L’illusion de l’asphalte, une drogue du Plus+Plus.

Tribune libre

Pouvons-nous nous dire les vraies choses, celles que nous ne voulons pas entendre, voir ou admettre?

Voilà maintenant des décennies que nous ajoutons des routes, des ponts, du transport en commun et que la congestion augmente et s’accentue. Plus d’habitants, plus d’autos, plus de routes, plus de dette publique, plus d’entretien et de réparation… et encore plus de monde, plus d’autos…la spirale continue et s’accélère.

La réalité « construire plus de routes » n’est pas la solution. Elle est une illusion que nous voulons croire, celle qu’une fois nos routes actuelles réparées et de nouvelles construites, tout ira mieux, que le problème sera réglé pour de bon, que tout reviendra à la normale. Un peu comme plus de médicaments et la santé reviendra. Et quand le médicament ne fonctionnera plus, nos entreprises pharmaceutiques trouveront des nouvelles formules plus puissantes. Leurs ventes augmentent, c’est bon pour l’économie! La spirale et l’illusion continuent.

Plus de routes, plus larges, qui s’entrecroisent, c’est bon pour l’économie. Ça créer des emplois, nous pouvons ainsi nous payer plus d’autos, emprunter plus, plus d’essence, plus de taxes pour nos gouvernements, besoin de plus de pétrole… Et voilà l’illusion est confirmée : le dieu PIB (produit intérieur brut) qui augmente, donc tout va bien (note 1)!

Dans notre for intérieur, nous savons que quelque chose ne va pas, pas seulement pour nos routes, mais dans plusieurs sphères de notre environnement. Mais restons sur «la route» de cet article!

Que faire alors pour briser cet infernal cycle, cette drogue du Plus Plus? Simple, opté pour le moins.

Le vrai problème : il y a trop de véhicules sur les routes. Il y a trop de véhicules parce qu’il y a une trop forte concertation d’habitants sur une petite superficie.

La vraie solution à court terme : circulation alternée. À titre d’exemple, voici une formule : une restriction de la circulation journalière qui s'applique en alternance en fonction de l'immatriculation des véhicules, le plus souvent entre les immatriculations paires et impaires. Cette alternance est mise en place dans certains pays pour principalement réduire la pollution atmosphérique. Cette solution demande un changement de nos habitudes, nous devons moins utiliser notre véhicule. À court terme, c’est exigeant. Un peu comme opter pour changer son style de vie plutôt que prendre des médicaments!

À plus long terme. Nous devons nous demander qu’elle est la population appropriée pour une surface donnée. Par exemple quelle devrait être la démographie optimale (non maximale) pour Montréal. C’est question se pose également pour le Québec, le Canada, la planète (note 2). Quel est ce niveau qui permet de se maintenir dans une zone d’équilibre, d’efficience et d’éviter de tomber dans la zone de dés-économies et de déséquilibre. Les signes sont évidents, pour qui veut les voir; nous sommes en sérieux déséquilibre. Nous faisons des pirouettes économiques, d’ingénierie, de planification, de coordination pour se donner l’apparence momentanée d’équilibre, de bonne santé.

Donc moins d’autos, moins de routes, moins d’argents pour ces routes, moins d’essence, plus de fluidité, moins de pollution, moins vulnérables aux évènements naturels (note 3), plus de sérénité au travail, à la maison, meilleure santé, plus d’argent, de ressources pour bâtir de la «vraie richesse», plus de transport en commun, plus de covoiturage, plus de solidarité, plus d’air de qualité, plus d’autonomie énergétique…

Eh oui, certains me diront, moins d’emplois, moins de taxes et moins de PIB. Attention vous retombez dans l’illusion «créer des emplois pour creuser davantage notre caveau».

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Note 1 : http://www.vigile.net/Le-PIB-cause-d-aveuglement
Note 2 : http://www.populationmatters.org/
Note 3 : Six projets pour protéger New York de la montée des eaux http://tinyurl.com/ksno4sb


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    15 juillet 2014


    La vraie solution à court terme : circulation alternée. À titre d’exemple, voici une formule : une restriction de la circulation journalière qui s’applique en alternance en fonction de l’immatriculation des véhicules, le plus souvent entre les immatriculations paires et impaires
    Est-ce à dire une alternance entre chômer et travailler ?
    Pour un grand nombre de travailleurs, il faut utiliser un véhicule pour traîner de l'équipement qui passerait très mal par le transport en commun.
    Moi, j'ai réglé mon problème en utilisant un vélo avec deux paniers.
    Hormis le très mauvais temps, je n'ai pas de problème à aller au centre-ville à partir de la banlieue, quitte à me taper 12-15km.
    C'est vrai qu'une chaussée mal-entretenue pose un problème pour les cyclistes.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    14 juillet 2014

    Merci de nous rassurer, dans l'est de Montréal,
    Nous réalisons que Montréal a décidé de nous privilégier en abandonnant la réparation des rues. Bon, nous avons gueulé quelques années, crevaisons, suspension des véhicules, poussière... mais enfin, nous commençons à comprendre que tout le monde ralentit, emprunte moins la Sherbrooke est saccagée par les doubles convois de pétrole que nous apporte le port canadian de Montréal.
    Le tunnel Louis-H défiguré le rend aussi moins attrayant et les banlieusards commencent à rêver au nouveau pont Harper pour aller défoncer les magnifiques asphaltés de l'ouest. HO-MA deviendra bientôt piétonne et nous pourrons verdir la rue Ontario où les loisirs de consommation "verte" fleuriront.
    La Havane nous aura civilisés: nourriture de rue, amuseurs de rue, pitounes de rue, fallait y penser. Le cycle du PIB traînera à Ottawa pendant que nous recyclerons nos fringues dans les friperies de Pie IX, sourire aux lèvres, mâchonnant notre brin d'herbe, rêvassant aux labours à boeufs.