Kadhafi est mort

L’École de la barbarie

Harper, Gordon, Obama, Sarkozy, vous avez passé le test des pros. Vous pouvez avec autorité enseigner la barbarie.

Tribune libre

Qui s'intéresse chez nous à ce qui se passe ailleurs, à ce que nous faisons ailleurs? Nous sommes en guerre, et nous ne savons pas. Contre qui? Nous ne savons pas! Il en est de même de ce bavant débat des commissions. J'y reviendrai bientôt, voyons d'abord où va notre âme.
L'École de la barbarie
Harper, Gordon, Obama, Sarkozy, vous avez passé le test des pros. Vous pouvez avec autorité enseigner la barbarie. Il n'y aura plus de leçon, pour vous. Il n'y a jamais eu de leçon, le pédagogue n'a qu'à mourir! Je n'évoquerai plus le lieu de la leçon, ça a tout l'air d'une vielle chanson. Il n'y a pas longtemps, Ben Laden est mort. Son assassinat et la réaction des médias, des politiciens et des ordinaires gens de la cité, m'inspiraient d'écrire et publier une leçon d'humanisme pour tous, l'élite et les élus en particulier. Aujourd’hui je lis et j’entends sur toutes les tribunes, tribuns et babines libres d’exprimer le mépris de l’homme et la joie que sa fin de «mouche» leur procure. Quelques années plus tôt, la mort de Saddam me servit de matériel pédagogique pour le même enseignement. Et je pourrais remonter beaucoup plus loin dans le temps, remémorant les tragédies de régicides festifs. Pourquoi nos sociétés sont-elles si imperméables à la leçon?
Kadhafi est mort, habillé en dictateur. L'habit lui aura été taillé sur mesure, par ses futurs bourreaux. Cela sonne faux à l'oreille corrompue, habituée à la tune des démocrates. Et pourtant! Qu'est-ce qu'un dictateur? Ce qu'on croit comprendre, n'est pas ce qu'on prend. "Un dictateur est un condamné d'office à la pendaison, sans autre forme de procès". Voilà où nous en sommes, avec des mots et un langage assassins. Qui sommes nous pour décider de supprimer des vies? Aucune leçon à s'en faire, nous savons détecter l'odeur de la barbarie, et enfiler des toges blanches d'humanistes. Mais nous portons par dessus des masques de mots et de discours assassins du genre "c'est un dictateur", sous-entendu une crapule à écraser. Qui est dictateur? Est dictateur, dit-on, qui étouffe des vies, les écrase sans scrupule. Qui est dictateur? Toute décision visant à écraser une vie, est un acte de dictature, de surcroit barbare.
Qui est barbare?
Dans les minutes qui ont suivi cet acte tragique, nos médias ont vite changé de ton pour noter une nuance entre diverses manières de barbares. Plus personne ne semble s’intéresser aux crédits du forfait, on s’empresse de les transférer à une rébellion de marionnettes. Je réponds niet à toute invitation de ce genre, le problème ne peut être réduit à l’arrimage des méthodes normalisées de nos soldats et celles acceptables des gens de la rue.
Mouammar n’est plus, sa tête a tourné en trophée pour ses tombeurs. L’ex-dictateur n'a pas que des ennemis. Il a une mère, des enfants, des frères, des amis. Il n'est pas saint, mais les reproches dont on l'aura enveloppé ne peuvent effacer les traces de ses mains dans les mains d'autres humains. Nous fêtons sa mort, et donc le deuil inéluctable dans la cité incendiée. Et pourtant, il n'est pas de notre culture de nous réjouir de la mort. Les saints sont rarissimes, mais tous nos morts sont respectés, sanctifiés. Qu'adviendrait-il d'un étranger qui entonnerait un chant de joie au milieu des funérailles d'un citoyen?
Du sang dans nos usines, une tradition vielle de mille ans
Kadhafi est mort, gloire aux armes qui l'emportent et paix aux peuples qui en récoltent des retombées économiques. La destruction, c'est à long terme payant. La reconstruction, n'est qu'une prévente promotionnelle. Que nos usines redémarrent, c'est le prix du sang des autres, et de la mise à feux de nos bombes. Le reste, on s'en foût. Il n'y a rien d'autre à dire. "Voici son corps, voici son sang. Prenez, mangez-en tous, buvez-en tous". Ainsi se perpétue la tradition de la sainte scène. Sainte! C'est l'histoire du fils de l'homme, Jésus Christ, crucifié sous Ponce Pilate, pour sauver le pouvoir romain et plus tard, l'humain. Ainsi les vies sacrifiées font et feront notre affaire. Peut-il en être autrement? Ca demande la venue d'un autre messie, pour faire la pédagogie du respect sacré de la vie, de toute vie, et la promotion du régime minceur, économiquement et culturellement, sans traces de sang ni de chaire humaine.

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François Munyabagisha79 articles

  • 53 678

Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,

depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.





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5 commentaires

  • Robert Bertrand Répondre

    24 octobre 2011

    Il nous faut apprendre ce qui s'est passé dans la réalité. Nous recevons l'information par les moyens traditionnels. Ne sont-ils pas ceux qui veulent nous contrôler ?
    Voyez:
    Libye: Lizzy Phelan Vost une jeune journaliste britannique témoigne de ce qu'elle a vu en Libye. Elle décrit la guerre médiatique.
    http://www.youtube.com/watch?v=oJgmKeuoCTE&feature=share
    Le titre est clair:
    Assassinat du guide. Voici ceux qui ne renient pas Kadhafi 23/10/2011 15:37:04
    http://www.cameroonvoice.com/news/news.rcv?id=5044#.TqS4Neb17z8.twitter

    Je suis bien heureux de lire le texte de cette intervention. Tout n'est pas parfait chez les individus. Tout n'est pas à rejeter non plus.
    Je plains davantage nos chefs occidentaux d'avoir mis toutes les organisations internationales à leurs services. L'OTAN, l'ONU et qui d'autres?

    Nos Pays ont dépensé plus ou moins quelques milliards en armes pour détruire un Pays Africain qui aidait les autres Pays d'Afrique plus qu'aucun autre Pays et plus que l'ensemble des Pays du G20 au cours des années.

    Nos grandes âmes que sont nos Chefs de l'Occident qui ont témoigné après la mort de Khadafi connaîtront-elles l'appréciation de leurs propres citoyens dans cinquante, cent ans d'ici?

    Triste à voir tout ce que l'on fait pour servir les grandes multinationales de ce monde.
    ====
    Ne nous méprenons pas : LA LOI ET L'ORDRE sont la base de nos démocraties. Comment comprendre la joie qu'ont exprimée les OBAMA, LES CAMERON, LES SARKOZY, LES HARPER de ce monde dit civilisé ? Sont-ils à l'abri de tels carnages ?
    http://www.michelcollon.info/Libye-Le-sang-du-lion-et-le-festin.html
    www.michelcollon.info
    ===
    Robert Bertrand

  • Archives de Vigile Répondre

    23 octobre 2011

    L'Instance supérieure indépendante pour les élections en Tunisie vient d’indiquer que le taux de participation aux premières élections libres en Tunisie était de 70 % des inscrits volontaires, soulignant que l'affluence avait été forte. Je ne crois pas me tromper en affirmant que tous les québécois admirent le courage du peuple tunisien et la révolution qu’il a mené contre le despotisme et la corruption. Nous sommes heureux que cette petite communauté du Québec ait tenue tête à Harper et aux fichistes fédéralistes en exerçant malgré les interdictions son droit de vote à Montréal. Nous sommes également convaincu que, le moment venu, les tunisiens prendront fait et cause pour l’indépendance du Québec et que nous serons solidaire dans la recherche de plus de liberté et de plus de prospérité.
    Tunisie et Québec, même combat !

  • Patrice-Hans Perrier Répondre

    22 octobre 2011

    On n'apprend pas de nos erreurs, nous sommes des arriérés.
    il faut écouter les chroniqueurs se délecter de cet assassinat, comme si le Colonel avait trucidé des Québécois ...
    c'est abject. En fait, je prépare un autre papier là-dessus, je vais vous dire pourquoi les québécois ne veulent pas faire l'indépendance.
    prenez-en acte Monsieur le webmestre svp.
    les québécois, en majorité, sont des individualistes, des égoïstes invétérés et invertébrés.
    «pas dans ma cour», c'est le mot d'ordre et Falardeau avait vu juste, les Elvis québécois sont plus américains que leur voisin du sud.
    il faut que sa SAIGNE au sud, chez les peuples dit «barbares». Les québécois se délectent avidement - et pas de censure svp - de la misère des plus petits qu'eux au sud.
    ils se croient protégés par Oncle Sam, comme des putes qui jouissent de voir leur mac écraser la gueule d'un innocent sur le trottoir.
    voilà, j'en ai assez pour ma part de faire de la pédagogie depuis près de 20 ans à tenter de faire dans la nuance, la dentelle, la profondeur, d'expliquer que la Libye fut la Suisse de l'Afrique avec des pauvres moins pauvres qu'au Québec !
    j'en ai ma claque !
    les québécois ont les médias qu'ils méritent. Les porte-voix qu'une médiocratie abominable qui ne daigne même pas s'émouvoir face aux 30 000 sans abris montréalais.
    le Québec, c'est l'appendice nauséabond d'un empire sanguinaire qui va à sa perte. Point barre.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    22 octobre 2011

    C'est sûr que si jamais une enquête révélait que Kadhafi a été abattu, exécuté de manière sommaire alors qu'il voulait se rendre, par exemple, cela va faire couler beaucoup d'encre...
    Par ailleurs, on pourra observer que depuis quelques années, les chefs d'états du Moyen Orient, qui sont des ennemis déclarés d'Israël, voient tous leurs régimes renversés, et finissent eux-mêmes par être exécutés.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 octobre 2011

    Monsieur François,
    Vous dites: "Nous sommes en guerre, et nous ne savons pas."
    Évidemment que nous ne savons pas. Par exemple, nous sommes en guerre depuis dix ans en Afghanistan. Mais cette guerre ne nous atteint d'aucune façon. Elle ne change rien à notre vie de tous les jours.
    Comment voulez-vous que les types contre qui nous sommes en guerre là-bas, des types en passant qui se déplacent en sandales dans le désert afghan, puissent se défendre contre une coalition de pays occidentaux et puissent menacer notre façon de vivre et notre niveau de vie.
    La seule chose étonnante dans l'histoire, c'est que nos vaillants soldats ne soient pas encore venus à bout en dix années de ces types en sandales.