POINT DE VUE

L'autonomisme, une coquille vide

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Voir aussi [Pelletier se définit comme « autonomiste »->6394]...


Mario Dumont propose maintenant l’autonomisme comme voie d’avenir pour le Québec en ce qui touche aux relations intergouvernementales. Mais de quoi parle-t-on au juste?
En réalité, l’autonomisme ne constitue pas une nouvelle forme de gouvernement en soi. Il ne s’agit que d’un principe d’affirmation politique, qui n’a d’ailleurs de sens que lorsqu’il est mis en contexte.
Au Québec, depuis longtemps, l’autonomisme s’applique à ceux qui désirent accroître l’autonomie du Québec dans l’espace canadien. Ces fédéralistes de tendance autonomiste souhaitent un fédéralisme plus souple, plus décentralisé et plus respectueux de la Constitution canadienne et de l’identité propre aux Québécois.
Entre la recherche d’une autonomie accrue pour le Québec à l’intérieur du fédéralisme canadien et la souveraineté du Québec, il n’y a rien. La troisième voie dont parle Mario Dumont n’existe tout simplement pas. Certes, il aime parfois évoquer l’idée d’une confédération. Or, celle-ci constitue une association d’États, lesquels sont liés par un traité international et conservent tous les attributs de leur souveraineté. La confédération véritable ne peut donc se concevoir entre le Canada et le Québec que dans la mesure où chacune de ces deux entités est souveraine, ce qui suppose évidemment l’indépendance du Québec. Quant au modèle européen, dont certains aiment bien s’inspirer, s’il est à mi-chemin entre la fédération et la confédération, il n’en reste pas moins qu’il repose encore essentiellement sur la souveraineté de chaque État membre, ce qui, appliqué chez nous, postule là encore l’indépendance du Québec.
Un slogan creux
Les projets de souveraineté-association et de souveraineté-partenariat, de 1980 et 1995 respectivement, s’inspiraient largement de la confédération. Le rapport Allaire de 1991, lui aussi, à maints égards, puisqu’il entraînait une certaine émasculation des institutions fédérales, ce qui était de nature à nuire considérablement, à court terme, au bon fonctionnement du fédéralisme canadien. Pourtant, certains soutiennent que le rapport Allaire constitue encore le fondement même des revendications adéquistes, alors que d’autres le nient. Certains disent de Mario Dumont qu’il est résolument fédéraliste, alors que d’autres le croient souverainiste.
En réalité, l’autonomisme de Mario Dumont est une coquille vide, un slogan creux dans lequel chacun voit ce qu’il veut bien y voir et met ce qu’il veut bien y mettre.
L’autonomisme de Mario Dumont est synonyme d’isolationnisme, de repli sur soi, de fermeture aux autres. C’est le refus de bâtir des alliances avec les autres provinces, même si ces dernières sont pour nous, Québécois, des partenaires économiques et politiques importants.
Je n’adhère pas à ce type d’autonomisme, et ce, bien que je croie en l’affirmation du Québec, dans son identité profonde, à l’intérieur du Canada. Je crois aussi en une défense sincère et soutenue, plutôt que purement électoraliste, des intérêts supérieurs du Québec. Cela suppose que l’on poursuive des objectifs précis, ce qui ne semble pas être une préoccupation pour Mario Dumont.
Nourrir l'ambiguité
Du rapport Allaire de 1991 à l’autobus du OUI, lors du référendum de 1995, au statu quo constitutionnel de 1998, au discours vide de Toronto de 2002, au nouveau beau risque de 2006, à la réouverture du dossier constitutionnel de 2007, Mario Dumont a savamment nourri l’ambiguïté et l’ambivalence. Seule a été claire et constante sa recherche à tout prix du pouvoir.
Mario Dumont affirmait récemment qu’il n’avait jamais été indépendantiste. Pourtant, dans l’entente tripartite qu’il a signée le 12 juin 1995, Mario Dumont s’est engagé à faire en sorte que le Québec devienne souverain, c’est-à-dire qu’il perçoive tous ses impôts, vote toutes ses lois et signe tous ses traités.
Au cours des quatre dernières années, le gouvernement de Jean Charest a transformé une culture de l’échec en une culture de la réussite. Ce gouvernement a été celui qui a conclu le plus grand nombre d’ententes intergouvernementales en un seul mandat dans toute l’histoire du Québec. Nous avons obtenu la reconnaissance du fédéralisme asymétrique et celle, par la Chambre des communes, de ce que les Québécois forment une nation. Nous avons aussi obtenu une voix à l’UNESCO pour le Québec et la reconnaissance formelle de son rôle international par Ottawa, ce qui est sans précédent. Toutes les ententes que nous avons conclues avec Ottawa sont sans conditions, et les plus importantes parmi celles-ci génèrent plus de 14 milliards de dollars pour le Québec sur une période de six ans, sans compter le règlement d’une partie du déséquilibre fiscal, dans la foulée du dépôt du dernier budget fédéral. Là encore, cela représente un gain financier important pour le Québec. Notre priorité est maintenant l’encadrement du pouvoir fédéral de dépenser, ce qui n’est toutefois pas une mince tâche.
Somme toute, nous avons redonné au Québec le leadership qu’il a assumé historiquement à l’intérieur du Canada. Nous avons donné une nouvelle impulsion à l’évolution du fédéralisme canadien, et tout cela, nous l’avons fait en vue de faire progresser et rayonner le Québec à l’intérieur du Canada. En fait, depuis 2003, c’est le gouvernement dont je fais partie qui a donné un vrai sens à l’autonomisme et qui lui a donné des assises réellement solides.
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Benoît Pelletier, ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes
Photothèque Le Soleil
Voir aussi [Pelletier se définit comme « autonomiste »->6394]


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