L’ambassadeur d’Espagne au Canada, Enrique Ruiz Molero, donne une leçon de droit constitutionnel espagnol à l’Assemblée nationale, un mois après que les élus québécois aient déploré d’une seule voix la montée des tensions et l’augmentation des violences en Catalogne.
« [N]otre système indépendant a ainsi mis fin à un épisode de division », assure-t-il dans une lettre adressée au président de l’Assemblée nationale, François Paradis. Après avoir « récemment subi un test », l’État érige la « réconciliation entre et avec tous les Catalans » comme une « priorité absolue », poursuit-il.
M. Ruiz Molera réagit à la motion adoptée à l’unanimité par les élus québécois le mardi 29 octobre dernier dans laquelle l’Assemblée nationale « s’inquiète des peines d’emprisonnement récemment infligées à des politiciens catalans élus légitimement et démocratiquement, des peines très sévères dans un État démocratique européen » et « appelle […] au respect des droits et libertés fondamentales de l’ensemble des citoyens et citoyennes de la Catalogne et de l’Espagne ». La motion du Parlement québécois faisait écho aux peines de neuf à 13 ans prononcées contre des élus catalans par un tribunal espagnol pour avoir tenu un référendum sur l’indépendance.
Les « dirigeants sécessionnistes catalans » ont été « jugé[s] avec équité et transparence », réplique M. Ruiz Molera dans sa missive de trois pages. Pour preuve, « le procès a été retransmis en direct », précise le diplomate espagnol. À ses yeux, la Cour suprême de l’Espagne « a montré, encore une fois, que personne n’est au-dessus de la loi et qu’il n’y a pas de démocratie en dehors de l’État de droit ». « La Constitution garantit à la fois l’autonomie de la Catalogne et protège l’unité de notre nation », plaide l’émissaire de Madrid posté à Ottawa.
L’ambassadeur Ruiz Molera reproche à « une minorité [de vouloir] imposer ses vues à l’ensemble de la population, affirmant qu’eux et seulement eux représentent les Catalans ». Il juge cela « vraiment inquiétant ».
La motion de l’Assemblée nationale du Québec n’a pas laissé indifférent, non plus, le Parlement de la Catalogne. Le « soutien » des élus québécois est « essentiel pour préserver la paix, la démocratie, les libertés civiles et les droits fondamentaux », souligne le président du Parlement de la Catalogne, Roger Torrent i Ramió, dans une lettre.