent parfaitement que l'avènement d'un autre choc systémique pourrait sérieusement compromettre la reprise économique, la cohésion sociale et même la stabilité politique.»
La mobilité accrue des biens, des personnes et des données, l'interdépendance des moyens de production, la concentration des populations dans de grandes métropoles, tout comme celle des organisations, publiques et privées, sont autant de «moteurs» qui contribueront à augmenter la vulnérabilité des sociétés et amplifier l'impact des chocs à venir. Il arrive souvent que les contrecoups d'un événement causent plus de dommage que le choc initial, comme lorsqu'une panne d'électricité arrête le fonctionnement des usines d'épuration d'eau.
«La menace croissante d'une pandémie a été illustrée par l'épidémie de SRAS en 2002 qui s'est rapidement propagée de Hong Kong au monde entier à mesure que des voyageurs étaient contaminés par le virus et rentraient dans leurs pays, note l'OCDE. Le nombre croissant de mégalopoles très peuplées [...] exacerbe ce risque, en particulier dans des villes comme Dacca, Manille et New Delhi, grandes plaques tournantes pour les voyages d'affaires, le tourisme et les migrations.»
Chocs à venir
Les futurs chocs mondiaux viendront sur plusieurs fronts. Les catastrophes naturelles, le manque d'accès à l'eau et aux services sanitaires et la concentration des populations dans de grandes villes seront un terreau fertile à de nouvelles épidémies. La crise financière a également laissé la place à une crise des finances publiques qui pourrait bien finir par entraîner par le fond l'économie de certains pays. L'utilisation toujours plus grande de nouvelles technologies et le peu d'attention portée à leur sécurité par leurs vendeurs laisseront aussi la porte toute grande aux cybercriminels.
Le défi des gouvernements sera de trouver une façon de détecter et de réduire ces nombreuses menaces. Comme toutes ne pourront pas être bloquées, il faudra veiller à renforcer la résistance des systèmes en place et en prévoir d'autres de dépannage. L'OCDE voudrait, par exemple, que les gouvernements fassent contrepoids à la logique commerciale et mettent en place des politiques fiscales et réglementaires encourageant les compagnies pharmaceutiques à développer de nouveaux antibiotiques capables de contrer l'apparition de bactéries résistantes aux médicaments.
Pour être efficace, ce travail de surveillance et de consolidation des gouvernements devra nécessairement se faire en coopération avec les autres pays. Il faudrait par exemple mettre en place des modèles de simulation, convenir de système d'alarme rapide, réduire les menaces qui apparaissent les plus urgentes et multiplier les systèmes de sécurité.
«Jamais auparavant les risques mondiaux n'étaient apparus aussi complexes, les enjeux aussi élevés, et le besoin de coopération internationale aussi évident», observe Michael Oborne dans le rapport.


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