Coalition pour l'avenir du Québec

L'école sauce Legault

CAQ - Coalition pour l’avenir du Québec



Il n'y a là aucune énigme, ni le moindre relent de confession: l'éducation a toujours été la «première priorité» de François Legault. C'est à contrecœur qu'il est passé de grand maître de l'Éducation à chef des urgences, à la Santé. C'est aussi avec grand courage qu'il avait dénoncé, en 2000, l'odieux de compressions possibles de 400 millions de dollars que son propre gouvernement avait laissé planer, une bravade qui lui valut une dose immédiate de sympathie et de reconnaissance.
On ne s'émerveillera donc pas de retrouver dans le texte fondateur de la Coalition pour l'avenir du Québec la matière la plus concrète en éducation. Les idées qui s'y retrouvent n'ont rien d'inédit. Du spectre de l'abolition des commissions scolaires jusqu'à celui de la création d'un ordre professionnel des enseignants, elles ont toutes déjà fait l'objet de débats sociaux. Elles portent toutes la signature Legault: l'école efficace et rentable. De quoi craindre et espérer à la fois.
Jadis, M. Legault en avait fait frémir plus d'un avec ses sabots d'homme d'affaires en mettant le pied à l'Éducation. Ayant en lui, comme il le disait à l'époque, l'étoffe d'un «capitaliste de gauche», il a parsemé çà et là quelques indicateurs de performance sans toutefois mener à fond le «changement de culture» auquel il dit aspirer maintenant.
L'ancien député du Parti québécois a toujours carburé aux données, objectifs et cibles. Lorsqu'on l'a informé que 22 % des élèves du primaire redoublaient et que près du tiers de ceux du secondaire décrochaient, il a immédiatement commandé une réduction de ces taux désespérants. Son intention de commander des «plans de réussite» aux écoles et collèges a semé la consternation lorsqu'il a dit qu'il rêvait d'objectifs chiffrés.
Il s'est heurté au même type d'objections lorsqu'il a voulu lier les contrats de performance des universités au versement d'une portion de leurs fonds publics. Il a soulevé l'ire des enseignants en suggérant qu'on évalue leur travail. Il n'a jamais caché son agacement pour les conventions collectives appliquées «mur à mur». Il a toujours milité pour une plus grande décentralisation. Il a toujours été exaspéré par l'incompréhension née des «compétences» de la réforme, répétant sans relâche qu'on allait toujours «lire, écrire et compter» à l'école — ce qu'il répète aujourd'hui. Il s'est échiné sur une nouvelle grille de financement des universités, qui n'a rien révolutionné, faute de consensus.
Il a toujours pourfendu le dégel des droits de scolarité, auquel maintenant il consent. Il souligne la nécessité de recruter de meilleurs candidats à la formation des maîtres, mais déçoit en ne suggérant que la hausse des salaires des enseignants pour y remédier. Il a signé la politique d'adaptation scolaire, mais il ne souffle mot aujourd'hui sur la question des élèves en difficulté. Il constate les effets navrants du décrochage, mais ne propose aucune manière «révolutionnaire» de le contrer.
Où, mais où donc est le changement de culture que la Coalition propose de soumettre au débat? Où se cache cette révolution possible, dont on doit maintenant discuter? S'il s'agit là d'une «première priorité», il nous tarde d'avoir davantage à nous mettre sous la dent.


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