L'Appel citoyen du 20 mai 2010 et Cap sur l'Indépendance

L’heure est venue de revenir à l’essentiel

Tribune libre

En passant en revue les textes de la section « il y a un an » de la tribune libre de Vigie, je suis tombé sur l’envoi du 12 juin 2010 de M. Raymond Poulin “ L’appel citoyen du 20 mai – programme d’État et programmes des partis : deux choses différentes. ”
J’y répondais à M. Poulin en écrivant :
“ Monsieur Poulin
Merci pour ce texte clair, d’une grande rigueur et qui m’incite à faire connaître ma position face à l’Appel citoyen du 20 mai.
Mon implication dans le collectif du 5 mai me fut inspirée par les interventions de plusieurs participants à la tribune libre de Vigile qui, depuis quelques mois, nous répétaient que les citoyens devaient se réapproprier l’idée d’indépendance en réalisant qu’elle ne se ferait que s’ils s’en occupaient.
Ma première intervention à ce sujet fut une « Lettre à Monsieur Le Hir » le 25 avril. Par la suite, je suis intervenu à quelques reprises pour répondre à d’autres intervenants dont monsieur Barberis-Gervais, qui aujourd’hui affirme que ma situation, par rapport à l’Appel citoyen du 20 mai, est fausse ou ambiguë.
Ceux qui me connaissent bien savent que je n’ai jamais été un partisan de l’étapisme et que les référendums, à moins qu’il s’agisse d’une élection référendaire, m’inspirent encore moins confiance. Cependant, malgré la position plus ou moins claire du collectif du 5 mai concernant cette question, et malgré les critiques de certains d’entre nous concernant sa forme, par solidarité avec le collectif, j’ai accepté de le signer et le présenter sur Vigile, me rendant ainsi à la volonté de la majorité des ses participants.
Chacun de nous, en tant qu’individu et citoyen, avons nos conceptions de ce qu’est la liberté d’expression et sommes en droit d’adhérer collectivement ou individuellement aux propositions qui nous sont faites à l’occasion du lancement d’un appel comme celui que nous avons lancé le 20 mai dernier.
Aujourd’hui, il m’apparaît nécessaire de revenir sur les éléments qui me semblaient (et me semblent toujours) essentiels quant au désir qu’est celui des indépendantistes dont je suis, de vouloir faire « le pays). Ainsi sera clarifiée, je l’espère, ma position par rapport au collectif du 5 mai.
“Pour nous citoyens, que signifie : « Les citoyens doivent se réapproprier l’idée d’indépendance en réalisant qu’elle ne se fera que s’ils s’en occupent »
Les citoyens, c’est nous tous.
Le « Ils » n’existe qu’en tant que la somme du je, tu, il. C’est tous ensemble que nous sommes les citoyens. Personne n’est au-dessus des citoyens parce que chacun de nous formons la nation. On nous a habitués à penser que les politiciens que nous élisons devraient bien faire les choses parce que le sachant mieux que nous. Or ce qui convient, c’est ce que nous, citoyens qui formons la nation et qui en sommes l’autorité démocratique suprême, voulons que soit cette nation. Nous ne devrions jamais oublier que même si nous laissons tout pouvoir au parlement, nous ne devons jamais renoncer au nôtre. En nous laissant endormir par la partisanerie et les idées de gauche / droite / centre /centre-ci /centre-ça / rouges / bleus / vert / etc., nous avons tendance à oublier qui nous sommes et à abandonner nos droits aux mains d’individus qui, comme nous, ne sont pas infaillibles et ont parfois tendance à s’arroger des privilèges que nous ne leur avons jamais consentis.
L’heure est venue de revenir à l’essentiel, c’est-à-dire à la raison même de notre existence en tant que peuple et nation, et de définir les bases de notre devenir en prenant conscience de ce que nous sommes et des droits que sont les nôtres.
Ainsi, nous devrions tous être d’accord pour reconnaître que nous sommes une nation et admettre :
1- La réalité du territoire national du Québec, actuellement appelé la « Province de Québec ».
2- L’autorité démocratique suprême du peuple québécois, que collectivement nous sommes, nous rendant ainsi souverains sur notre territoire national.
3- La primauté de cette autorité démocratique sur notre territoire national du Québec.
4- L’irréductibilité du territoire national du Québec : le Québec étant indivisible et devant géographiquement demeurer tel qu’il est.
Les gouvernements sont élus par le peuple, c’est-à-dire par nous, et si nous avons le sentiment qu’ils ne respectent pas notre volonté démocratique, nous sommes en droit d’exiger d’eux des changements d’orientation ou d’en mettre un autre en place lors d’une prochaine élection.
Ainsi, dans le contexte actuel, compter sur un éventuel gouvernement pourrait vouloir dire que nous, le peuple souverain, conscient que nous sommes l’autorité démocratique suprême, réalisons qu’il est urgent d’unir nos forces afin d’élire un gouvernement indépendantiste qui aurait pour mandat de réunir une constituante, formée de tous les députés québécois ici même au Québec et a Ottawa, tous partis confondus, afin de rédiger la constitution qui garantirait nos droits, devoirs et privilèges, et qui règlerait les aspects légaux découlant de notre séparation d’avec le Canada, tout en s’assurant de la reconnaissance internationale du « Pays du Québec ».
Face aux divisions partisanes qui peuvent affaiblir le poids politique des forces indépendantistes, deux solutions s’offrent à nous quant à l’élection de ce gouvernement :
1- Soit l’appel à la mobilisation par l’union de nos forces citoyennes et politiques, pour la mise en place d’une coalition des tous les partis politiques souverainistes et la création d’un programme de gouvernement de coalition de souveraineté du peuple et de l’État Québécois.
2- Soit l’appel à la mobilisation citoyenne, afin d’assurer l’élection du parti indépendantiste le plus susceptible de répondre à notre désir de réaliser l’indépendance nationale du Québec.
Pour y arriver, nous devrons :
1- Diffuser un appel au peuple conduisant à la mobilisation générale afin de faire l’union de nos forces pour mettre en marche l’une au l’autre des deux approches suggérées.
2- Prendre individuellement conscience de nos responsabilités, dans l’esprit de la nation, à l’égard de notre droit à la souveraineté, en réalisant par quelles étapes nous devrons passer afin d’y parvenir.
Une démarche comme celle-ci fait appel à la maturité des personnes qui désirent s’y engager et à leur sens des responsabilités. Une nation ne peut devenir forte et autonome que si les individus qui la composent sont habités par un sentiment d’appartenance et se savent pris en considération. Autrement, le sentiment d’appartenance fait place au repli sur soi et au mépris de la chose politique. Il y a donc, de la part de ceux qui désirent participer à l’élaboration et à la mise en place d’un projet de pays comme celui que nous poursuivons depuis si longtemps, la nécessité de réfléchir en profondeur sur les différents points énumérés, en gardant toujours à l’esprit les principes fondamentaux qu’ils mettent en lumière et qui se retrouveraient exprimés, expliqués et revendiqués dans un appel à la nation. Après plus de trois semaines maintenant, je réalise que bien des aspects de l’appel du 20 mai sont l’objet de questionnements ou d’avis contraires. Tant mieux, ça nous démontre de façon probante que la démocratie est en marche et qu’un débat d’idées sur les questions qu’il soulève s’ensuit, ce qui ne peut que nous amener à mieux définir ou à mieux préciser notre pensée. Je ne suis ni juriste, ni sociologue, ni constitutionnaliste. Les points de droit ou les questions relatives à la légitimité de l’état canadien, tout autant que celle du gouvernement québécois, devront être mieux définis et à cet égard, les objections de monsieur Barberis-Gervais ne sont pas sans être d’un grand intérêt.
L’appel citoyen du 20 mai constitue une première tentative d’éveil pour y parvenir et, comme l’écrivait « Grand-papa » le 11 juin en réponse à monsieur Barberis-Gervais : [… il faut bien commencer quelque part…].
Je ne renie donc en aucune façon ni ma signature, ni ma participation à l’appel du 20 mai, mais en même temps, je ne rejetterai aucune option qui irait dans un sens différent tout en me donnant le droit d’en juger et d’en discuter avec ses instigateurs. ”
Ce qui me frappe en lisant mon commentaire, c’est de constater que tout ce que nous souhaitions voir se réaliser en lançant cet appel est plus que jamais d’actualité. À ce titre, le collectif « Cap sus l’Indépendance » me semble tout à fait correspondre à la ligne de pensée que je développais dans ma réponse à M. Poulin ; ligne de pensée découlant du travail que le groupe que nous avions mené à terme par l’appel citoyen du 20 mai et que M. Poulin résumait entre autre dans son commentaire en écrivant :
“ Par conséquent, la proposition s’adresse à tous les citoyens qui veulent s’y joindre parce qu’ils veulent avant toute chose leur État national, peu importe qu’ils soient de gauche, de droite, du centre ou de la tangente. Le jeu politique partisan s’y poursuivra après la naissance de cet État, pas avant, ce qui permettra aux citoyens de s’être d’abord prononcés exclusivement , pour la première fois, sur LA question fondamentale, réponse qui ne pourra être récusée ou mise en doute par aucune autre entité étatique ni aucune entité supra-nationale. Le peuple souverain se sera choisi lui-même comme autorité suprême de l’État et aura chargé tous les partis d’une seule mission : assurer la naissance de cet État. Après, libre à chacun de reprendre ses billes. ”
Je continue à croire que seule une interpellation unifiée et résolument non partisane de tous les Québécois pour l’indépendance de notre nation pourra nous la procurer. La multiplication des partis politiques et les divisions partisanes ne nous mèneront qu’à la division et à l’attentisme. Le rêve d’un sauveur charismatique ne saurait que voiler notre manque de conviction individuelle et de courage. La récente démission de quatre députés du parti Québécois devrait, plutôt que de donner lieux à de savantes analyses ou de stériles critiques nous inspirer tout en nous donnant le goût de nous investir pour la naissance de l’État libre et démocratique du Québec. De même, les jugements mesquins et maladroits lancés contre M. Parizeau devraient nous faire réfléchir sur nous-mêmes et nous faire ressentir honte, ingratitude, embarras, déshonneur et infamie. On n’a pas le droit de traiter ainsi un géant de notre histoire qui est de ceux qui ont fait le Québec moderne et qui est resté fidèle à ses engagements contre vents et marrées. L’adage dit que le propre de la jeunesse est l’immaturité ; les « jeunes députés péquistes » (sic) devraient en méditer la vérité.
Claude G. Thompson


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