L'indifférence de l'Ouest à la question québécoise

Lorsque les Québécois discutent passionnément d'options fédéralistes et nationalistes, ils parlent de plus en plus uniquement à eux-mêmes.

Les nouveaux riches du Western Canada - des parvenus arrogants, insolents, insultants, de plus en plus canadian...


La semaine dernière, j'ai eu l'occasion de participer à une conférence à Ottawa consacrée au visage changeant du fédéralisme canadien. Cet événement a fait prendre conscience que l'éternel débat sur la place du Québec dans l'univers canadien, un débat qui se poursuit toujours au Québec, est mort dans l'Ouest du pays.

Les Canadiens de l'Ouest ont quitté la table.
Les indices de cette conclusion sont apparus dans l'indifférence observée l'an dernier à l'occasion de la reconnaissance, par le Parlement fédéral, de la nation québécoise au sein du Canada. Dans le passé, la seule évocation d'une telle reconnaissance aurait amené les Canadiens de l'Ouest à se précipiter sous leur lit pour prendre leurs mousquets. L'opposition était certainement plus vive lorsque les accords du lac Meech et de Charlottetown proposaient la reconnaissance plus modeste du Québec comme société distincte. Toutefois, cette fois-ci, il n'y a eu pour ainsi dire aucune réaction.
Que se passe-t-il? Les Canadiens de l'Ouest ont-ils tout simplement jeté l'éponge ou y a-t-il quelque chose de plus profond en cause?
Nul doute que l'élection du gouvernement conservateur de Stephen Harper fait partie de la réponse. Les Canadiens de l'Ouest ont davantage le sentiment que leur gouvernement national ne perdra pas de vue leurs intérêts et leurs aspirations, bien que la détermination du gouvernement à rebâtir le Parti conservateur au Québec suscite certaines inquiétudes.
Toutefois, j'avancerai que l'indifférence croissante de l'Ouest envers les débats sur le fédéralisme et concernant l'avenir du Québec au sein du Canada reflète un changement plus fondamental. Dit simplement, le Québec a cessé d'être le point de référence prépondérant pour les Canadiens de l'Ouest tandis qu'ils réfléchissent à leur situation actuelle et future.
La prospérité qui s'est répandue dans la région a réorienté le débat politique vers l'intérieur et l'a transformé en une discussion élargie sur les occasions et les défis de l'avenir. Ce qui se passe dans le reste du pays semble manquer de plus en plus de pertinence comparativement à ce qui se déroule dans les économies asiatiques.
L'économie avant le Québec
La région s'est tournée non pas seulement vers l'intérieur, mais également vers l'Ouest, vers la croissance rapide de l'économie mondiale qui aura des répercussions plus grandes sur la prospérité de l'Ouest canadien à long terme que les nuances de la relation du Québec avec le reste du Canada. Les Canadiens de l'Ouest ont tourné la page et il en résulte que dans les pages éditoriales, dans la couverture générale des médias et dans les conversations de pubs ou parmi des amis au dîner, le Québec brille par son absence.
Les questions d'unité nationale qui avaient une telle importance dans le passé ont presque disparu du paysage politique. Un forum public consacré aux pour et aux contre de la conversion de deux points au football canadien attirerait bien plus de gens.
Rien de tout ceci ne doit être perçu comme une louange. Il se peut que les Canadiens de l'Ouest aient tout faux. Il est possible que la résolution du débat fédéraliste au Québec et à tout le moins l'émergence de nouvelles options et de nouveaux modèles soient bien plus importantes que nous le pensions.
Les Canadiens de l'Ouest cherchent peut-être tout simplement à se rassurer. Peut-être nous réveillerons-nous un beau matin pour découvrir que nous sommes plongés dans une crise constitutionnelle et, si c'est le cas, que nous sommes terriblement mal préparés après nous être assoupis.
Cependant, il est possible que nous allons nous réveiller de fort méchante humeur plutôt que dans des dispositions accommodantes, en colère d'être de nouveau aspirés dans un débat constitutionnel qui semble "si d'hier", si peu en lien avec les réels et vrais défis de politique publique d'aujourd'hui.
Lorsque les Québécois discutent passionnément d'options fédéralistes et nationalistes, ils parlent de plus en plus uniquement à eux-mêmes. Les Canadiens qui vivent dans l'Ouest du pays ont perdu tout intérêt et ils se sont plutôt tournés vers les formidables défis et occasions que présente l'économie mondiale, qui se transforme et croît rapidement. Les ramener dans une discussion pour savoir combien d'anges fédéralistes ou nationalistes peuvent tenir sur la tête de l'épingle du Québec sera très difficile, voire impossible.
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Roger Gibbins

L'auteur est président du conseil et PDG de la Canada West Foundation, groupe de recherches en politique publique établi à Calgary.
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En complément
The future of Canadian federalism
The Ottawa Citizen

Published: Friday, June 02, 2006
Three of Canada's most insightful academics are in Ottawa delivering papers on the future of Canadian federalism this week, part of the Conference Board of Canada's visiting-scholar program.
Roger Gibbins, a Calgary political scientist and president of the Canada West Foundation, argues for a federation in which the federal government carves out a distinctly Canadian economic space but leaves the solutions to social problems to the provinces. That's what Confederation was supposed to be about, he says, but instead the federal and provincial governments have become so entangled in each other's business that nobody takes responsibility for anything anymore. If trade with China and India is supposed to be so important, he asks, why is the federal government only spending the equivalent of half a latte per Canadian per year on facilities on the West Coast to handle that trade?
Janice Gross Stein, the director of the University of Toronto's Munk Centre for International Studies, says Canadian governments have become too atomized. Working federations depend on a kind of "sticky networks" of people who know and can work with each other, but her research has shown her that federal and provincial officials too often think of each other as enemies rather than partners. Canada needs networked federalism, Ms. Stein says, a flexible system in which the interested parties and governments work together to solve problems instead of battling all the time.


Antonia Maioni, the director of McGill University's Institute for the Study of Canada, brings these questions into the Quebec context. It's been 10 years since the last referendum on separation, she says, yet the problems that underlie the separatist movement are no closer to being solved. The good news: it may not matter as much as it did in 1995. Quebecers are more cosmopolitan than ever, and are questioning the statist "Québec model" that has been an article of faith in Quebec politics for generation's.
Each of these experts (and the head of the Conference Board of Canada think tank, Anne Golden) talked about their visions of a successful Canada with the Citizen's editorial board on Thursday, June 1.
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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    16 décembre 2007

    Beaucoup de B.C. Citizens tentent tellement de nous enlever de leurs pensées que s'ils s'adonnent à rencontrer un Québécois en personne, chez eux ou au Mexique, où ils possèdent la plupart des R.V.Parks de la Côte autour de Mazatlan, ils deviennent hargneux comme sangliers. J'en ai pris mon parti et pour éviter l'affrontement, je mets la conversation sur l'Espagnol où ils seront comme moi sur la langue seconde ou bien bouchés.
    Raison de plus de ne pas vouloir partager un pays avec de tels désagréables zigues.