L’enfumage chinois

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Tirer des leçons du mensonge communiste chinois


Il aura donc fallu compter les urnes funéraires et mesurer le rythme des crémations pour avoir une petite idée de la vérité. Heureusement, malgré les expulsions récentes de journalistes étrangers, il y a encore des journalistes chinois qui font leur travail. Ceux-là se sont étonnés de compter plus de 5000 urnes funéraires livrées au seul funérarium de Hankou, l’un des trois grands quartiers de l’agglomération de Wuhan où a débuté l’épidémie de coronavirus. 5000 urnes pour une contagion qui n’aurait fait en tout et pour tout que 2535 morts dans la capitale de la province de Hubei !


Si l’on évalue le rythme auquel ont tourné les incinérateurs funéraires de la ville, on arrive plutôt à un chiffre proche de 50 000 morts dans cette seule région au lieu des 3400 décès officiels recensés dans tout le pays. Un chiffre qui semble confirmé par les déclarations de nombreux témoins locaux, selon lesquels les responsables chinois n’auraient comptabilisé que les morts survenues à l’hôpital de patients qui avaient auparavant été testés. Certaines sources évoquent même un bilan total qui pourrait atteindre près de 100 000 morts.


La Chine aurait donc menti. Une fois de plus ! Car, on savait déjà qu’elle avait tout fait pour dissimuler une épidémie dont la première victime connue remonte au 17 novembre. Les premiers médecins à sonner l’alarme furent réduits au silence. Fin janvier, selon certaines ONG, plus de 300 personnes auraient été interpellées pour avoir, dit-on, « propagé des rumeurs ». Avec pour résultat que le confinement de la population ne sera décrété que le 22 janvier. Quatre jours après un gigantesque dîner tenu à Wuhan réunissant 40 000 familles et destiné à montrer que tout allait pour le mieux dans l’Empire céleste !


On comprend mieux pourquoi, dans cette pandémie, les pays environnants comme la Corée, Taïwan, Hong Kong et Singapour s’en sont mieux tiré que les États-Unis et l’Europe. D’abord, ils avaient tiré les leçons de l’épisode du SRAS, en 2003, que la Chine avait dissimulé pendant de longs mois. Mais, il y a plus. Grâce à leurs contacts avec les médecins chinois, ces pays sont à la fois les mieux renseignés sur ce qui se passe réellement en Chine et les moins susceptibles de succomber à la propagande d’un pays où le mensonge d’État est érigé en principe, au moins depuis l’arrivée au pouvoir du Parti communiste en 1949.


« Qui pourrait croire que la Chine avait été mise à l’arrêt pour un virus qui n’allait causer la mort “que” de 3200 personnes dans le pays le plus peuplé de la planète ? » demandait cette semaine la sinologue Marie Holzman dans les pages du Figaro. Comment faire confiance en effet à un État qui, soixante ans plus tard, continue à dissimuler les 36 millions de morts qu’a faits le Grand Bond en avant entre 1958 et 1961 ? Un État qui ment aussi sur son taux de croissance et son produit intérieur brut, comme le confirment les meilleurs spécialistes du pays.


Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Certes, la Chine porte une responsabilité immense dans le manque de préparation des autres pays, qui auront eu la naïveté d’accepter sa propagande comme argent comptant. Mais, la voilà qui tente de réécrire l’histoire de cette pandémie avec un cynisme digne des plus belles années du maoïsme. N’oublions jamais qu’au début du siècle dernier, ce sont les communistes qui mirent au point la plupart des techniques modernes de la propagande politique.


Avec un front de bœuf et la bénédiction servile de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), voilà que la Chine se présente tout à coup comme un « modèle sanitaire ». Dans les ambassades, des propagandistes osent vanter cet admirable « civisme » asiatique qui aurait permis, dit-on, à un État néostalinien recuit à la sauce capitaliste de s’en tirer mieux que les pays démocratiques. Le nouveau bienfaiteur chinois n’expédie-t-il pas des masques dans le monde entier ? Comme si la « diplomatie du masque » n’était pas une nouvelle version du pompier pyromane.


Contrairement à la réécriture de l’histoire en cours dans les officines de propagande à Pékin, l’épisode de la COVID-19 apparaît pourtant comme un échec monumental pour l’État chinois. Un échec dont il faudra tirer toutes les conséquences. Il illustre de plus le mépris que la dictature chinoise cultive à l’égard du reste du monde. Si la Chine ne faisait pas chanter le monde entier avec son marché colossal et les fabuleux taux de croissance qu’elle a connus depuis vingt ans, on n’hésiterait pas à parler d’un « État voyou ».


Il serait normal que, le moment venu, Pékin en paie le prix fort. Surtout dans un contexte où les pays démocratiques découvrent avec stupeur l’emprise croissante qu’exerce la Chine dans des secteurs pourtant stratégiques comme l’industrie pharmaceutique et les équipements sanitaires.


Une politologue suédoise a récemment suggéré de donner le nom de Li Wenliang au virus qui provoque la COVID-19. Wenliang est le nom de ce médecin mort au combat le 6 février à Wuhan après avoir tenté de lancer l’alerte malgré la censure. Ce serait une belle façon de lui dire merci. Et, peut-être, de ne pas oublier.




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