Il était totalement inévitable que la question de l’homosexualité du chef du PQ soit mentionnée pendant la campagne électorale. Ce qui est regrettable, c’est la manière tout à fait disgracieuse dont l’animateur Louis Champagne – qui n’en est pas à ses premières armes en matière d’intolérance et qui est un habitué des fonds de poubelle – a amené la question, à propos d’un candidat péquiste dans la région du Saguenay et qui est également gay.
Ce qui était remarquable, hier, c’est la dignité avec laquelle M. Boisclair a répondu aux questions à ce sujet, en rappelant que la question ne touchait pas que lui, mais, d’abord et avant tout, «les millions de Québécois qui veulent un monde où il y a moins de discrimination».
Il convient de remarquer deux choses. D’abord, la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle est interdite par la Charte québécoise des droits et libertés, qui a été approuvée par tous les partis représentés à l’Assemblée nationale. Dans ce contexte, il ne serait pas inapproprié pour les autres chefs de parti de faire remarquer qu’au Québec, cela ne devrait jamais devenir un enjeu politique. On ne devrait pas cautionner, même par le silence, une attaque aussi inacceptable, même si c’est contre un adversaire.
Mais aussi, il faut dire que l’immense majorité des critiques qui ont été formulées contre M. Boisclair depuis le début de la campagne n’ont rien eu à voir avec son orientation sexuelle et tout à voir avec sa performance comme homme politique. En ce sens, l’intervention de cet animateur de radio n’est aucunement représentative de l’attitude de l’ensemble des Québécois – tout en admettant qu’il y a autant de gens intolérants au Québec qu’ailleurs, même s’ils ne constituent pas la majorité.
Cela dit, la dignité avec laquelle M. Boisclair a fait face à ces questions aujourd’hui mérite d’être saluée. Il est rare, de nos jours, qu’on attaque un chef politique non pas pour les idées qu’il défend, mais pour ce qu’il est. Quand on est attaqué de cette façon et qu’on réagit comme l’a fait le chef du PQ, on mérite le respect de tous.