L'année 2006 de A à Z

Bonne Année 2007



A comme Avenue
Celle du Parc, bien sûr, qui deviendra sous peu Robert-Bourassa. On crie à l'assassinat urbanistique dans certains quartiers. La preuve qu'on a affaire à une violation insupportable des droits fondamentaux: voici Julius Grey qui arrive à la rescousse, pa-pa-pam, et qui laisse planer des menaces de recours judiciaires! Une cause célèbre de 2007, c'est assuré: qu'on se prépare à la Cour suprême!
B comme André Boisclair
On dira ce qu'on voudra sur son jugement (on le dit, d'ailleurs), le fait demeure: il devance tous les autres et, s'il y avait eu des élections cet automne, il serait premier ministre, même après sa visite au camping. Zip? Zap.
C comme Céline
À l'occasion des 25 ans de carrière de Céline Dion, un reportage d'Enjeux a tenté de nous faire croire que les " élites culturelles " du Québec snobent la superstar malgré son incroyable succès, ou plutôt justement à cause de son succès phénoménal. Variation sur le thème-cliché des " Québécois qui se mangent la laine sur le dos ". Comme tous les clichés, il suffit de le répéter, inutile d'en faire la démonstration. Or, le grand public québécois adore Céline Dion. Quant aux " élites culturelles ", ici comme ailleurs, elles sont souvent très critiques face à elle, comme elles le sont face à bien des stars de la culture pop. Et après? On peut trouver des critiques bien plus féroces de Céline Dion dans les grands médias américains. La vérité est donc à l'opposé de ce reportage à thèse, et c'est René Angélil qui l'a dite : quand les critiques viennent de Londres, de Paris ou de New York, ce n'est pas grave; mais quand ça vient de la maison, ça fait mal. Conclusion : il y a un endroit au monde où il n'est pas permis d'émettre une critique de Céline, et c'est le Québec.
D comme Dion et Dion
Jeune, Stéphane Dion était indépendantiste. Son père, le politologue Léon Dion, l'a converti aux vertus du fédéralisme. L'étonnant de l'affaire est que l'élève Stéphane a dépassé de loin la foi du maître Léon, un fédéraliste conditionnel, voire sceptique. Mais on le sait maintenant : avec Stéphane Dion, on n'est jamais au bout de nos étonnements.
E comme évasion fiscale
Quelle est la différence entre l'évasion et l'évitement fiscal? L'évitement, c'est quand l'avocat dit que c'est légal. L'évasion, c'est quand l'avocat se fait arrêter l'année suivante en revenant des Bahamas. Au fond, bien souvent, c'est Caïmans pareil.
F comme Jim Flaherty
Le ministre fédéral des Finances s'est attaqué aux fiducies de revenus. Avec un peu de rééquilibrage fiscal, avec quelques mesures originales, comme une attaque contre les paradis fiscaux, tiens, il pourrait faire mentir tous ceux qui prédisent la fin du gouvernement conservateur avec le prochain budget.
G comme grippe aviaire
A-t-on enfermé tous les canards pour une des grandes disparues de 2006 ou pour une retardataire? Hu-hum.
H comme Harper
Élu malgré le vote des grandes villes, il ne sera qu'une surprise politique anecdotique s'il ne finit pas par y trouver le centre.
I comme indifférence
Dans cinq ans, quelqu'un écrira un livre pour dire qu'il y avait un génocide en Afrique, au Darfour, et qu'on n'est pas intervenu. Et on dira qu'il a bien raison, et il y aura des films là-dessus. Si par impossible on intervient, rapidement, il s'en trouvera pour dire qu'il ne faut pas faire la guerre, mais uniquement bâtir des écoles, une chose plus canadienne.
K comme kidnapping
D'après son conjoint, dès le 14 décembre, une semaine avant d'être arrêtée, Myriam Bédard savait qu'elle était recherchée par la police. Ils ont continué d'utiliser leur carte de crédit " même pour payer les muffins ", preuve irréfutable selon Nima Mazhari qu'ils ne se cachaient pas. Un conseil à tous les parents : si on vous recherche pour enlèvement d'un de vos enfants, prenez donc le téléphone au lieu de la carte de crédit, c'est encore plus direct pour joindre la police.
L commeBernard Landry
Il a démissionné de mauvaise grâce. Il observe, consterné, son successeur. Il trouve qu'il est (tellement) le meilleur. Il n'attend que son heure...
M comme mafia
Deux parrains dans une année, c'est un événement : Vito Rizzuto, le Parrain II, est en prison à New York depuis le mois d'août. Son père Nick, le Parrain I, est en prison à Montréal depuis un mois. À quand le Parrain III?
N commeMario Dumont
Que voulez-vous, le M et le D étaient déjà pris. Voilà bien son problème : il va finir par tomber d'entre les deux chaises où il se cramponne. Mais soyons original et disons une chose gentille à son sujet : en éducation, après cette histoire folle de " bons d'éducation " aux dernières élections, l'ADQ a raison de remettre en question l'existence des commissions scolaires, de la bureaucratie de l'Éducation et, bien sûr, du très fumeux " renouveau pédagogique ", cette réforme qui n'ose plus dire son nom et qui veut niveler par le bas pour tirer les statistiques vers le haut.
O comme Orford
Opération gouvernementale mal fagotée, improvisée, dénonciations outrées, exagérées, dans six mois l'affaire est réglée, oubliée.
P comme Pinochet
Il est mort sans être jugé, mais il est mort inculpé. Son histoire judiciaire, aussi chaotique soit-elle, est celle d'une évolution lente mais certaine de la longue lutte contre l'impunité. Amnistié officiellement en 1978 pour toute l'opération qui l'a porté au pouvoir, le dictateur chilien a été accusé en 1998 par un juge espagnol; on lui a accordé l'immunité au Chili en 2000; les Anglais l'ont assigné à résidence, jusqu'à ce qu'il soit déclaré " dément léger " et libéré, puis envoyé en résidence surveillée encore en 2004 au Chili, puis libéré de toute poursuite en 2005, puis arrêté encore une fois le 27 novembre, deux semaines avant de mourir, à 90 ans.
Q commeQuébec solidaire
Le parti de gauche a été fondé cette année, il a eu son congrès cet automne, il a des idées sur le salaire minimum et les impôts, il a même une chef, Françoise David, mais elle s'appelle " porte-parole ". Ils appellent cela de la collégialité : personne n'est au-dessus des autres dans le parti. Je suis plutôt d'avis que cet égalitarisme facétieux est du pur niaisage idéologique.
R comme raisonnable
L'accommodement raisonnable, n'était-ce pas le grand thème de l'année sociale? Par un détournement de sens où se conjuguent malhonnêteté et ignorance, on en a fait une chose détestable, voire dangereuse. On en est au point où chaque bêtise multiculturelle est dénoncée comme un exemple d'accommodement raisonnable. Comme le sapin de Noël transformé en arbre du solstice à Toronto. Ou les fenêtres du YMCA. Ça n'a rien à voir avec l'accommodement raisonnable. C'est quoi, alors, l'accommodement raisonnable? C'est un concept issu du droit du travail, qui crée une obligation aux employeurs d'accommoder leurs employés " différents ". Notamment les handicapés. Les tribunaux ont étendu cette notion aux minorités religieuses. Ça ne leur donne pas tous les droits, mais ça oblige à trouver une façon d'aménager les horaires de travail ou les tâches pour permettre à cette personne de conserver son emploi ou d'avoir accès à un service. À condition que ça n'entraîne pas de coûts importants, à condition que cela puisse se faire sans trop de complications. Bref, à condition que cet accommodement soit... raisonnable.
S comme suicide assisté
Deux Marielle Houle. L'une, à Montréal, aide son fils, atteint de sclérose en plaques, à se suicider; l'autre, à Sherbrooke, est malade et demande à son mari de lui enlever la vie. Deux gestes d'amour désespérés. Aucune peine de prison dans les deux cas. Un jury les aurait peut-être acquittés s'ils avaient eu la force de traverser cette épreuve, comme cela avait été le cas dans les causes d'avortement de Henry Morgentaler, dans les années 1970. Le droit criminel à ce chapitre est mûr pour une mise à jour, sans quoi nous irons encore de drame pathétique en accusation en condamnation pour des crimes qui pourraient ne pas en être.
T comme terrorisme
Cinq ans après le 11 septembre, son ombre plane. On ne connaît pas encore la preuve contre les 17 hommes de la région de Toronto accusés en juin d'avoir planifié la destruction d'édifices publics importants en Ontario. Mais le Canada n'est pas à l'abri.
U comme uranium
Comme bombe. La Corée, bientôt l'Iran, dont le président fait planer des menaces génocidaires sur Israël. Qui, demain? Cette planète n'est pas menacée que par le réchauffement.
V comme viaduc
On ne sait pas précisément pourquoi ce viaduc-là s'est effondré : Pierre Marc Johnson nous le dira. On sait par contre que nos infrastructures sont une énorme dette cachée, et qu'on aime qu'elle le soit - comme celle qu'on va léguer à nos enfants.
W comme WilliamJefferson Clinton
Il est venu deux fois à Montréal cette année. Malgré toute la mise en scène, il reste une puissante voix d'espoir pour améliorer ce monde. Et de formidables moyens pour le faire un peu.
X comme croix
Je parle de celle que les meilleurs experts faisaient sur le Canadien. L'équipe avait autant de chances de faire les séries que Stéphane Dion d'être chef du PLC! En toute logique, si le Canadien gagne la Coupe, Dion sera premier ministre.
Y comme dansMuhammad Yunus
Il était docteur en économie et enseignait au Colorado. En 1971, il a décidé de délaisser la théorie pour retourner au Bangladesh, son pays d'origine, afin d'y implanter le " microcrédit ". Près de 7 millions de tout petits entrepreneurs ont bénéficié de tout petits prêts. Il a réinventé la lutte contre la pauvreté, en dehors des couloirs politiques de l'aide internationale.
Z comme Zidane
Il a tellement d'intelligence dans les pieds qu'on lui pardonne d'en avoir manqué côté tête, un certain soir d'été.
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yves.boisvert@lapresse.ca


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