Philippe Couillard s’invente une nouvelle « image ». À huit mois des élections, le premier ministre se découvre un intérêt soudain pour la « lutte à la pauvreté ». Malheureusement, après trois ans d’austérité, ce « lifting » radical est un miroir aux alouettes. Du moins, pour les plus vulnérables d’entre nous.
Dans ma chronique de mardi, je vous parlais d’une décision révoltante du gouvernement rapportée par Le Devoir. Sans broncher, il prive des milliers de personnes handicapées intellectuelles adultes vivant en ressources intermédiaires (RI) du maigre 73 $ mensuel d’augmentation de leur chèque d’aide sociale. Une hausse modeste qui devait pourtant être accordée à tous les prestataires inaptes au travail.
Or, la RAMQ hausse en même temps de 73 $ par mois la contribution de ces mêmes personnes handicapées à la RI où elles résident. Ce qui, sur leur minuscule revenu mensuel de 1035 $, ne leur laisse toujours qu’un infime 215 $ pour leurs « dépenses personnelles ».
(Rappelons qu’en plus du 820 $ par mois que la personne handicapée paie pour vivre en RI, les RI reçoivent aussi de généreuses subventions de l’État.)
Banditisme politique
Arracher ce 73 $ par mois aux personnes handicapées vivant en RI, c’est du banditisme politique. Qu’ils essaient les ministres, eux, reclus dans leur bulle médicalo-comptable, de se contenter de 215 $/mois pour leurs dépenses personnelles...
En posant un geste aussi répugnant et discriminatoire, le gouvernement Couillard trahit sa véritable nature. Il dit en fait à ces personnes handicapées qu’il se fout de leur sort. Comme quoi, le lancement de sa belle politique de « lutte à la pauvreté » est à géométrie scandaleusement variable.
Remarquez que son indifférence aussi totale qu’incompréhensible envers les adultes déficients intellectuels et leurs familles ne date pas d’hier. Ce dernier geste vient le confirmer une fois de plus.
Les libéraux ont d’ailleurs refusé leur consentement au dépôt d’une motion de la CAQ leur demandant de redonner ce 73 $ par mois aux personnes handicapées qui en sont privées sans la moindre raison logique.
Mépris
Questionné par Le Devoir, le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, disait « réfléchir » à une solution possible. Du même coup, il se dédisait en lançant cette perle de mépris : « Ces gens-là sont logés et nourris. » Traduction : selon lui, il serait donc « normal » de leur arracher cet humble 73 $ de plus par mois.
Eh bien, « ces gens-là », comme le ministre les appelle de haut, ce sont ces mêmes personnes handicapées qu’il privera ainsi de 876 $ cette année. Soit presque l’équivalent d’un mois de revenu d’aide sociale. Ces « gens-là » vont donc devoir continuer à « vivre » avec 215 $ par mois pour couvrir tous leurs besoins personnels.
Les vêtements ne sont pourtant pas moins chers pour les adultes déficients intellectuels. Ni les produits d’hygiène ni le cinéma, ni le coiffeur, ni les souliers, ni les bottes, etc. Pour une seule semaine de camp, c’est aussi un minimum de 500 $ de frais.
Sur quelle planète éloignée nos gouvernants vivent-ils pour ne rien comprendre à la réalité troublante des plus vulnérables d’entre nous ?