HYDRO-QUÉBEC

L’éolien fait grimper la facture

La société d’État souhaite hausser ses tarifs de 3,9 %

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À qui profite le crime ? Aux prédateurs habituels

Le coûteux développement de la filière éolienne devrait encore une fois avoir un impact sur la facture d’électricité des Québécois. Après avoir obtenu l’autorisation d’augmenter ses tarifs de 4,3 % l’an dernier, Hydro-Québec réclame cette fois une hausse de 3,9 %. Et tout porte à croire que ce scénario se répétera dans les années à venir.

La société d’État a soumis mardi à la Régie de l’énergie une nouvelle demande tarifaire qu’elle justifie par l’indexation du prix de l’électricité patrimoniale (+0,4 %) et les investissements nécessaires dans les réseaux de transport et de distribution (+1,9 %), mais surtout par le coût des nouveaux approvisionnements, « principalement éoliens » (+2,7 %). Des « gains d’efficience » réalisés par Hydro-Québec (–0,5 %) ont toutefois permis de limiter la hausse demandée, qui se situe à 1,9 % au-dessus de l’indice des prix à la consommation.

Cette modification des tarifs s’appliquerait à partir du 1er avril prochain. La Régie de l’énergie analysera la demande d’Hydro-Québec lors d’audiences publiques et rendra une décision au début de 2015.

« On finance à hauteur de plusieurs centaines de millions l’industrie éolienne qui est largement déficitaire », s’insurge l’analyste du secteur de l’énergie à l’Union des consommateurs, Marc-Olivier Moisan-Plante. Il ne s’agit pourtant pas une surprise, fait remarquer Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal et titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie. « Ce n’est pas un abus d’Hydro-Québec. Tout le monde pouvait voir [cette hausse] venir et il y en aura encore d’autres », dit-il. Même le porte-parole de la société d’État, Patrice Lavoie, concède que « l’énergie éolienne qu’[Hydro-Québec] est tenue d’intégrer à son réseau pourrait créer un impact à la hausse sur les tarifs au cours des prochaines années. »

Plus cher

De manière plus concrète, la hausse tarifaire réclamée représenterait un impact annuel d’environ 24 $ pour un logement, 62 $ pour une petite maison, 88 $ pour une maison moyenne et 114 $ pour une grande maison, selon les estimations d’Hydro-Québec.

Il y a un an, la société d’État avait demandé à la Régie d’autoriser une hausse tarifaire de 5,8 %, mais cette dernière a plutôt accordé au distributeur une augmentation de 4,3 %. Là encore, les coûts liés au développement du secteur éolien avaient pesé lourd dans le calcul d’Hydro-Québec.

Cette pression provient du fait que la mise en service des parcs éoliens coûte cher. L’énergie provenant de ces parcs coûte plus de 10 ¢ par kilowattheure (kWh), alors que le coût moyen des approvisionnements d’Hydro-Québec est d’environ 3 ¢/kWh.

« On va au-delà de nos besoins, souligne M. Moisan-Plante. Hydro-Québec prévoit avoir des surplus jusqu’en 2027, alors à notre avis, la filière éolienne est un éléphant blanc. » Selon M. Pineau, les gouvernements successifs ont essentiellement misé sur l’éolien pour une question d’image. « Encore aujourd’hui, une éolienne est associée à quelque chose de positif dans le grand public, donc les politiciens aiment s’y associer, juge-t-il. Ça permet de dire que des emplois sont créés dans les régions. »

L’Association canadienne de l’énergie éolienne fait quant à elle valoir que « la hausse tarifaire demandée par Hydro-Québec Distribution n’est pas liée à la mise en service de nouveaux projets éoliens, mais parce qu’on ajoute de nouvelles sources d’approvisionnement », tous types d’énergie confondus.

Dans sa stratégie énergétique 2006-2015, le gouvernement québécois a prévu l’intégration de 4000 mégawatts (MW) au réseau d’Hydro-Québec. Selon les calculs actuels, la puissance énergétique des parcs éoliens québécois en service, en construction et projetés frôle les 3300 MW.

Au cabinet du ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, on se dit « préoccupé » par la demande tarifaire déposée par Hydro-Québec. « Il y a plusieurs éléments sur lesquels le ministre a un pouvoir et on évalue actuellement ces outils-là pour respecter la parole du premier ministre, qui est de limiter les hausses de tarifs à l’inflation », explique le porte-parole Guillaume Demers. Un groupe de travail mis sur pied le mois dernier pour « repenser la filière éolienne » guidera l’élaboration de la future politique énergétique du Québec, dont le dévoilement est prévu à l’automne 2015.


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