Sélectionné et édité par Melissa Bounoua - Les hommes politiques et les économistes vous le diront : il n’y a pas trente-six mille façons de désendetter un état. Il n’y en a même que deux, qui relèvent a priori du bon sens : la diminution du train de vie de l’Etat, d’une part ; et l’augmentation des recettes fiscales, d’autre part. Malheureusement, cette équation à deux inconnues est très difficile, pour ne pas dire impossible, à résoudre. Diminuer le nombre de fonctionnaires ? Une nécessité, certes, mais dont les effets ne se feront ressentir qu’à très long terme. Imposer plus lourdement les très grandes fortunes ? Un symbole politique intéressant dont l’impact économique ne serait pourtant que très limité.
La France doit générer des excédents
D’autant que l’objectif affiché (la réduction des déficits publics) est loin d’être suffisant ! La vraie finalité, si tant est que nous souhaitions léguer aux jeunes générations une situation saine, consiste à générer des excédents ! Car une chose est de ne plus générer de déficits, une autre chose est de rembourser la dette faramineuse que nous avons accumulée. Et pour rembourser cette dette, il va nous falloir être en mesure d’aligner des décennies et des décennies d’excédents budgétaires. Impossible.
Il y a pourtant une troisième solution, qui permettrait de résoudre, très vite, et de façon imparable le problème de la dette : l’inflation, à condition qu’elle soit maîtrisée et qu’elle s’accompagne également d’une hausse des salaires. L'inflation est aujourd’hui l'un des leviers les plus puissants que nous pourrions utiliser pour insuffler une nouvelle dynamique aux économies occidentales. Elle permettrait, tout d’abord, d’atténuer le poids de la dette des états en limitant fortement l’impact des taux d’intérêt.
Monnaie, euros
Si l’économie s’emballe (quitte à ce que cela soit artificiel du fait de cette inflation) le poids de la dette s’en verrait proportionnellement diminué. Un exemple concret : une inflation de 5% signifie que le poids de la dette diminue de 5% chaque année, rien que ça ! De plus, entreprises et particuliers pourraient souscrire à des emprunts à des taux largement atténués, du fait précisément de l’inflation. Dans le passé, il est même arrivé que l’inflation dépasse les taux d’intérêt, ceux-ci devenant alors négatifs !
L'inflation, levier pour combler la dette
Seulement, si l’inflation peut aider les actifs à se constituer un patrimoine en limitant l’impact des taux d’intérêt, si elle peut contribuer massivement au désendettement d’un Etat, elle peut également porter lourdement préjudice à ceux qui vivent de leurs rentes, au premier rang desquels les nouveaux retraités. Nous y voilà. Rappelons nous que ce sont les baby boomers qui sont à l’origine de l’euro et de la création de la Banque Centrale Européenne (BCE). Je suis un européen convaincu, et je considère l’euro comme ma monnaie.
Son arrivée dans nos économies a été salutaire à bien des égards. Mais comment expliquer que l’unique mandat confié à la BCE soit précisément... la lutte contre l’inflation ? Il y a une raison à cela : les baby boomers, désormais à la retraite ou sur le point de l’être (et dont le revenu moyen dépasse celui des actifs) ont compris qu’ils allaient progressivement passer d’un statut d’actif à un statut d’inactif, d’un statut de travailleur à un statut de rentier.
Une priorité politique ?
Le vrai fossé, ce n’est donc pas tant celui qui oppose les riches aux pauvres ; les patrons aux salariés. Non, le vrai fossé, le plus puissant d’entre tous, c’est celui qui s’est installé depuis plusieurs décennies entre une génération bénie des dieux qui a choisi de vivre au dessus de ses moyens, et les générations qui l’ont suivi. Fossé parfaitement entretenu par ce complot qui n’en porte pas le nom mais dont le moins que l’on puisse dire est qu’il agit encore avec force.
Pourtant, aucune voix dans la classe politique ne viendra dénoncer cette injustice et justifier le retour à l'inflation. Non que nos dirigeants émanent tous de la caste des baby boomers, mais tout simplement parce que les baby boomers sont des électeurs studieux et fidèles, contrairement aux jeunes générations. Leur pouvoir d’influence démocratique n’en est donc que renforcé.
Pas sûr, donc, que l’opportunité inédite que représente la campagne électorale de 2012 soit saisie pour faire bouger les lignes. Dommage.
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