Grande-Bretagne

L'Écosse célèbre 300 ans d'une Union contestée

17. Actualité archives 2007


Associated Press (AP) Ben McConville.


Il y aura 300 ans demain que l'Écosse a lié son destin à celui de l'Angleterre par l'Acte d'Union. Et pourtant, c'est surtout l'indépendance qui est à l'honneur, à quelques semaines des élections du 1er mai au Parlement d'Edimbourg, pour lesquelles les nationalistes apparaissent favoris.
«Ce traité peut et sera défait (...) Ce dont nous avons besoin, c'est d'un référendum pour régler la question de l'indépendance», estime Murray Ritchie, ancien journaliste politique au Herald et actuellement président de la Convention de l'indépendance écossaise.
Déjà en 1707, l'annonce de la signature de l'Union par le Parlement avait déclenché des manifestations dans les rues de Glasgow et d'Edimbourg. Bien que l'exécutif ait été supprimé pour ne siéger à nouveau qu'en 1999, l'Écosse a largement conservé son identité et une grande autonomie: elle possède un système judiciaire indépendant, et la religion établie y est le presbytérianisme (protestant), alors que l'Angleterre est anglicane. Londres garde l'autorité pour ce qui concerne la Grande-Bretagne dans son ensemble, y compris la défense, l'énergie, l'emploi et les relations étrangères.
En Angleterre aussi l'Union est critiquée, d'aucuns des 50 millions d'habitants accusant cette région de cinq millions d'habitants de régir de fait le Royaume-Uni: les députés écossais occuperaient trop de postes élevés et certaines circonscriptions écossaises joueraient un rôle disproportionné lors des scrutins nationaux, faisant craindre qu'un parti écossais, deuxième au niveau national, n'obtienne la majorité au Parlement britannique.
L'on note que le premier ministre Tony Blair est né à Edimbourg, et que son ministre des Finances Gordon Brown, qui espère lui succéder d'ici septembre, est écossais, de même que son seul concurrent potentiel, John Reid, à l'Intérieur. Gordon Brown défend cependant l'Union, mettant en garde, dans le Daily Telegraph de samedi dernier, contre «une dangereuse dérive» vers la séparation, et jugeant qu'Écosse et Angleterre ne seraient pas «plus fortes mais plus faibles séparément». Et si le poète le plus célèbre d'Écosse, Robert Burns (1759-96), vilipendait les partisans de l'union, plus récemment, universitaires et historiens ont souligné que cette nation avait aussi prospéré grâce à l'Empire britannique.
Cela n'empêche pas le Parti national écossais (SNP), qui promet un référendum sur l'indépendance, de dominer les sondages pour les législatives du 1er mai. Selon un sondage publié vendredi par le Daily Mail, 51% des Ecossais aspireraient à la partition, et 48% des Anglais y seraient favorables (marge d'erreur plus ou moins trois points de pourcentage).
Le SNP assure que l'Écosse, en s'appuyant sur les revenus du pétrole de la mer du Nord, peut prospérer au sein de l'Union européenne, à l'exemple de l'Irlande ou des anciennes républiques soviétiques. La valeur de l'industrie pétrolière a doublé depuis 2000, ce secteur rapportant au Royaume-Uni plus de 10,2 milliards de livres Sterling (23,4 mds de dollars) en 2006, soit un cinquième de l'impôt sur les bénéfices des sociétés britanniques, mais l'économiste Diane Coyle de l'université de Manchester rappelle que les réserves devraient être épuisées d'ici à 2020.
Mais les avis divergent. À Edimbourg, David Miller, 30 ans, qui travaille dans la construction, trouve qu'«il est grand temps de se séparer. Cet arrangement n'a plus raison d'être», alors que Daniella Brookes, une étudiante de 25 ans venue de Londres, lance que «si ce n'est pas cassé, pas la peine d'y toucher. Briser l'Union coûterait trop cher».
Quant à l'historiographe royal officiel, Christopher Smout, il estime l'indépendance «parfaitement faisable». Les Anglais sont «complètement indifférents au maintien ou non de l'union dans sa forme actuelle mais je pense que la reine serait désolée», dit-il.


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