Avertissement de la Fédération des chambres de commerce du Québec

L'économie du Québec devra «ramer un peu plus fort»

17. Actualité archives 2007


par Desrosiers, Éric
Deux semaines après avoir dénoncé l'immobilisme du Québec, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) a dressé hier un portrait sombre de l'économie québécoise.
Dans la première édition d'un bilan économique global intitulé L'Indicateur, et qui devrait revenir chaque année, l'association déplore, notamment: «un niveau de vie qui peine à rattraper la moyenne canadienne, une culture entrepreneuriale qui se doit d'être ravivée, des divisions régionales qui persistent». On en conclut que l'économie du Québec devra «ramer un peu plus fort» pour se trouver un «nouveau souffle». «Cela ne veut certainement pas dire que tout va mal, a tenu à nuancer en entrevue la présidente-directrice générale de la FCCQ, Françoise Bertrand. Ça ne nous apparaît pas très reluisant, mais la situation n'est pas non plus dramatique.»
La vigueur du marché immobilier depuis 2002 et son effet positif sur la consommation des ménages ne réussiront pas encore longtemps à camoufler les «faiblesses de la compétitivité québécoise», pense l'auteure du rapport de 109 pages, l'économiste de la FCCQ Audrey Azoulay. Même si la croissance annuelle moyenne au Québec de 1998 à 2005 (+ 2,4 %) s'est avérée aussi forte que dans l'ensemble du Canada, et même supérieure à celle de l'Ontario (+ 2,2 %), cela risque fort de ne pas durer, selon elle. L'effet dynamisant des accords de libre-échange avec les États-Unis, au début des années 90, comme celui de l'essor des technologies de l'information, quelques années plus tard, ne sont plus suffisants pour contrebalancer l'appréciation du dollar canadien, la montée de la concurrence des pays émergents, le choc démographique, l'impasse des finances publiques, le déplacement de la richesse de l'Est vers l'Ouest, la concurrence fiscale entre pays ou encore la course à l'innovation.
Mesuré à l'aune des huit axes d'intervention prioritaire et des quatre objectifs déterminés dans le rapport Pour un Québec gagnant, publié en février par la FCCQ, le Québec à une longue côte à remonter. Il est vrai que l'on continue d'y faire preuve d'un vigoureux sens de l'entrepreneuriat, mais les compagnies, une fois créées, n'arrivent pas à croître aussi vite qu'il le faudrait. Cela serait en grande partie dû à une fiscalité qui décourage l'investissement, comme la taxe sur le capital.
Encore fortement dépendant du secteur manufacturier, particulièrement en ce qui concerne ses exportations, le Québec aurait également tout intérêt à consacrer beaucoup plus d'efforts dans la modernisation de ses chaînes de production et la formation de sa main-d'oeuvre. Cela l'aidera peut-être à reprendre un peu du terrain perdu aux États-Unis au profit de la Chine, ainsi qu'à conquérir de nouveaux marchés, notamment dans les économies émergentes.
Il faudra aussi trouver le moyen de réduire les inégalités de richesse croissantes entre les régions du Québec. On a eu raison, pense la FCCQ, d'encourager chacune d'elles à concentrer ses efforts sur quelques secteurs qui font sa force. On se retrouve toutefois aujourd'hui avec un «effet patchwork de zones économiques spécialisées mais peu interreliées». Il reviendra aux différents secteurs économiques de se concerter et de créer des «synergies» interrégionales.
Immobilisme gouvernemental
En ce qui concerne le gouvernement, la communauté d'affaires attend encore les grandes réformes promises censées transformer l'État-entrepreneur en État-facilitateur. «La modernisation de l'État entamée à l'arrivée du gouvernement actuel s'est limitée jusqu'à aujourd'hui à couper quelques dépenses jugées injustifiées ou à réorganiser de rares services, a déploré la FCCQ dans son rapport. Les économies générées par cette démarche, quoique saluées, restent marginales.»
«On a beaucoup parlé de façon théorique des partenariats public-privé, mais on ne peut pas dire que l'on en a encore vu des applications concrètes, a déploré Françoise Bertrand. On espère que cela viendra au fil des années.» Pour le reste, elle espère que «le Québec n'aura plus jamais de projet Gaspésia».
On discutera amplement de ces questions lors du congrès annuel de la FCCQ, qui se tiendra à partir de vendredi à Bécancour. On reviendra sans doute aussi sur cet appel contre l'immobilisme qui paralyse le Québec, lancé il y a deux semaines sur toutes les tribunes. On avait proposé, à cette occasion, la création d'une agence d'analyse économique capable de faire contrepoids aux dimensions environnementales et sociales étudiées par le BAPE et la Direction de la santé publique lors de l'examen de grands projets d'investissement comme la centrale du Suroît ou le déménagement du Casino de Montréal au bassin Peel.
L'idée s'est attiré, jusqu'à présent, plus de commentaires négatifs que positifs. «C'est clair que, lorsqu'on lance des propositions comme celle-là, il n'y a pas d'engouement spontané, a analysé hier Françoise Bertrand. On n'est pas étonnés que cela suscite des opinions divergentes. Il faut dire aussi que, dans bien des cas, on a mal compris ce que nous proposions», a ajouté la présidente, qui ne jette toutefois pas l'éponge.


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