L’expérience québécoise, un modèle

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Un Ontarien qui vante le modèle québécois





Bravo aux neuf fondations privées québécoises pour leur texte («Les risques de la rigueur budgétaire»Le Devoir, le 11 mars 2015) courageux au sujet du programme actuel du gouvernement du Québec sur les finances publiques. En soulignant que le Québec est la société la plus égalitaire en Amérique du Nord, les fondations expriment leurs préoccupations sur la capacité des nombreux groupes qui oeuvrent au quotidien auprès des démunis — lesquels ne sont en aucun temps responsables de leur situation — à poursuivre leur travail. Dans son éditorial en lien avec cette lettre, Le Devoir avance que la prudence fiscale est nécessaire, mais que les compressions budgétaires — menées sans une vision claire de ce qu’il convient de préserver ou d’actualiser — révèlent une courte vue. Le Devoir a raison. Bien qu’elle concerne les Québécois au premier chef, la situation devrait aussi interpeller tous ceux et celles qui vivent ailleurs au Canada.


 

Il y a plusieurs années, j’ai écrit un article intitulé « Pourquoi tenter de sauver le Canada ? ». En effet, le reste du Canada semblait s’inquiéter de ce qu’il adviendrait si le Québec se séparait. Nos leaders hors Québec auraient plutôt dû se poser des questions telles que : qui a imposé la notion que l’économie était une fin en soi plutôt qu’un moyen de créer un avenir plus sain, plus équitable, prospère et juste pour le plus grand nombre, et non pour quelques-uns ? Quelle justification y a-t-il à s’inquiéter de la dette nationale et à endetter une génération de diplômés postsecondaires, aux prises avec des droits de scolarité de plus en plus élevés ? Quelle nouvelle vision de la place du Canada dans le monde cherchons-nous à réaliser en troquant la recherche de la paix pour la participation à des guerres ?


 

Depuis plusieurs décennies, les réponses à ces questions ont été plus claires au Québec. Sur des questions comme l’investissement dans les politiques de santé familiale comme fondement de la société, le Québec a ouvert la voie. Malgré la récente hausse des droits de scolarité, les universités québécoises présentent toujours le meilleur rapport qualité-prix qui soit. La forte opposition du Québec à notre participation à la guerre de George W. Bush en Irak a forcé le premier ministre Chrétien à décider de ne pas emboîter le pas. Une alliance avec Bush aurait été grandement impopulaire. Parlez-en à Bernard Landry, chef du PQ à l’époque, qui, autrement, aurait pu gagner ses élections. Rappelons aussi à quel point les Canadiens se sont fait une gloire de ne pas avoir pris part à cette guerre. Les Québécois avaient eu raison.


 

Cela ne signifie pas pour autant que le reste du Canada n’a jamais eu une vision progressiste du soutien que les citoyens doivent s’apporter entre eux par le biais de la fiscalité. Laurier, Douglas, Pearson et d’autres ont accompli beaucoup en favorisant une véritable notion de social-démocratie, fondée sur l’équilibre entre nation et entreprises, entre individus et collectivité. Mais depuis 40 ans, c’est le Québec qui a tenté avec le plus de détermination d’atteindre l’équité sociale.


 

La situation n’est pas parfaite au Québec. Les débats suscités par la charte des valeurs et les récentes réactions face au port du niqab m’ont troublé. Cela dit, le Canada continue d’avoir besoin du « meilleur Québec possible », celui qui défend les grandes aspirations canadiennes en matière d’équité ; celui qui nous guide sur la voie d’une fiscalité intelligente, même à la manière aussi résolue que celle de Tommy Douglas à son époque, mais avec un objectif clair d’équité sociale qui dicte où couper et où réinvestir, et non comme un pilote amateur qui dit à son passager : « Nous avançons bien, mais nous sommes perdus. » J’espère que le Québec continuera de nous orienter vers un avenir meilleur pour le bien de ses citoyens et du reste du Canada.







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