L’autre statistique

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Le rapport ambigu des Québécois à l'éducation doit changer

Les chiffres de Statistique Canada sur le recul du français dans les milieux de travail ont meublé les débats politiques toute la semaine. La langue demeure un sujet explosif au Québec, surtout une semaine après la controverse Adidas. Le PQ cherchait une façon de revenir dans l’actualité : des données sur le français lui en ont fourni l’occasion.


Cependant, se pourrait-il que nous ayons laissé échapper une autre statistique encore plus fondamentale diffusée le même jour ? Cette nouvelle bruyante sur la langue au travail a en effet fait oublier les données de Statistique Canada sur la scolarisation.


Les Québécois sont, encore en 2017, moins scolarisés que la moyenne canadienne. À tous les niveaux. Personnellement, je trouve ces données encore plus inquiétantes. Et je rejette l’explication boiteuse voulant que ce soit la forte proportion d’immigrants bien éduqués à Toronto qui fasse mal paraître le Québec.


Un échec


Le retard que nous constatons devrait nous atteindre droit au cœur. Le rapport Parent sur l’éducation avait établi pour le Québec un objectif de société : faire le rattrapage en matière d’éducation par rapport au reste du Canada. Bien sûr, nous partions de loin. Le Québec était au début des années 1960 une société en retard du point de vue scolarité. Un sérieux rattrapage fut réalisé.


Cependant, le retard historique n’explique plus rien. Les données de Statistique Canada concernent les gens en âge de travailler. Dans cette catégorie d’âge, tout le monde a pu profiter des fruits de la réforme Parent. S’il reste une raison historique, ce n’est qu’une mentalité moins portée vers l’éducation au Québec, en particulier chez les francophones.


Les Québécois francophones accordent-ils à l’éducation l’importance cruciale qu’elle mérite ? Le fier Jacques Parizeau s’attristait des écarts entre francophones et anglophones à l’école. Au Canada anglais, les parents sont plus engagés dans le vécu de l’école, qui est davantage une affaire de communauté concernant chacun. Les dons aux fondations liées à l’éducation y sont bien plus élevés aussi.


Souffrir encore en 2017 d’un retard de scolarisation au Québec doit être nommément désigné comme un échec et appeler un redressement. Les excuses historiques doivent désormais être envoyées aux oubliettes et remplacées par un appel à la mobilisation. Il y a de l’espoir : jamais les partis politiques québécois n’ont exprimé une telle unanimité dans la priorité à accorder à l’éducation. Il reste à voir les résultats.


Prospérité en français !


Données sur la langue et données sur l’éducation, j’établis un lien direct entre les deux thèmes. Les constats sur la langue auront beau montrer des signes inquiétants, il y a une limite en 2017 à ce qui peut être imposé. Oui, la loi 101 doit être appliquée, mais elle n’imposera pas tout à tout le monde tout le temps.


Une langue qui s’impose, c’est celle d’un peuple fort. En ce sens, le Québec devrait viser rien de moins que d’être plus scolarisé que la moyenne canadienne. Un peuple éduqué, prospère, gagnant aura plus de facilité à convaincre les nouveaux arrivants à adopter sa langue.