L’épouvantail des référendums

Lettre post-débat à Jean Charest

Tribune libre

Le débat d’hier a confirmé votre peur maladive (ou simulée) des référendums. Vous brandissez le mot comme un épouvantail et la chose comme une dépense inutile.
Pourtant, faire un référendum, c’est non seulement tâter le pouls de la population, mais encore donner une légitimité réelle aux actions d’un gouvernement. On appelle ça, ne vous en déplaise, la « démocratie directe ». De nombreux pays tiennent des référendums à répétition sur les questions les plus diverses, et les coûts qu’ils entraînent sont amplement compensés par l’aura démocratique que leur tenue confère aux décisions qui en découlent.
S’il y a une chose que vous craignez plus que la volonté et le pouvoir des étudiants (au point où vous vous réfugiez au sommet des édifices pour dévoiler vos promesses), c’est bien la volonté et le pouvoir du peuple. Il ne faudrait surtout pas le consulter, le peuple, plus d’une fois tous les cinq ans : il risquerait de vous mettre des bâtons dans les roues. Quand on est un parti d’intérêts, on a avantage à se complaire dans les règles du bon vieux parlementarisme britannique qui, depuis 1867, a tant procuré de victoires au PLQ.
Ce mépris des opinions du peuple et cette crainte de son jugement expliqueront en grande partie pourquoi les Québécois vous diront « non » le 4 septembre.

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Jean-François Vallée91 articles

  • 86 433

Jean-François Vallée est professeur de littérature québécoise et française au niveau collégial depuis 1995. Son ambition de pédagogue consiste à rendre les étudiants non seulement informés mais objectivement fiers de la culture dans laquelle ils vivent. Il souhaite aussi contribuer à les libérer de la relation aliénante d'amour-haine envers leur propre culture dont ils ont hérité de leurs ancêtres Canadiens français. Il a écrit dans le journal Le Québécois, est porte-parole du Mouvement Quiébec français dans le Bas-Saint-Laurent et milite organise, avec la Société d'action nationale de Rivière-du-Loup, les activités de la Journée nationale des patriotes et du Jour du drapeau.





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    20 août 2012

    L’épouvantail des référendums est une excellente stratégie pour un PLQ en mission fédérale.Après avoir vécu le deuil douloureux post-référendaire de 1995 et par la suite subit l'asphyxie libérale totale pendant 9 ans,brandir le simple mot référendum ravive la douleur d'un peuple qui s'est fait volé sa destiné et qui ne voit plus clairement l'endroit où respirer.Le temps presse et il doit reprendre ses forces,s'alimenter,revenir à lui.
    Répéter ad nauseam la ''menace'' référendaire est génial.Elle vise les plus faibles,ceux et celles encore au tapis.
    Pour moi la clef de sortie de ce piège à con est d'aller au fond de sa douleur,de la vivre pleinement et surtout de la comprendre et non de la fuir comme le commande la stratégie du PLQ et du ROC.Nous avons à faire à de fins stratèges en psychologie des masses.C'est vrai qu'ils sont en guerre contre les indépendantistes du Québec et il semble que tous les coups leurs sont permis.
    Que la force, le coeur et l'intelligence soient avec nous!

  • Mario Boulet Répondre

    20 août 2012

    Hier, j'ai été content de voir que Mme Marois n'est pas tombé dans le piège de dévoiler si oui ou non il y aura un référendum et si oui quand. On sait que lors de tous les débats antérieurs, lorsqu'un chef du Parti Québécois prononce le mot « Référendum » les gens ont un haut le coeur. Pourquoi? Parce que les gens s'intéressent peu à la politique. Un peu plus maintenant, mais le terme « Référendum » est synonyme plus de « chicane » que de « démocratie directe » pour plusieurs.
    De toute façon, le Parti Québécois promet un référendum seulement après avoir travaillé la question de la souveraineté. Cette nouvelle forme de gouvernement permettra de brasser la cage des fédéralistes. En leur proposant des droits légitimes et d'excellentes idées, les fédéralistes montreront leurs côtés machiavéliques où le minimum acceptable pour les Québécois ne rejoindra jamais le maximum aberrant pour les Canadiens.
    Lors des deux derniers référendums, on n'a pas préparé la table. Les gens n'avaient que des allégations à juger si elles étaient fondés ou non. Si en 1980, on n'avait pas fait de référendum, mais qu'on l'avait fait la semaine suivant la Nuit des longs couteaux (rapatriement de la constitution par P.E. Trudeau) où on a exclu le Québec, je crois que l'on serait souverain depuis 30 ans!