L'escouade Marteau aura un nouveau chef

Denis Morin serait remplacé par Michel Pelletier

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Vers une police moins politique ?


Le jeu de chaises musicales se poursuit au sein de la Sûreté du Québec touchant entre autres le patron de l’escouade Marteau, qui «relèvera d’autres défis» en janvier prochain. Il devrait être remplacé par le responsable des enquêtes sur le crime organisé, a appris Le Devoir.
Rien n’a officiellement été annoncé à la SQ. Il s’agit toutefois d’un scénario plus que probable qui découle des changements amorcés cet automne avec l’arrivée du nouveau directeur général Mario Laprise.
Ainsi, Denis Morin quittera l’équipe d’enquêteurs qu’il dirigeait depuis la création de l’escouade Marteau en octobre 2009. C'est Michel Pelletier, chef de service aux enquêtes sur le crime organisé, qui prendrait la relève dans les prochaines semaines, a indiqué une source ce matin. De son côté, Denis Morin sera vraisemblablement affecté au secteur du renseignement criminel sans changer de grade. Du coup, ce changement peut difficilement être vu comme une récompense pour services rendus, a souligné une source proche de la SQ. «Morin s’est fait tasser», a indiqué cette personne.
Cette idée pourrait être associée aux tensions vécues entre Marteau et la direction de l’Unité permanente anticorruption (UPAC). Pour beaucoup de policiers, l’UPAC (qui regroupe six unités d’enquête, d’analyse et de vérification) est dans les faits une «coquille vide» dont le bilan ne tient qu’au travail de Marteau. Un exemple précis d’une source d’irritation fut l’importante perquisition concernant le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) pour laquelle l’UPAC n’a pas été prévenue. Cela aurait nourri l’impression du manque de cohésion de l’organisation, comme le révélait Le Devoir à la mi-octobre.
Mais dans les rangs de la SQ, cette interprétation du déplacement de M. Morin n’est pas partagée par tous. Avec une nouvelle équipe à la tête de la SQ, ce serait aussi l’occasion pour plusieurs de revoir leur plan de carrière. «Les changements n’ont pas été imposés. Les gars travaillent sous pression et certains veulent faire autre chose. Denis Morin relèvera d’autres défis», a-t-on indiqué en coulisse.
Quoi qu’il en soit, c’est le jeu des loyautés qui se déploie à l’heure actuelle, souligne une autre personne. Denis Morin est une connaissance de longue date de Mario Laprise. Les deux hommes ont travaillé ensemble notamment dans les activités de répression du banditisme au cours des années 1990.

L’indépendance politique de la SQ
Mais il y a plus important, selon diverses sources. Au coeur de ces modifications dans la structure administrative de la SQ, Marteau ne sera plus sous la responsabilité des enquêtes criminelles. «Ça en dit long», laisse tomber un policier. L’arrivée de Mario Laprise est venue bousculer la structure organisationnelle de la SQ. En effet, l’escouade est maintenant sous la responsabilité de la fonction administrative intitulée «intégrité de l’État». Cela en fait sourciller plus d’un dans le giron de la SQ, pour qui c’est une façon de freiner des enquêtes qui pourraient s’approcher un peu trop près de certains politiciens. «Il y a là un problème d’indépendance», croit ce policier.
Cela n’est pas sans rappeler l’interruption impromptue (black-out) de la filature d’un ex-dirigeant de la FTQ-Construction, Eddy Brandone, après que celui-ci soit entré en contact avec le premier ministre Jean Charest. L’événement s’est déroulé en mars 2009 et a été révélé par l’émission Enquête de Radio-Canada, en pleine campagne électorale, l’été dernier.
À l’inverse, une autre source policière estime que l’intégrité de l’État doit être comprise comme la protection de l’institution en combattant les crimes, dont la corruption.
Cette question de l’indépendance de la SQ apparaît fondamentale en regard de la tenue de la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction (commission Charbonneau). Malgré les réticences de la SQ, la juge France Charbonneau a obtenu l’ensemble des renseignements colligés au fil des ans par l’opération Diligence. Cette mine d’or est constituée notamment de milliers d’heures d’écoute.
C’est Denis Morin qui avait pris le relais de cette importante enquête avant de se voir confier l’escouade Marteau en 2009. L’opération Diligence portait sur l’infiltration du crime organisé dans le monde syndical, mais rapidement, le monde politique s’est retrouvé au centre du radar. Ce dossier est presque devenu un tabou à la SQ au fil des ans. Si une portion de Diligence a permis de procéder à des arrestations et des accusations (des procès doivent débuter cet hiver), plusieurs autres éléments sont demeurés lettre morte jusqu’à maintenant. Diligence apparaît maintenant comme un véritable test d’indépendance pour la commission Charbonneau, croient certains policiers contactés.
D’autres changements
Outre Denis Morin et Michel Pelletier, les volontés de Mario Laprise risquent de bousculer d’autres dirigeants de la SQ. D’ailleurs, le patron de Marteau s’installe dans le fauteuil occupé jusque-là par Ronald Boudreault aux renseignements criminels. Un nouveau projet pourrait échoir à M. Boudreault sans pour autant que Le Devoir ait pu en connaître la nature. Michel Forget, qui est actuellement adjoint de l’inspecteur-chef François Roux des enquêtes criminelles serait également déplacé.
Derrière les modifications de l’organigramme de la SQ, il y aurait des visées de réaliser des économies, mais surtout, d’avoir plus d’efficacité et donc plus de résultats.


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