Sonia Lebel, procureure de la Commission Charbonneau, qu’on dirait sortie tout droit des tribunaux ecclésiastiques vindicatifs de l’Inquisition, s’est montrée si grossière à l’égard du PDG de la FTQ, Michel Arsenault, qu’il a dû lui demander d’être polie, comme il l’était, lui. Il y avait de quoi! Pour attirer son attention, la « justicière » avait claqué des doigts, comme lorsqu’on appelle son chien, sans que la juge France Charbonneau, muette comme une carpe pour une fois, la rappelle à l’ordre.
Ni la procureure ni la juge n’en avaient fini avec lui. Normal, c’est leur boulot. Cependant leur ton, leurs mimiques, leurs impolitesse et arrogance me rendaient mal à l’aise : quoiqu’il dise, Michel Arsenault était condamné d’avance. Or, il y a des règles à suivre, me semble-t-il, dans ce genre de commission d’enquête. À commencer par un respect minimum envers les témoins. Comme l’observe le philosophe Alain Finkielkraut, ce qui marque la différence entre l’homme et les « autres réalités naturelles », c’est le respect. Il faut être coupé de la réalité pour ne pas voir que le lien social s’étiole devant la montée des comportements offensants ou méprisants regroupés sous le doux euphémisme « d’incivilités » qui débouchent un jour sur une société individualiste, violente, non fraternelle.
Rappelons-le, et c’est le cas ici, Arsenault était un « témoin », non un accusé. Poussons donc un peu plus loin. Durant l’interrogatoire, le chef syndical multipliait les détails. C’était son droit et celui aussi des auditeurs désireux d’en apprendre plus. S’en fichant royalement, et barbeuse comme d’habitude, la procureure Lebel lui lança pour lui signifier d’abréger : « Je peux aller prendre un café et revenir tantôt, si vous voulez… »
Encore une fois, France Charbonneau l’a laissée dire. Pire encore, incapable de résister à l’envie de mettre son grain de sel, la juge a ordonné à Arsenault de s’en tenir aux questions. Le lendemain, toujours sur la sellette, Arsenault s’est fait demander cette fois par Sonia Lebel, adulée des journalistes qui la trouvent divertissante, s’il avait « gratté le dos » de Tony Arcurso au cours d’un voyage sur son bateau…
Des insinuations en apparence anodines, diront certains. Elles n’en provoquent pas moins un malaise chez ceux qui n’ont pas perdu leur faculté d’indignation ou leur sens critique. C’est le cas de l’ancienne juge Suzanne Coupal, très sévère à l’endroit de sa collègue Charbonneau dont l’attitude rend presque caduque le rapport final de la commission.
À quoi bon témoigner ? La pièce est déjà jouée.
Michel Arsenault à la commission Charbonneau
L'arrogance de la procureure et de la juge en disent long
Elles reflètent l'incivilité rampante de notre société
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18 commentaires
Archives de Vigile Répondre
6 février 2014Monsieur Tilman, faut-il conclure que le respect du code déontologique dépend de la bonne foi du témoin.?
Archives de Vigile Répondre
4 février 2014Tout individu à l'obligation légale d'être de bonne foi lorsqu'il interagit, que ce soit dans le système judiciaire, le commerce, la politique, etc.
J'invite à (re)lire les transcriptions.
Lorsqu'on un témoin, sous serment, doit être rappeler à l'ordre cinq fois pour répondre à la question «quelle est votre relation avec monsieur [l'entrepreneur] Accurso .
Qu'il prend une demi heure pour répondre à la question « votre expérience professionnelle, Monsieur Arsenault, est-ce que vous êtes en mesure de nous en parler un peu? ».
Il est raisonnable que l'interrogatrice et la présidente montre des signes d'impatience et rappellent le témoin à l'ordre, de manière brutale si nécessaire.
Il faut vraiment être de mauvaise foi intellectuelle ou naïf pour ne pas voir une tentative d'obstruction de la part d'un témoin lorsqu'il étire la sauce à chaque question posée.
Source: https://www.ceic.gouv.qc.ca/fileadmin/Fichiers_client/fichiers/Transcriptions/2014-01/Transcription_audience_CEIC_2014-01-27.pdf
Grarlam Répondre
3 février 2014Je suis heureux de constater que mon flair me donnait raison lorsque je fus réellement choqué de la façon dont M Arsenault fut traité devant ce tribunal inquisitoire.
C'est déjà assez injuste qu'on ait placé sous écoute électronique ce chef syndical à la fin de sa carrière ou nous avons découvert, la complexité de son rôle , alors que la commission ne l'a pas saisie.
Les fonctionnaires de la commission qui ont déjà vu des bandits que du haut de leur prétoire et dans les potins n'ont même pas , après toutes ces interrogations, une idée de la difficulté de faire face à ces criminels qui s'infiltrent partout, et souvent au risque de sa propre sécurité leur faire face et les combattre sur le terrain comme l'a fait m Arsenault.
Les écoutes électroniques auraient du être dirigées vers les corps de police. Le SPVM et la SQ ne seraient pas dans de si mauvais draps maintenant.
Il fallait du culot pour reprocher à M Arsenault de ne pas avoir été plus proactif dans son attitude quand la dite commission s'est fait accorder un prolongement de 18 mois à la condition de fournir un rapport d'étape en janvier.
Le gouvernement aurait - il accepté la prolongation s'il avait su qu'il recevrait un rapport de 24 pages blanches ?Pas sur. La commission va-t-elle demander un autre prolongement pour fournir son rapport final? J'aimerais bien avoir une garantie maintenant.
Archives de Vigile Répondre
2 février 2014Encore faut-il le mériter, ce respect.
Quand on ne répond pas aux questions, et ce, délibérément, on récolte ce que l'on mérite. Au cas où vous ne le sauriez pas, lui aussi voulait une commission pour connaître la vérité. Et qui plus est, M Arseneault avait mis des barèmes: finir jeudi pour partir en vacances vendredi. C'est sûr qu'en étirant les réponses, en parlant de tout et de rien, cela étire la sauce, comme il l'a souvent dit.
Archives de Vigile Répondre
2 février 2014@Huguette
Est-ce qu'il va y avoir des témoins libéraux? À la vitesse avec laquelle ça se déroule, le temps pendant lequel on s'attarde sur des dossiers accessoires, je veux dire que l'on traîne alors que l'on sait, je me demande si la Commission va jamais aborder ce que l'on attends avec impatience, la turpitude libérale.
Bien sûr qu'elles vont être polies.
Archives de Vigile Répondre
2 février 2014Je suis convaincue que la juge Charbonneau et Mme Lebel seront beaucoup plus polies quand leurs invités seront des libéraux.
Archives de Vigile Répondre
1 février 2014Il me semble que l'arrogance de la FTQ et l'éthique douteuse de Michel Arsenault sont beaucoup plus répréhensibles !!!
Archives de Vigile Répondre
1 février 2014Mais le mouvement syndical sort très amoché à la suite des révélations faites à la commission Charbonneau.
Lire la chronique de Michel David:le 40%.
Archives de Vigile Répondre
1 février 2014Monsieur Fortin, vos commentaires concernant le comportement de la juge Charbonneau et de la procureure Lebel sont très pertinents et vous avez bien fait de publier votre opinion que je partage entièrement. J`ai regardé le témoignage de M. Arsenault et sans avoir une opinion quant à sa gestion de la FTQ j`avais une forte impression que ce témoin était déjà jugé coupable; cette façon cavalière de traiter les témoins, quels qu`ils soient est inacceptable et me laisse perplexe quant à la capacité de la présidente de la commission et sa procureure-chef de mener une telle enquête. Elles ont déjà jugé, donc arrêtons de dépenser plus de millions et qu`elles publient leur rapport le plus rapidement possible, rapport qui est déjà entaché selon moi. J`ajouterais que je ne comprends pas toujours que le troisième commissaire n`aie jamais siégé, mais madame la présidente nous dit qu`il travaille chez lui, bizarre, très bizarre.
Archives de Vigile Répondre
1 février 2014Vous avez raison. Moi j'ai été membre du Barreau pendant 42 ans et je suis décideur juridique depuis plus de 30 ans. Comme décideur je n'aurais pas laissé passer une telle attitude et j'aurais signalé à cette avocate la règle première du Code de déontologie des avocats qui se lit comme suit :
2.00.01. L'avocat doit agir avec dignité, intégrité, honneur, respect, modération et courtoisie.
Pierre Cloutier ll.m
avocat à la retraite
Archives de Vigile Répondre
1 février 2014Je ne suis pas d'accord avec vous M. Godin. M. Arsenault a tenté de prendre le contrôle en étant impoli, arrogant et en essayant de noyer le poisson avec ses grandes tirades de réponses. Il a fait des reproches, s'est présenté comme victime et il a menti tout le long de l'interrogatoire. Une chance qu'il y avait les écoutes électroniques, si non on n'aurait rien su.
Je trouve que Mme Lebel et Mme Charbonneau ont été trop patientes et tolérantes face à ses réponses farfelues et trop longues et face au fait qu'il passait son temps à les interrompre pour occuper le territoire à son avantage. M. Arsenault copiait le comportement d'un mafieux dans toute sa splendeur pour prendre le contrôle de la situation et pour ne rien dire.
Archives de Vigile Répondre
1 février 2014Monsieur Godin,
Je vous remercie pour l'excellence de vos chroniques, dont celle-ci qui met en évidence une importante faille de la Commission Charbonneau quant à l'attitude de certaines personnes face à la caméra. En effet, le déroulement devant les caméras de télévision suscite certains comportements pédants et fanfarons, dont ceux que vous décrivez si bien.
Face à un Michel Arsenault pourtant calme et coopératif, le comportement de Sonia Lebel et de France Charbonneau donne l'impression qu'elles se croyaient sur une scène de théâtre pour jouer une pièce quasi burlesque, espérant prétentieusement que les critiques leur soient favorables. En effet, il s'agit clairement de comportements vaniteux, purement vaniteux, qui vont même jusqu'à l'insolence dans l'espoir d'entendre quelques applaudissements médiatiques. Ce spectacle est pitoyable.
PS: Quant aux leçons de respect d'Alain Finkielkraut que vous évoquez, je vous prie d'écouter attentivement cet ultra-sioniste enragé lorsqu'il perd la raison irrespectueusement face à un contradicteur intelligent et rationnel:
http://www.spi0n.com/alain-finkielkraut-taisez/
Archives de Vigile Répondre
1 février 2014Mr Godin,
Vous soulevez là un problème de fond qui plane sur le Québec depuis que le PQ a pris le pouvoir. Oui la commissaire, la procureure ont été effrontée dans leur façon de faire leur travail. Mais si on prend le temps de regarder ce qui se passe au Québec, c'est la guerre entre nationalistes et fédéralistes.
J'ai écrit à Arcan, Maréchal et a d'autres pour dénoncer leur ton, attitude, irrespect envers ceux qui sont pour l'indépendance du Québec. Seulement le comportement de Mme Dussault à 24/60 est un exemple non seulement d'un manque d'éthique, cela va plus loin c'est carrément des prises de positions politiques, de la partisannerie, des informations rendues au public avec plein de sous entendus pour dénigrer les partisans souverainistes. Aucune radio, aucun poste de télévision ne parle pour la nation Québécois toutes ont été infiltrées par la pensée de PET. Tous les médias sauf quelques journalistes ont encore une certaine liberté de parole, la plupart ont perdu leur jugement. Les Marcotte, Ravary, Marissal, Dubuc, Lagacé, Arcan, Facal, Hébert, Boisvert, Dumont et non le moindre Lapierre sont sur les heures de grandes écoutes à déblatérer et a salir tout ce qui est PQ. Lapierre a été nommé à quelques reprises à la commission par Arsenault, rien, rien j'ai demandé à Arcan de lui en siffler mot, personne en a parlé alors qu'on a fait tout un plat avec l'affaire de Mme Zakaïb et le soi-disant " deal " de Mr Blanchette.
Je pense bien que d'ici la prochaine élection les couteaux voleront bas, très bas, un gouvernement majoritaire va sans doute donner des maux de ventre à plusieurs.
Archives de Vigile Répondre
31 janvier 2014Que dire de la juge Charbonneau qui a un devoir de neutralité et qui dit à M. Arsenault qu'elle le mélange avec Accurso.
Il me semble qu'il n'est accusé de rien contrairement au célèbre homme d'affaire.
Sans oublier Sonia lebel avec son petit air prétentieux d'enfant gâtée présidente de sa classe au secondaire.
J'aimerais enregistrer les conversations de ces 2 femmes durant 2 ans pour ensuite les étaler sur la place publique. Je suis certain qu'on en entendrait des vertes et des pas mûres connaissant les avocats.
Il ne faut pas non plus oublier qui a choisi la juge Charbonneau pour la mettre à la tête de cette commission ;-)
Marcel Haché Répondre
31 janvier 2014Manque de vécu de la procureure et de la commissaire.
Au cours de son témoignage, Michel Arsenault a donné une remarquable leçon de politique 101.Il pourrait faire un excellent commissaire dans n’importe laquelle commission, alors que la commissaire Charbonneau n’aurait pas tenu trois jours à la direction de la F.T.Q. dans les conditions héritées par Michel Arsenault.
La procureure Lebel ? Une désolation.
Voilà ce qui arrive à des commissaires et des procureures qui, pour comprendre, s’en remettent aux « écoutes » de policiers qui n’ont rien compris, rien compris à ces choses qui s’appellent la politique et le pouvoir du « vrai monde » comme le disait Michel Arsenault dans son témoignage.
Mis à part les enfants et la procureure, qui va croire qu’il suffit d’appeler la police pour que les problèmes disparaissent. Il arrive parfois, au contraire, que les policiers sont à la source des problèmes, et cela aux plus hauts échelons…
Marie Mance Vallée Répondre
31 janvier 2014Bien décrit, bien dit et merci M. Godin !
Robert Bertrand Répondre
31 janvier 2014L'avocate (la procureure) de la Commission, Madame Lebel, a fait un travail de «bouffon du roi» à cette Commission, selon moi.
Qui d'autre a été traité de cette façon malgré les preuves que cette Commission avaient en main et qu'elle a démontrées en leurs présences.
Quel est l'agenda caché de cette Commission ?
La perte de 40 milliards et les primes de départ et les primes aux rendements, c'était un dû pour les vrais tricheurs, les vrais malfaiteurs du bien public.
En comparaison, ce ne sont que quelques milliers de dollars. Sachant leurs salaires, c'était pratiquement une juste compensation pour le travail réalisé qu'ont été leurs voyages et/ou tours sur le bateau.
Sans crainte, on a le devoir de remercier Monsieur Arsenault pour le travail accompli dans de telles circonstances.
François Ricard Répondre
31 janvier 2014Le temps est maintenant venu au gouvernement Marois d'agir.
Il siège sur cette commission un commissaire fantôme que nous n'avons jamais vu, que nous ne voyons jamais. Quel rôle joue-t-il? Quelle influence exerce-t-il? Écoute-t-il seulement les débats?
Il faut que le gouvernement remplace ce personnage fantôme par une personne de chair et d'os qui pourra questionner les témoins, entendre tous les témoignages et faire valoir son point dans le rapport final. Il en va de la crédibilité ultime de la commission.