Dans l’esprit du père fondateur, le Bloc québécois devait avoir une existence éphémère. Le temps d’occuper tout l’espace politique relié au référendum qui s’est tenu en 1995 et qui s’est soldé par un match nul.
Le Bloc québécois s’est ensuite donné une nouvelle mission et s’est rapidement métamorphosé en unique défenseur des intérêts du Québec, laissant entendre par là que ceux qui n’étaient pas dans cette formation politique ne pouvaient pas accomplir cette tâche à sa place. Petit à petit, ce parti a perdu sa raison d’être, son inspiration indépendantiste, le goût du combat en faveur du nouveau pays à faire, celui du Québec. Qui plus est, il est même devenu, au fil des années, le défenseur acharné de la Fédération canadienne. De mémoire, depuis l’échec référendaire de 1995, il est assez difficile de trouver une seule question posée en Chambre, où l’enjeu de l’indépendance du Québec a été mis de l’avant. Le Bloc québécois travaille maintenant, de toutes ses forces, à mieux faire fonctionner la Fédération canadienne, et, de toute évidence, sur certains points, il y arrive passablement bien. Alors, pourquoi quitter cette Fédération, qui n’est pas, aux dires de René Lévesque lui-même, un goulag nord-américain, si ceux qui se sont donnés comme vocation, en principe, de la quitter, arrivent si bien à la faire fonctionner?
Le dernier sondage Crop-LaPresse indique bien que les électeurs québécois en ont assez de ce petit jeu de cache-cache et souhaitent passer à autre chose sur la Colline parlementaire à Ottawa. Les deux partis fédéralistes – conservateurs et libéraux – récoltent actuellement près de la moitié des suffrages, alors que le Bloc québécois doit se contenter d’un maigre 30 %. Si le Bloc québécois prétend toujours représenter les intérêts du Québec, statistiquement parlant, ce n’est plus vrai.
Le Bloc s’effrite. C’est normal : il a fait son temps. D’autres politiciens fédéralistes peuvent prendre sa place et défendre loyalement les intérêts du Québec dans la Fédération. Les Québécois, pour le moment, semblent avoir fait leur deuil d’un Québec indépendant. Les bloquistes n’ont donc plus leur raison d’être à Ottawa. S’il l’avait un tant soit peu, ils parleraient, non pas d’améliorer la Fédération avec laquelle ils s’accommodent si bien, et cela grassement payés par les dollars canadiens, mais proposeraient l’alternative : la sortie du Québec de la Fédération canadienne.
Le Parti québécois ayant relégué aux calendes grecques la tenue d’un éventuel référendum sur quelque chose qui demeure à préciser, la présence du Bloc québécois n’est plus utile à Ottawa. Il s’effrite, selon les sondages. Il doit disparaître, selon la logique des choses.
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Nestor Turcotte
Matane
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