G20 DE HAMBOURG

L’isolement mène à l’échec

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La peur du «vide» que laisseront les États-Unis dans leur repli



Le sommet des 20 pays les plus riches de la planète s’est terminé avec la publication d’un communiqué commun, ce qui est bien en soi, mais il ne laisse présager que des reculs dramatiques dans les relations entre les États-Unis et le reste du monde.





Personne n’a été surpris par la position isolationniste américaine au sujet du réchauffement climatique, et l’ultime communiqué du Sommet du G20, à Hambourg, le reconnaît d’emblée contrairement à l’habitude en pareilles circonstances.


 

Heureusement pour la planète, alors que ce communiqué dit clairement que les États-Unis se retirent de l’Accord de Paris sur le climat, il enchaîne en réaffirmant l’engagement « irréversible » des 19 autres membres du G20 à respecter cet accord.


 

Plus décevant, le communiqué reconnaît aux États-Unis le droit « d’aider » d’autres pays à avoir accès aux énergies fossiles « propres » et à utiliser, par exemple, le gaz de schiste que les Américains se proposent d’exporter sous forme liquide vers certains pays d’Europe de l’Est qui cherchent à réduire leur dépendance envers la Russie.


 

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, qu’on imaginait servir d’intermédiaire entre l’Europe et M. Trump, n’a pas dû travailler très fort pour tenter de convaincre ce dernier d’abandonner cette exigence comme le souhaitait l’Allemagne, hôte du sommet. Après tout, la position du gouvernement Trudeau sur la question du climat s’apparente un peu à celle de M. Trump dans les faits : d’accord pour développer des énergies « propres »… tout en accentuant les efforts pour produire et vendre plus de pétrole et de gaz aux quatre coins du monde.


 

Allez savoir si cela expliquerait la remarque de M. Trump, samedi : « Nous avons un voisin extraordinaire qu’est le Canada, et Justin fait un travail spectaculaire […]. »


 

Sur la question du commerce, les États-Unis viennent de mettre fin en deux coups de cuillère à pot à des années de défense du libre-échange et des institutions multilatérales en faisant ajouter au communiqué final une réserve de première importance : celle du droit des pays à se défendre par des mesures antidumping contre les pratiques jugées déloyales.


 

Qui jugera de ce qui est loyal ou pas ? Les États-Unis, bien sûr, comme le Canada l’a appris à ses dépens dans le dossier du bois d’oeuvre.


 

Cette fois, l’enjeu ne touche pas que le bois d’oeuvre, puisque les États-Unis menacent d’imposer des taxes sur toutes leurs importations, dont, à court terme, une taxe antidumping de 20 % sur l’acier.


 

L’objectif officiel est de punir la Chine, mais l’Europe et le Canada seront aussi touchés directement s’ils ne parviennent pas à convaincre les autorités américaines que le marché de l’acier, comme celui de l’automobile, est aujourd’hui très intégré.


 

Un groupe de travail a été formé pour résoudre le problème de la surcapacité mondiale de production causée par l’invasion de l’acier chinois écoulé à bas prix. Cela suffira-t-il pour calmer le président américain, pour qui seule compte la situation intérieure des États-Unis ?


 

Depuis la campagne électorale, il ne se passe pas une semaine sans que Donald Trump attaque les nations qui enregistrent un surplus commercial avec les États-Unis. Ce qu’il oublie de dire, c’est que, malgré l’important déficit commercial de son pays, les États-Unis sont ceux qui profitent sans doute le plus du libre-échange dans le monde moderne.


 

Et si les États-Unis peuvent ainsi s’enrichir malgré une balance commerciale continuellement déficitaire, c’est que le dollar américain sert encore aujourd’hui de première monnaie de réserve et d’échange dans le monde, y compris en Chine, un avantage qui permet aux États-Unis de consommer et de s’endetter toujours plus sans inflation, aux dépens de ses partenaires.


 

Quels que soient les bons mots du président au sujet de Justin Trudeau, ce repli sur soi des États-Unis représente la plus grande menace économique à laquelle le Canada et le monde aient eu à faire face depuis longtemps.


 

En adoptant le slogan « America First », non seulement Donald Trump et les républicains abandonnent-ils leur rôle de leaders du monde capitaliste, mais ils s’isolent chaque jour un peu plus et transforment leurs meilleurs alliés en ennemis potentiels.


 

Voilà une position qui pourrait avoir pour conséquence positive de forcer l’Europe à faire front commun, mais aussi de permettre à la Chine de devenir rapidement le plus important commerçant de la planète, la nation la plus influente sur plusieurs continents et bientôt la plus puissante sur le plan militaire. Beau gâchis !









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