La bataille des plaines d'Abraham

L'image du Québec à l'étranger a été ternie, dit Jean Charest

La Conquête n'a pas si mal tourné pour les francophones, a déjà écrit Michael Ignatieff

Petite politique à la hauteur du petit homme Charest

Le premier ministre Jean Charest affirme que la controverse qui a sonné le glas de la reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham a terni l'image du Québec à l'étranger. De son côté, le chef libéral fédéral Michael Ignatieff a déjà écrit que les Québécois n'ont pas été totalement perdants lors de la Conquête.
Alec Castonguay - Ottawa -- Le premier ministre Jean Charest est revenu hier sur la controverse qui a entouré le projet de reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham de 1759, où les Français ont capitulé devant les Anglais. Selon lui, les «dérapages» et les «allusions à la violence» qui ont entouré le débat sur cette reconstitution a été une «fausse note» pour la société québécoise.
M. Charest, qui s'était empressé de se dissocier de la commémoration-spectacle que préparait la Commission des champs de bataille nationaux pour souligner le 250e anniversaire de la bataille des plaines d'Abraham l'été prochain, est par ailleurs satisfait de la décision de l'organisme fédéral d'abandonner le projet. Il faut «tourner la page», a-t-il dit.
Avant la séance hebdomadaire du conseil des ministres à Québec, M. Charest a lancé une flèche au Parti québécois, qui entretient selon lui des «liens» avec les mouvements à l'origine des menaces de «dérapages».
Le Parti québécois a répliqué en fin de journée hier. «Nous nous sommes toujours opposés à toute forme de violence ou d'appel à la violence», a dit le leader parlementaire péquiste, Stéphane Bédard.
La Conquête
Le chef libéral fédéral Michael Ignatieff a laissé beaucoup de traces de ses pensées lors de sa carrière d'intellectuel et d'universitaire. L'histoire du Canada et la Conquête de Québec ne fait pas exception.
Mardi dernier, Michael Ignatieff n'a pas voulu s'étendre sur la controverse qui a entouré la reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham. Il a simplement accusé les souverainistes d'avoir voulu dominer un «débat libre» sur le sens à donner à l'histoire du pays. Le chef libéral a aussi soutenu qu'il était inapproprié de fêter cette défaite des Français.
Mais le 28 août 1999, dans un texte qu'il a signé dans le National Post, il s'exprimait plus longuement sur le sujet, affirmant que l'histoire doit reposer sur des faits et non pas seulement sur l'interprétation que le camp du vaincu et celui du vainqueur en font.
Assez brutalement, il disait ceci: «Ça serait bien un jour si les Québécois pouvaient admettre que la Conquête n'a pas si mal tourné pour eux et que les Britanniques, finalement, ont permis de garder leur religion et leurs lois même s'ils ont imposé le cadre [matrix] commun de leurs institutions.»
Mardi , M. Ignatieff a d'ailleurs déclaré qu'il trouvait «surprenant» l'épanouissement des francophones en Amérique du Nord dans ce contexte.
Dans le même texte de 1999, Michael Ignatieff sermonnait également le Canada anglais. «Il serait aussi bien que les Anglais admettent que les Français ne sont pas juste des agités qui vont toujours menacer notre unité nationale, mais que leur présence a contribué à nous définir et à préserver ce qui fait de nous un peuple distinct», a-t-il écrit.
Il termine son texte en affirmant que, pour les deux peuples fondateurs, ce ne sera jamais la même version de l'histoire qui prévaudra. L'entourage de Michael Ignatieff n'a pas voulu commenter ce texte hier.
Pas dans ma plaine
Par ailleurs, le premier ministre ontarien Dalton McGuinty a rejeté hier l'idée de reconstituer la bataille des plaines d'Abraham en Ontario, comme certains l'ont suggéré. «Il me semble qu'il y a plusieurs personnes, spécialement dans la province de Québec, qui sont anxieuses quand on parle de ce sujet. [...] Nous avons la responsabilité de ne pas aller de l'avant avec ce programme», a-t-il dit.
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Avec La Presse canadienne


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