L’extraction massive de gaz naturel aux États-Unis représente à première vue une solution énergétique plus abordable et moins polluante que le charbon et le pétrole, mais le gouvernement Obama aurait tort de considérer cette ressource comme autre chose qu’un « combustible de transition », fait valoir l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Après Montréal mercredi, le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, était de passage à Washington vendredi pour présenter l’étude de son organisation consacrée à la situation économique américaine. Comme il l’avait fait au nord de la frontière en réclamant une plus grande taxation des émissions canadiennes de carbone, il a accordé une grande importance à l’environnement lors de son allocution prononcée au National Press Club.
« Le gaz de schiste est une option énergétique pratique et rentable, mais qui doit être perçue comme une solution de transition à long terme vers l’abandon des énergies fossiles, particulièrement en raison des risques d’impacts négatifs sur l’environnement que présente la fracturation hydraulique », a-t-il déclaré.
Entre 2008 et 2013, la production de gaz américain a augmenté de 20 % et cette forte croissance est appelée à se poursuivre au moins jusqu’en 2040, indiquent les données de l’Energy Information Administration. Cette augmentation de la production s’accompagne d’une baisse de la consommation de charbon et de pétrole — qui demeurent malgré tout les combustibles les plus consommés aux États-Unis —, ce qui contribue à réduire les émissions de GES.
Résister à la tentation
Avec un prix trois fois moins élevé qu’en Europe et plus de quatre fois inférieur à celui du Japon, combiné à une hausse de 11 % de la demande en provenance de la Chine d’ici 2019, la tentation est forte pour les Américains de se lancer tête baissée dans l’exploitation du gaz naturel. Mais ce serait une erreur, prévient l’OCDE.
« Les prix relativement bas du gaz naturel ont déjà encouragé la transition vers une production d’énergie moins polluante et ont fourni une base sur laquelle travailler. En l’absence d’une action concertée pour gérer cette transition, il y a toutefois un danger que le marché de l’énergie se retourne vers la combustion du charbon lorsque les ressources de gaz seront épuisées », écrivent les auteurs du rapport.
Lors de son discours, Angel Gurría a également affirmé que la « renaissance énergétique » des Américains est accueillie d’un bon oeil sur le plan financier, mais pourrait laisser derrière elle des villages fantômes lorsqu’à long terme l’exploitation gazière prendra fin. Il encourage par conséquent les autorités à investir les revenus de cette exploitation de manière appropriée pour que les générations à venir puissent également en profiter.
Même si l’ampleur des conséquences environnementales de l’exploitation du gaz de schiste est encore méconnue, le rapport souligne que la fracturation hydraulique « met potentiellement à risque les ressources en eau » et produit du méthane, dont les émissions « pourraient réduire significativement l’attractivité du gaz en tant que source d’énergie ».
On note aussi que la demande de charbon a légèrement diminué aux États-Unis, mais que les exportations de cette ressource ont plus que doublé depuis le début du boom gazier en 2007. L’OCDE recommande donc de tarifer le carbone contenu dans les combustibles, comme c’est le cas des émissions, afin d’éviter que les gains environnementaux réalisés à un endroit soient annulés par une moins bonne performance ailleurs.
Il faut que les États-Unis réduisent davantage leur empreinte carbone en imposant notamment un prix sur les GES, conclut l’organisation. « Je me félicite tout particulièrement des mesures concrètes annoncées récemment par le président Obama pour limiter les émissions de carbone », a malgré tout souligné M. Gurría au sujet de la volonté du président américain de mettre en place de nouvelles normes pour diminuer les émissions des centrales électriques des États-Unis, qui génèrent près du tiers des émissions de GES du pays. La cible de réduction est de 30 % d’ici 2030, par rapport au niveau de 2005.
GAZ DE SCHISTE
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