GAZ À EFFET DE SERRE

Les pétrolières canadiennes ne peuvent plus se mettre la tête dans le sable

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La chasse aux autruches est ouverte

L’industrie canadienne des sables bitumineux se montre ouverte à l’imposition d’une politique canadienne de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) semblable à celle annoncée la semaine dernière aux États-Unis pour les centrales électriques. À condition que les règles du jeu soient claires et équitables.

Prenant la parole lors d’un atelier de discussion consacré aux enjeux énergétiques de demain dans le cadre de la Conférence de Montréal, des représentants de compagnies pétrolières ont admis que l’enjeu des émissions de GES ne peut plus être mis de côté. Préférant néanmoins les lois du marché à l’encadrement gouvernemental, ils n’ont pas évité la question du secrétaire général du Conseil mondial de l’énergie, Christoph Frei, au sujet de l’initiative du gouvernement Obama.

« Nous voulons de la prévisibilité, un terrain de jeu équitable pour tous. Nous ne souhaitons pas que les autorités gouvernementales choisissent des gagnants et des perdants, a répondu le président et chef de la direction d’Imperial Oil, Rich Kruger. Nous croyons que la question des GES est une question sérieuse à laquelle nous devons répondre, mais s’il y a un prix sur le carbone, nous voulons qu’il soit uniforme à travers la société et prévisible pour que nous puissions investir de manière éclairée. »

Barack Obama

Lundi dernier, le président américain, Barack Obama, a fait preuve d’audace en annonçant son intention de mettre en place de nouvelles normes pour diminuer les émissions des centrales électriques du pays, qui génèrent près du tiers des GES des États-Unis. Il souhaite que ces centrales réduisent leurs émissions de 30 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 2005. Le plan dévoilé par l’Agence de protection de l’environnement cible en grande partie les très polluantes centrales au charbon, puisqu’elles fournissent près de 40 % de l’électricité de nos voisins du Sud.

À la manière de son homologue, le président et chef de la direction de TransCanada, Russel K. Girling, a expliqué que l’industrie doit plus que jamais conjuguer avec les considérations environnementales. Il ne semble pas inquiété outre mesure par une éventuelle cible canadienne d’émissions de GES.

« Si une limite d’émissions est fixée, peu importe à quel niveau, je crois que l’industrie canadienne peut compétitionner, affirme-t-il. La clarté et la prévisibilité sont très importantes. Il faut aussi que ce soit une norme égale pour tous et non discriminatoire envers les sables bitumineux. »

Avec son projet Énergie Est, TransCanada souhaite transporter du pétrole par pipeline de l’Ouest canadien vers le Québec et le Nouveau-Brunswick. La compagnie est également derrière le projet d’oléoduc Keystone XL, qui relierait l’Alberta au golfe du Mexique, toujours en attente d’approbation. M. Obama devrait prendre une décision dans ce dossier au cours de la prochaine année.

Cette réflexion au sujet de la pollution des compagnies du secteur énergétique préoccupe la directrice générale de l’Agence internationale de l’énergie, Maria van der Hoeven, tout particulièrement à l’aube de la conférence de l’ONU sur le climat qui aura lieu à Paris en novembre 2015. C’est à ce moment que les pays ont convenu de s’entendre sur un nouvel accord applicable en 2020 pour limiter le réchauffement climatique.

« Il y a un roi qui sera là pour plusieurs décennies à venir, et nous ne l’aimons pas. C’est le charbon, a laissé tomber Mme van der Hoeven. Puisque le charbon est partout et facile à exploiter, il sera toujours une solution de rechange sans un prix sur le carbone. »

Les questions environnementales, économiques et énergétiques ne doivent donc pas être prises séparément, dit-elle. « Nous voyons des signes encourageants avec ce qui se déroule par exemple aux États-Unis […] C’est important que tous les ministres de l’Énergie soient impliqués dans cette discussion sans que ce soit seulement une question environnementale. »


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