L'éducation aussi crée de la richesse!

Par Christian Bélair

Solidaires vs Lucides - sondage CROP


«[…] Demain matin, quand on va dire qu'il faudrait réduire les services ou encore augmenter les frais de scolarité à l'université parce que les universités n'ont plus les moyens, ce discours-là, il ne passera pas» — Alain Giguère, président de CROP inc., Le Devoir, 11 janvier 2007
Cette semaine, monsieur Alain Giguère, président de CROP, a dévoilé les résultats de sondages portant sur les valeurs des Québécois en matière de choix de société. À la lumière de ces résultats percutants, il semble qu’une grande partie de la population québécoise soit attachée au système universel de services publics et aux valeurs sociales-démocrates qui le sous-tendent. Qui plus est, les répondants se sont prononcés contre une hausse des frais de scolarité dans une majorité de deux tiers.
L’accès universel à une éducation postsecondaire se retrouve ainsi en tête des valeurs prônées par la population québécoise. En ce sens, l’économie du savoir, donc l’accessibilité à une éducation universitaire, constitue une des meilleures solutions pour générer les revenus qui seront nécessaires à la pérennité des services sociaux dans un contexte de vieillissement de la population.
Pourtant, Alain Giguère s’est fait le premier pourfendeur des résultats qu’il présentait mercredi devant le Cercle canadien de Montréal. Selon lui, les jeunes ne sont pas conscients des défis que la société devra affronter dans le futur. Entre autres, ils ne seraient pas prêts à sabrer dans les programmes sociaux pour aider à diminuer la dette.
Les jeunes connaissent les enjeux
À cela, nous répondrons que les jeunes sont tout à fait conscients des enjeux auxquels ils auront à faire face dans les prochaines années et qui sont, à leurs yeux, tout aussi importants que le règlement de la dette. Les jeunes ne sont-ils d’ailleurs pas les premiers à se mobiliser sur les questions d’environnement, d’immigration et de justice sociale? Les fédérations étudiantes sont, par ailleurs, parmi les premières organisations à avoir mis en lumière la problématique de la gestion de la dette et de la pérennité des programmes sociaux. Les jeunes réalisent que l’avenir de la société québécoise présente plusieurs défis et ils s’attendent à ce qu’on écoute leur voix quand vient le temps de proposer des solutions à ces enjeux.
Devons-nous toujours voir la hausse de tarifs et la déresponsabilisation de l’État comme seules solutions afin de répondre aux défis qui attendent les générations à venir? Selon les sondages cités plus haut, il est clair que pour une majorité des Québécois la réponse est non. L’éducation, entre autres, est indiscutablement créatrice de richesse. Selon les statistiques, un diplômé universitaire cours deux fois moins le risque de se retrouver sur le chômage et près de 70 pourcent des nouveaux emplois créés au Canada en 2008 exigeront des études postsecondaires. L’éducation et l’accessibilité universelle à des études universitaire doivent être vues comme un investissement pour les années à venir, non plus seulement comme une dépense.
Discours néolibéral simpliste
Depuis quelque temps, des solutions en lien avec un discours néolibéral sont proposées aux Québécois : baisser les impôts, augmenter les tarifs d’électricité, dégeler les frais de scolarité, etc. Ces réponses aux supposés problèmes qui menaceront le Québec dans un avenir plus ou moins rapproché sont l’apanage d’un discours paternaliste le plus souvent prôné par les sympathisants du modèle «lucide». Ce sont ces mêmes personnes qui croient nécessaire de «vendre ces réformes à la population» (dixit M. Giguère) et qui posent sans cesse les mêmes questions, comme si à force de les poser elles allaient finir par obtenir les réponses voulues.
Or, la population a été sondée et a répondu. La question des moyens ne doit pas être prétexte à faire le procès des valeurs de notre société. Au contraire, c’est dans ces valeurs que les partis politiques devront puiser l’inspiration à des positions novatrices et rassembleuses. Il leur appartient maintenant de proposer des solutions qui, tout en rejoignant les valeurs si chères aux Québécois, permettront d’affronter les enjeux sociaux, économiques et démographiques que nous réserve l’avenir.
Christian Bélair
Président Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ)


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