L'ancien DG du PLC-Q Benoit Corbeil plaide coupable

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Photo: Martin Chamberland, La Presse Caroline Touzin - Benoit Corbeil n'aura pas droit aux feux de la rampe une deuxième fois. Un des témoins les plus percutants de la commission Gomery en 2005, qui a été inculpé trois ans plus tard de fraude, complot pour fraude et trafic d'influence, a plutôt choisi ce matin de plaider coupable à deux des trois chefs d'accusations.
M. Corbeil a reconnu sa culpabilité aux chefs de fraude et de trafic d'influence. Le troisième chef de complot a fait l'objet d'un arrêt conditionnel. «Pour lui c'est un soulagement. Ça fait longtemps qu'il traîne ce boulet-là à son pied. C'est une délivrance et il met ça entre les mains de la justice», a souligné son avocat, Me Michel Grenier, à sa sortie de la salle d'audience du palais de justice de Montréal. M. Corbeil, lui, n'a pas fait de commentaire. Benoit Corbeil évite ainsi un procès sur ces infractions qui n'ont rien à voir avec la gestion du programme des commandites, a précisé la Couronne. La fraude a été faite au détriment du Parti libéral du Canada, section Québec. Toutefois, la Gendarmerie royale du Canada, qui a mené l'enquête, a eu la puce à l'oreille sur les agissements de Benoît Corbeil en enquêtant sur le programme des commandites.
Au moment de commettre ces infractions, Benoît Corbeil occupait le poste de coordonnateur régionale du Parti libéral du Canada section Québec et ensuite le poste de directeur général du PLC (Q) de 1999 à 2001. Corbeil travaillait étroitement dans le comité des finances du Parti avec Giuseppe Morselli, collaborateur principal d'Alphonso Gagliano (ministre responsable du programme des commandites).
Au printemps 1997, M. Corbeil a reçu une somme de 50 000$ en argent comptant d'une entreprise de Saint-Jean-sur-Richelieu pour tenter d'influencer le gouvernement du Canada. À l'époque, le propriétaire de la carrière Bernier, Réal Ouimet, tentait depuis des années d'acheter les terrains propriété du fédéral, voisins de sa carrière pour agrandir celle-ci. M. Corbeil lui a offert son aide pour faire progresser le dossier, en échange de cette somme, commettant ainsi l'infraction de trafic d'influence.
À la demande de M. Corbeil, c'est Alain Renaud - témoin clé du scandale des commandites - qui est allé chercher l'argent dans une enveloppe chez M. Ouimet. Il l'a ensuite remis en main propre à M. Corbeil. Après ce paiement, le propriétaire de la carrière n'a reçu aucune nouvelle de M. Corbeil, a spécifié la Couronne. «On n'a pas la preuve que M. Corbeil a empoché les 50 000$», a indiqué la procureure de la poursuite, Me Josée Fontaine. M. Ouimet est aujourd'hui décédé, mais la carrière Bernier est toujours en activité.
La seconde infraction est une fraude de 117 317$ commise au détriment du PLC (Q). La Cie Art Tellier - propriété de Benoît Renaud, frère d'Alain Renaud - a fait six fausses factures à M. Corbeil. Ce dernier, l'un des seuls signataires du compte du PLC (Q), émettait ensuite des chèques à l'entreprise de Giussepe Morselli, Buffet Trio. Encore une fois, la Couronne ne sait pas qui a conservé cet argent. «Nous n'avons pas pu faire la preuve que M. Corbeil s'était approprié cet argent», a expliqué Me Fontaine.
La défense entend faire la preuve sur sentence que M. Corbeil ne s'est pas enrichi en commettant cette fraude à l'exception d'un «montant minime», a dit Me Grenier à la juge Suzanne Coupal. Les représentations sur sentence auront lieu le 10 septembre. La défense plaidera pour une peine à purger dans la communauté, alors que la Couronne demandera une peine d'emprisonnement ferme. Les peines maximales sont de 14 ans pour la fraude et de cinq ans pour le trafic d'influence.
En mai 2005, Benoit Corbeil avait connu son heure de gloire en multipliant les déclarations fracassantes devant le juge Gomery. Il avait alors dénoncé un système de récompense d'avocats qui, en échange de services au Parti libéral, étaient promus juge. Il avait éclaboussé 11 personnes, dont des attachés de presse alors en poste à Ottawa, en affirmant qu'il leur avait remis 50 000$ en argent comptant que lui avait donnés le publicitaire Jean Brault.
Selon M. Corbeil, toute une organisation parallèle, composée d'une armée de faux bénévoles payés par de l'argent occulte, permettait au Parti libéral du Canada de mener rondement ses campagnes électorales.
En novembre 2005, le juge Gomery, dans son premier rapport, avait descendu son témoignage en flammes: «Je suis parvenu à la conclusion que M. Corbeil est un témoin foncièrement menteur et que rien de ce qu'il dit ne contient la moindre parcelle de vérité.»
Avec Karim Benessaieh


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