Nucléaire nord-coréen : des velléités de vengeance

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Les tapis de bombes ont laissé de mauvais souvenirs

La Corée du Nord a procédé vendredi à l’essai d’un missile balistique intercontinental qui est tombé au large du Japon. Ce tir pourrait signaler un essai nucléaire imminent de sa part, le premier depuis 2017 et le septième de son histoire. 


Pyongyang a procédé début novembre à une série sans précédent de tirs de ce type de missiles capables d’atteindre les États-Unis jusqu’à Washington et New York.


Le régime nord- Coréens affirme qu’il développe des missiles balistiques intercontinentaux à ogive nucléaire parce que c’est la seule façon de se protéger contre des attaques comme celles que les États-Unis ont menées contre le pays durant la guerre de Corée (1950-1953).



  • Écoutez le commentaire de Normand Lester à l'émission de Richard Martineau via QUB radio :



Depuis soixante-dix ans, le régime des Kim rappelle constamment aux Nord-Coréens, à l’école, dans des films et à la télévision, les terribles crimes que les Américains ont commis contre leurs grands-parents.


Les crimes de la guerre de Corée


Ce conflit fut initié, il faut le souligner par l’invasion de la Corée du Sud par les communistes nord-coréens alors dirigés par Kim Il-sung (­ le grand-père du dictateur actuel Kim Jong-un), soutenu par Staline et Mao. Les Américains avaient alors répliqué avec la même stratégie de frappes massives contre des cibles civiles utilisée contre le Japon en 1945 (Tokyo, bombes incendiaires ; Hiroshima et Nagasaki, bombes nucléaires).


Interrogé en 1984 par les services historiques du Pentagone, le général Curtiss LeMay, qui commandait alors le Strategic Air Command, assure au sujet des bombardements en Corée du Nord : « Pendant une période de trois ans environ, nous avons tué 20 % de la population. » De son côté, le futur secrétaire d’État, Dean Rusk déclare que les États-Unis ont bombardé « tout ce qui bougeait en Corée du Nord, chaque brique qui reposait sur une autre brique ».


La Corée du Nord pire que le Japon


À l’époque, des voix s’étaient élevées partout dans le monde pour crier au crime de guerre, mais aux États-Unis, ces bombardements sont passés sous silence dans les médias. À partir d’Okinawa au Japon et de leurs porte-avions, les États-Unis larguent sur la Corée du Nord plus de 698 000 tonnes impériales de bombes, dont 32 557 tonnes de napalm, détruisant 18 de ses 22 plus grandes agglomérations. Pyongyang, la capitale, est détruite à 75 %. À titre comparatif : pour l’ensemble des opérations du Pacifique durant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis n’en ont utilisé que 500 000 tonnes impériales.


Une grande partie des infrastructures nord-coréennes est également anéantie. L’aviation américaine détruit des barrages hydroélectriques et des digues d’irrigation, ce qui réduit de 75 % l’approvisionnement en riz de la Corée du Nord, violant impunément les clauses sur la protection des civils établies par la convention de Genève qui vient d’être adoptée en 1949.


Selon l’historien Charles K. Armstrong, l’US Air Force a estimé que la destruction de la Corée du Nord était proportionnellement plus grande que celle du Japon pendant la Seconde Guerre mondiale.


La haine que vouent aujourd’hui la population et le régime nord-coréen aux États-Unis comporte des velléités de vengeance.